Notre Dame de Paris

Notre-Dame de Paris, Gothic style, 1163-1345

Par Zuffe — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=78061649

 » Puisse le sourire de le Bonne Vierge continuer à veiller sur les hommes et sur ceux qui n’y croient pas. S’il venait à s’effacer, qu’aurait-on à offrir en remplacement ? Des grimaces de ouistitis sur le parvis. « 

Sylvain Tesson/ Notre Dame de Paris / Ô reine de douleur, après l’incendie du 15 Avril 2019.

Le 8 décembre marque la fête de l’Immaculée Conception.

La célébration de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie – située dans les premiers jours de la nouvelle année liturgique et du temps de l’Avent – nous rappelle la destinée unique de cette femme juive, choisie par Dieu. Pour la foi chrétienne, Marie est indissociable de l’enfant qu’elle a porté, Jésus, en qui s’est totalement manifesté le Dieu vivant. Elle est appelée, depuis le concile d’Éphèse (431), « Mère de Dieu ». Selon la tradition catholique, depuis le dogme promulgué par le pape Pie IX, le 8 décembre 1854, elle est déclarée préservée du péché originel dès sa naissance.

Pourquoi un dogme ?

Un dogme est une vérité de foi solennellement proclamée par le Pape pour être accueillie par l’Église. Ainsi, le 8 décembre 1854, dans la Bulle Ineffabilis Deus, le pape Pie IX déclarait : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles ».

En d’autres termes, pour accueillir le Fils de Dieu, Marie ne pouvait avoir en son coeur aucune trace d’hésitation ou de refus. Dieu avait besoin que le don de son amour rencontre une foi parfaitement pure, une âme sans péché. Seule la grâce (le don gratuit de Dieu) pouvait ainsi la préparer, et elle en est comblée (Évangile selon saint Luc, chapitre 1). Comme un fruit anticipé du pardon offert par Jésus sur la croix, Marie (qui a été conçue normalement, par l’union de son père et de sa mère) est immaculée, pure de tout péché, et préservée de cette séparation d’avec Dieu qui marque l’homme dès le début de son existence, le péché originel.

« Pour la plupart des gens, « l’immaculée conception » voudrait dire que Marie est devenue mère, a conçu Jésus, par l’action de l’Esprit Saint, sans relation conjugale. Comme si la relation conjugale était, par elle-même, un péché. Ce n’est pas du tout ce que dit la foi chrétienne. Si le mariage était un péché, il ne pourrait être un sacrement […] rappelle Mgr Jacques Perrier, évêque émérite de Tarbes et Lourdes. » Que voulait dire Pie IX ? Que fête l’Église catholique le 8 décembre ? Ceci :

Marie, dès l’origine, a été totalement étrangère au péché. C’est pourquoi, dans toutes les apparitions, elle se montre toujours merveilleusement belle, rayonnante de lumière et de bonté.

Lourdes et l’Immaculée

Les apparitions de Lourdes ont eu lieu quatre ans après la proclamation solennelle du dogme de l’Immaculée Conception par le pape Pie IX. Le 25 mars 1858, dans la grotte humide et sombre de Massabielle, Marie converse familièrement avec Bernadette qui l’interroge ; elle lui dit son nom : « Je suis l’Immaculée Conception ».

Notre Dame de Coromoto / Venezuela / 1652

Notre Dame de Coromoto est le nom donné à la Vierge Marie lors de son apparition à un indigène du Venezuela en 1652. C’est une figure catholique du continent américain. Le culte de la Vierge de Coromoto est particulièrement répandu au Venezuela, nation dont elle est la patronne.

Quand la ville de Guanare, capitale de l’état de Portuguesa, fut fondée en 1591, les natifs qui habitaient dans la région, les Cospes, fuirent vers la forêt au nord de la ville pour échapper aux conquistadores, rendant difficile l’évangélisation que ces derniers avaient entrepris. La tradition place la première apparition de Marie le 8 septembre 1652, dans la forêt où s’étaient enfuis les Indiens. Elle aurait dit au cacique des Cospes, l’indien Coromoto, et à sa femme : « Vous allez à la maison des blancs et vous leur demandez qu’ils vous donnent l’eau sur la tête pour pouvoir aller au ciel », c’est-à-dire pour se faire baptiser.

Selon la tradition orale, le cacique raconta tout à son encomendero, don Juan Sánchez ; celui-ci lui demanda de se préparer avec sa tribu pour recevoir le baptême huit jours plus tard. Des Indiens Cospes se convertirent et se firent baptiser, mais pas le cacique qui fuit. La légende place à ce moment la seconde apparition de Marie : Coromoto, rendu aveugle par la colère, aurait levé le bras pour la saisir, mais elle aurait disparu. La tradition veut que l’apparition se soit matérialisée dans une marque faite de fibres d’arbre qui se trouve aujourd’hui dans le sanctuaire national de Notre-Dame de Coromoto. Dans le conte, Coromoto est mordu par un serpent venimeux ; blessé et sur le point de mourir, il revient à Guanare et y reçoit le baptême que lui administre un barinais. Guéri, il consacre ensuite le reste de sa vie à l’évangélisation des Cospes qui s’étaient, sous son commandement, opposés aux conquérants.

Statue de Notre Dame de Coromoto
Par Guillermo Ramos Flamerich — Travail personnel, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1464821

Le pape Pie XII déclara en 1950 Notre-Dame de Coromoto patronne du Venezuela. Le pape Jean-Paul II couronna la statue lors de sa visite au sanctuaire marial de Guanare et le pape Benoît XVI éleva le sanctuaire national de Notre-Dame de Coromoto au rang de basilique mineure.

Sanctuaire de Notre Dame de Coromoto

Notre Dame d’Aparecida (Brésil)

Notre-Dame d’Aparecida est une statue de la Vierge Mariesainte patronne du Brésil. Son sanctuaire se situe à Aparecida, dans l’État de São Paulo, et sa fête est célébrée tous les ans le 12 octobre. L’histoire de la découverte de la statue de Notre-Dame d’Aparecida est contée par deux sources que l’on trouve dans les archives de la curie métropolitaine d’Aparecida (antérieures à 1743) et dans les archives romaines de la compagnie de Jésus, à Rome.

Notre Dame d’Aparecida

Son histoire débute au milieu de l’année 1717, quand arriva à Guaratinguetá la nouvelle que le comte d’Assumar, Pedro de Almeida e Portugal, gouverneur de la capitainerie de São Paulo e Minas de Ouro d’alors, allait passer voir la population sur le chemin de Vila Rica(actuelle ville d’Ouro Preto) à Minas Gerais. Désirant lui rendre hommage en lui offrant leur meilleure pêche, les pêcheurs Domingos Garcia, Filipe Pedroso et João Alves lancèrent leurs filets dans le rio Paraíba do Sul. Après plusieurs tentatives infructueuses, en descendant le cours du fleuve et il arrivèrent à Porto Itaguaçu le 12 octobre. Sans grand espoir, João Alves lança alors son filet dans les eaux et ramena le corps d’une statue de la vierge Marie sans tête. Une nouvelle tentative permit de ramener la tête. Les pêcheurs enveloppèrent alors l’objet trouvé dans un drap et, encouragés par l’événement, lancèrent à nouveau les filets avec tant de succès qu’ils obtinrent une pêche abondante.

Pendant quinze ans, la statue resta chez Felipe Pedroso, où les personnes du voisinage se réunissaient pour prier. La dévotion pour cette statue croissait parmi le peuple de la région et beaucoup de choses furent obtenues par ceux qui priaient face à elle. La renommée des pouvoirs extraordinaires de la statue de la Vierge se répandit dans toutes les régions du Brésil. La famille Pedroso construisit alors un oratoire qui se révéla vite trop petit. Vers 1734, le chapelain de Guaratinguetá construisit une chapelle sur le sommet du morro dos Coqueiros, ouverte à la visite à partir du 26 juillet 1745. Devant l’augmentation du nombre de fidèles, une nouvelle église fut mise en construction en 1834, l’actuelle vieille basilique (basílica velha en portugais).

Le 6 novembre 1888, la princesse Isabelle visita pour la seconde fois l’église et fit don à la sainte d’une couronne d’or incrustée de diamants et de Rubis ainsi que d’un manteau bleu. En 1894 un groupe de prêtres et de moines rédemptoristes arriva à Aparecida pour organiser l’accueil des pèlerins venant aux pieds de la statue pour prier la Vierge « sortie des eaux ». Le 8 septembre 1904, la statue fut solennellement couronnée par José Camargo Barros. Le 29 avril 1908, l’église reçut le titre de basilique mineure. Vingt ans plus tard, le 17 décembre 1928, la localité qui s’était développée autour du morro dos Coqueiros devint une municipalité indépendante. En 1929, Notre-Dame d’Aparecida fut proclamée « Reine du Brésil » et Sainte Patronne officielle du pays par le pape Pie XI.

Statue de Notre dame d’Aparecida
Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=181631

Appel de la Vierge à sainte Marguerite Bourgeois 1620/1700. France

Alors qu’elle a 20 ans, sainte Marguerite Bourgeoys (née à Troyes en France le 17 avril 1620 et décédée le 12 janvier 1700 à Ville-Marie au Québec) est appelée par la Vierge au cours d’une procession, le jour de la fête du Rosaire.

Durant 13 ans, elle fait l’école aux enfants pauvres ; ressentant un appel à la mission, son vœu est confirmé lorsqu’elle entend la vierge lui dire : «  je ne t’abandonnerai pas ».

Elle s’embarque pour le Canada, construit une chapelle dédiée à notre Dame de bon secours, ouvre une école, revient en France chercher 7 jeunes filles et fonde en 1658 la congrégation notre Dame de Montréal qui se charge de l’éducation religieuse des jeunes filles et d’un système d’action sociale. 

Par Pierre le Ber — Domaine public

Rome, 12 Avril 1947, la Vierge de la Révélation. ( Italie)

Il haïssait l’Église et le Pape jusqu’au jour où la Vierge Marie lui apparut dans la grotte des Trois Fontaines à Rome, en avril 1947.

Le 12 avril 1947, Bruno Cornacchiola, un père de famille italien anti-catholique, aurait vu Notre-Dame avec ses trois enfants dans une grotte près de Rome, qui se présenta à eux comme la Vierge de la Révélation.

Bruno Cornacchiola

La Vierge de la Révélation est l’appellation par laquelle l’Église catholique vénère la Vierge Marie, suivant des apparitions survenues à partir du 12 avril 1947 à Bruno Cornacchiola, près de l’abbaye de Tre Fontane, dans le sud de Rome. Les apparitions n’ont pas fait l’objet d’une reconnaissance officielle par l’Église, mais en 1956, le papePie XII a autorisé la construction d’un sanctuaire et le culte à la Vierge de la Révélation a été autorisé. Elle leur demanda de prier beaucoup, et annonça notamment qu’elle avait été épargnée de la corruption après la mort, ce qui aurait déterminé la décision de Pie XII de proclamer son assomption comme un dogme. Un sanctuaire a été construit en 1956 et le culte à la Vierge de la Révélation est autorisé depuis 1987.

Dix ans avant…

Le 12 avril 1937, dix ans avant les apparitions à Bruno Cornacchiola, Luigina Sinapi (1916-1978), aurait vu la Vierge Marie dans la grotte des Tre Fontane. Elle lui aurait annoncé que dans dix ans elle apparaîtrait ici à un anticatholique et qu’il se convertirait. Elle lui annonça aussi l’élection du cardinal Pacelli, futur Pie XII, sur la chaire pontificale.

Luigina Sinapi est née le 8 septembre 1916 à Itri dans le Latium. Dès son plus jeune âge, elle bénéficie de grâces spéciales : l’Enfant-Jésus se manifeste à elle. Voulant en avoir le coeur net, sa maman se rend avec elle chez Padre Pio qui confirme l’origine céleste des phénomènes. Cette première rencontre avec Padre Pio sera suivie de nombreuses autres. La maman de Luigina mourut à l’âge de 44 ans. Dès lors, Luigina se sent responsable de ses frères et de sa soeur, la gardienne de son père et de sa grand-mère. Elle n’avait que seize ans. Elle entre alors dans la voie douloureuse et hérissée d’obstacles qui s’ouvre devant elle, mais qui sera pourtant parsemée de faveurs divines. Deux ans plus tard, Luigina se trouve à Rome, placée chez des oncles. Dans la ville éternelle, les humiliations ne lui sont pas épargnées… Parlant de sa soeur, Pierre déclare: « Gina avait un don singulier: elle prévoyait et pressentait les événements. On ne pouvait rien lui cacher. Elle savait tout à notre sujet. Son regard doux et pénétrant fixait son interlocuteur et c’était comme si elle lisait dans un livre ouvert… ».

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Luigina Sinapi

Le voyant : Bruno Cornacchiola

Bruno Cornacchiola (9 mai1913 – 22 juin 2001), après avoir été marié, participa à la guerre d’Espagne comme volontaire, parmi les Républicains. Il devint protestant, après avoir été convaincu par un militaire allemand luthérien. Dès lors, il projette de tuer le pape, afin de « libérer le monde d’un tyran ». Fanatique anticatholique, il bat sa femme Iolanda (1909-1976), qui, elle, est très pieuse. Elle réalisera plusieurs neuvaines pour obtenir la conversion de son mari. Après l’avoir supplié à genoux, elle obtiendra de Bruno qu’il suive la dévotion des neuf vendredis, consacrés au Sacré-Cœur de Jésus.

L’histoire

Le 12 avril 1947, il se retire avec ses trois enfants – Gianfranco (4 ans), Carlo (7 ans) et Isola (10 ans) – dans le lieu-dit des Tre Fontane, situé en dehors de la ville de Rome, que la tradition chrétienne désigne comme le lieu de la décapitation de l’apôtre Paul, vers l’an 67. Pendant que les enfants jouent à la balle, Bruno Cornacchiola prépare une conférence où il combat l’idée de l’Immaculée Conception et de l’Assomption de la Vierge Marie.

Alors que ses enfants l’appellent pour retrouver la balle qu’ils viennent de perdre, Bruno retrouve Gianfranco, à genoux, les mains jointes et en extase devant une grotte naturelle. Il répète : « La belle dame ! la belle dame ! » Appelant ses autres enfants, Gianfranco et Isola tombent eux aussi en extase. Bruno tente de les déplacer mais il n’y parvient pas. Selon son propre témoignage, on aurait dit du plomb. Il s’engouffre dans la grotte pour voir cette dame, mais il ne voit rien.

Soudain, il aurait vu deux mains blanches se poser sur ses yeux, et après une vive douleur, il perdit la vue pendant quelques instants. C’est alors qu’il vit une jeune femme, vêtue d’une tunique blanche, d’un long voile vert recouvrant ses cheveux noirs et serrant contre elle la bible. Par terre, il y a un drap noir déchiré et une croix cassée. Dès lors, la dame se serait adressée à Bruno :

L’entrée du sanctuaire
Grotte du sanctuaire aux Tre Fontane
Par Fczarnowski — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=24487847

« Je suis celle qui est dans la divine Trinité. Je suis la Vierge de la Révélation. Tu me persécutes ; arrête maintenant ! Entre dans le troupeau élu, cour céleste sur la terre. La promesse de Dieu est, et reste immuable : les neuf vendredis du Sacré-Cœur que tu as observés pour faire plaisir à ta fidèle épouse avant de suivre le chemin de l’erreur t’ont sauvé ! »

Pour lui montrer la preuve que cette apparition ne venait pas de son imagination, elle aurait poursuivi en lui indiquant, en détail, sa rencontre avec deux prêtres, qui l’aideraient dans sa conversion. Quelques jours plus tard, tout se passa comme la Dame lui avait dit, et il se lia d’amitié avec Don Sfoggia et Don Frosi.

Puis elle lui aurait dit :

 « Tu te rendras ensuite chez le Saint-Père, le Pasteur suprême de la chrétienté, et tu lui remettras personnellement mon message. Quelqu’un que je t’indiquerai, te conduira chez le pape. Parmi ceux qui t’entendront raconter cette vision, il y en aura qui ne te croiront pas, mais ne te laisse pas décourager. Qu’on prie beaucoup et qu’on récite le rosaire quotidien pour la conversion des pécheurs, des incrédules et pour l’unité des chrétiens. Les Ave Maria que vous dites avec foi et amour sont autant de flèches d’or qui rejoignent le Cœur de Jésus« 

La Vierge de la Révélation

Après l’apparition, Bruno et ses enfants se recueillirent. Rentrés à la maison, il expliqua tout à sa femme et il lui demanda pardon de l’avoir frappé par le passé. Dès lors, il ne fut plus jamais violent et il devint un catholique convaincu. Le 12 avril 1948, il fonda l’Association des Ardents du Christ Roi Immortel, pour la propagation de la spiritualité et des messages données par la « Vierge de la Révélation ». Malgré tout, Bruno Cornacchiola continue son métier de conducteur de tramway et vivra très simplement jusqu’à sa mort, offrant peu d’apparitions publiques.

Entré par hasard en contact avec la sœur du pape, c’est le 9 décembre 1949 que Bruno rencontra le pape Pie XII, à qui il remit, en pleurant, le poignard avec lequel il avait voulu le tuer. Il lui transmit le message que la Dame lui avait confié :« Mon corps ne s’est pas corrompu, car il ne pouvait se corrompre. Mon divin Fils et les anges sont venus à ma rencontre à l’heure de ma mort.« 

Un an plus tard, le 1er novembre 1950Pie XII proclamera le dogme de l’Assomption de Marie. Bruno Cornacchiola rencontrera par la suite le pape Paul VI et le pape J.Paul II.

Le miracle du soleil de Fatima se reproduit

Le 12 avril 1980, pour le 33eanniversaire de l’apparition, plusieurs milliers de personnes réunies aux Tre Fontane assistèrent à un « miracle du soleil ». L’astre se serait mis en mouvement et le ciel serait devenu bleu, violet puis rose.

Le 23 février 1982, la Dame apparut à nouveau Bruno et lui demanda la construction d’un sanctuaire. Elle lui aurait dit : « Viendront y prier les assoiffés, les égarés. Ils y trouveront l’amour, la compréhension, la consolation : le vrai sens de la vie. Ici, dans cet endroit de la grotte où je suis apparue plusieurs fois, ce sera le sanctuaire de l’expiation, comme si c’était le purgatoire sur la Terre. Il y aura une porte au nom significatif de porte de la Paix. Tous devront entrer par cette porte. »

Comme Ida Peerdeman à Amsterdam, Bruno Cornacchiola bénéficie de visions prophétiques.

Tout au long de sa vie, Bruno Cornacchiola aurait eu des songes et des visions prophétiques. On retrouva dans ses notes personnelles l’annonce de la tragédie de Superga (1949), la guerre du Kippour (1973), l’assassinat d’Aldo Moro (1978), l’attentat contre Jean-Paul II (1981), la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (1986) ou encore les attentats du 11 septembre 2001.

En 1956, Pie XII autorise la construction du sanctuaire aux Tre Fontane et bénit la statue de la Vierge qui y sera placée.

En 1987, le culte est autorisé par le Saint-Siège à la Vierge de la Révélation. Le vicaire général du pape pour le diocèse de Rome est envoyé au sanctuaire où il célèbre la messe. Dix ans plus tard, en 1997, Jean-Paul II décrète le nom du sanctuaire comme : Notre-Dame du Troisième Millénaire aux Trois Fontaines.

En juin 2017, le diocèse de Rome ouvre la cause en béatification et canonisation du serviteur de Dieu Bruno Cornacchiola.

La Madone des larmes

Syracuse (Siracusa en Italien, Sarausa en sicilien) est une ville italienne d’environ 123 000 habitants située sur la côte, dans le sud-est de la Sicile. Syracuse est fondée au VIIIe siècle av. J.-C. par des colons grecs venant de Corinthe. Elle est aujourd’hui la principale ville de la province de SyracuseCicéron l’a présentée comme la plus grande et la plus belle des villes grecques. Depuis 2005, son centre historique fait partie du patrimoine mondial de l’humanité établi par l’Unesco.

Lacrimations d’une image du Cœur immaculé de Marie du 29 août au 1er septembre 1953 à Syracuse, en Sicile. ( Italie)

La ville de Syracuse
Par cc-by-2.0, Attribution, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23148161

Vierge des Larmes (italien : Madonna delle Lacrime) est le vocable sous lequel est invoquée la Vierge Marie, telle que ce serait manifestée à Syracuse, en SicileItalie, en 1953. Une effigie représentant le Cœur immaculé de Marie aurait été l’objet de lacrimations à plusieurs reprises. Des analyses auraient démontré que ces larmes seraient de type humain.

La statuette de la Sainte Vierge des Larmes, conservée dans la basilique-sanctuaire du même nom à Syracuse.
Par Hein56didden — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=33346997

Les lacrimations seraient advenues à Syracuse du 29 août au 1er septembre 1953, au numéro 11 de la Via degli orti di San Giorgio, foyer de deux jeunes époux : Angelo Iannuso et Antonina Lucia Giusto. Celle-ci, dans l’attente de son premier fils, avait eu une grossesse difficile, lui causant une baisse de la vue.

Vers les trois heures du matin du 29 août, elle perdit entièrement la vue, avant de la retrouver vers huit heures, moment où elle s’aperçut que des larmes coulaient d’une effigie pieuse posée au-dessus du lit, représentant le Cœur immaculé de Marie. Cette statuette de plâtre (23 cm × 28 cm), était un cadeau de mariage, qu’ils avaient célébré le 21 mars de cette même année.

La statuette originale de la Vierge des Larmes 
Par rie yoshida — Travail personnel, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40565863

L’image de la Vierge portant un scapulaire du  » sacré coeur », reproduit la vision d’Estelle Faguette, le 19 Février 1976, lors des apparitions de Notre Dame de Pellevoisin, en France.

D’après leurs déclarations, les lacrimations se répétèrent 58 fois et la nouvelle se répandit rapidement dans Syracuse, au point que de nombreux fidèles, curieux et malades vinrent se presser dans cette maison de quartier populaire.

Don Giuseppe Bruno, prêtre responsable de la paroisse, reçut l’autorisation de ses supérieurs de soumettre ces évènements à une expertise scientifique. Le 1er septembre, la commission préleva un centimètre cube de liquide qui sortait des yeux de la Madone; après analyses, l’origine du liquide est estimé de ‘type humain’.

Après un examen du cadre, le phénomène fut déclaré inexplicable sans toutefois écarter certaines possibilités de manipulations. En effet Luigi Garlaschelli, membre du Cicap (Comitato italiano per il controllo delle affermazioni sul paranormale) reproduisit le « miracle » à partir d’une copie de la statue en matériel poreux imbibée d’un liquide salin.

Le cardinal Ernesto Ruffini reconnaît les faits comme authentiques après une enquête canonique, et un imposant sanctuaire fut construit et consacré par Jean-Paul II en 1994.

Le sanctuaire de la Vierge des Larmes à Syracuse.
Gio la Gamb, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=53670384

Notre Dame d’Akita, au Japon, est une apparition reconnue, où la statue de la vierge, reproduisant l’image de la Dame de tous les peuples a Amsterdam, pleure abondamment et donne à voir un phénomène de sudation impressionnant.

Notre Dame de Knock, reine d’Irlande

L’histoire

Dans la soirée du 21 août 1879, la femme de ménage de la cure de Knock est surprise de voir sur sur le pignon sud de l’église communale de Knock, une mystérieuse lumière. Dans cette lumière se trouvaient trois personnages debout devant le mur : la Sainte Vierge, saint Joseph et saint Jean.  Patrick Hill un voisin, a vu également des anges. Les témoins voient aussi un «autel » sur lequel se tenait un «agneau » derrière lequel une croix était plantée. Cette apparition a été vue par 15 personnes, de tous âges. Cette apparition de la Vierge est la toute première manifestation mariale en Irlande.

La Vierge était en silence à Knock parce que, peut-être, était-elle en train d’écouter ? Saint-Joseph ne parle pas. Il est l’homme du silence. Saint Jean apparaît sous les traits d’un évêque. Il est le prédicateur officiel et c’est ainsi que les gens simples le virent. Ils étaient impressionnés par la force qui émanait de lui.  Il tenait un livre dans ses mains. Si vous voulez trouver le message de Knock, peut-être devrez vous ouvrir l’Apocalypse.  Dans ce dernier livre de la Bible, se trouve le mystère de « l’Agneau de cinq ou six semaines, qui a été vu à Knock. 

Jean Paul II s’y rend en 1979

Une enquête diocésaine commencée en 1879 rend un verdict positif en 1880, confirmé par une nouvelle enquête en 1936. Le curé, Monsignor James Horan, fait construire un nouveau sanctuaire en 1967 ; la nouvelle église est consacrée par le cardinal Conway en 1976 ; le pape Jean-Paul II s’y rend, pour célébrer le centenaire de l’apparition, en 1979, et érige le sanctuaire en basilique.

Our Lady of Knock Basilica, Co Mayo, Éire
Par MaxPride — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4082252

Knock est aujourd’hui un des hauts lieux de pèlerinage catholique en Irlande.

Knock est considéré comme le Lourdes irlandais. Contrairement à d’autres authentiques apparitions reconnues par l’Église, celle de Knock est restée totalement muette. Marie n’y a donné aucun message*, sinon de par la vision elle-même, l’importance de l’eucharistie. Le pèlerinage personnel du pape Jean-Paul II en 1979 a inspiré une dévotion encore plus grande pour le lieu saint. Mère Thérésa de Calcutta a visité le lieu saint en juin 1993 et 1 million et demi de pèlerins s’y rendent chaque année. Le site est ouvert toute l’année.

Notre Dame de Knock

A Pontmain, en France, La vierge est également restée muette mais un message écrit s’est néanmoins inscrit dans le ciel, à côté de l’apparition.

Knock Shrine, Ireland
By Paul Cowan – https://www.flickr.com/photos/paultcowan/210379562, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1997915

The Sanctuary of Our Lady of Knock, usually named only as the Knock Shrine (IrishCnoc Mhuire, « Hill of Mary » or « Mary’s Hill »), is a Roman Catholic pilgrimage site and National Shrine in the village of Knock, County Mayo, Ireland, where observers stated that there was an apparition of the Blessed Virgin MarySaint JosephSaint John the Evangelistangels, and Jesus Christ (the Lamb of God) in 1879.

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Une représentation de la vision : La Vierge, saint Joseph, saint Jean et l’agneau ( Jésus)

Article tiré du site  » Notre histoire avec Marie »

Aller à Jésus par Marie

Louis Grignion est né le 31 janvier 1673 à Montfort-sur-Meu, petit village à l’ouest de Rennes. Grand missionnaire apostolique, il sillonne l’Ouest de la France et enseigne comment aller « à Jésus par Marie », grâce à une consécration qui entraîne à vivre par Marie, en Marie et avec Marie, dans un cœur-à-cœur intime qui nous conduit très sûrement au Christ. Il meurt le 28 avril 1716 en pleine mission à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée). Il n’avait que 43 ans et 16 ans de sacerdoce. En 2016 fut célébré le tricentenaire de sa mort. 

Le nouveau-né de la famille Grignion est baptisé le 1er févier 1673 sous le prénom de Louis, en souvenir de saint Louis, roi de France. Plus tard, à l’occasion de sa confirmation, il souhaite ajouter le nom de Marie au sien, pour marquer déjà sa grande dévotion à la Vierge Marie. Puis il ajoute à Louis-Marie le nom du lieu de son baptême pour en marquer l’importance dans sa vie chrétienne. 

Après sa formation au séminaire Saint-Sulpice à Paris,
 Louis-Marie Grignion de Montfort est ordonné prêtre le 5 juin 1700. Il est initié à la mission à Nantes puis à Poitiers auprès des mendiants et petites gens. Son objectif est d’annoncer la Bonne Nouvelle et renouveler l’esprit du christianisme chez les chrétiens. Doué d’un zèle apostolique rare et d’un caractère entier, le Père de Montfort n’accepte pas les demi-mesures, et s’engage de toute son âme. Sa vie entière, il se met en priorité au service des plus défavorisés qu’il identifie à Jésus. Un soir à Dinan, portant sur son dos un miséreux couvert de lèpre trouvé sur son chemin, il frappe à la porte de la maison des missionnaires en criant : « Ouvrez à Jésus-Christ ! » L’homme défiguré par sa triste maladie, dormira dans le lit de Louis-Marie. On le surnommait ainsi « le bon Père de Montfort » à cause de son souci des pauvres.  

« Dieu seul » est sa devise. C’est un homme de Dieu qui nourrit sa vie spirituelle de silence et de prières. Il se retire parfois dans des ermitages, comme celui de Mervent (Vendée). C’est là qu’il prépare ses prédications, écrit ses cantiques et ouvrages de spiritualité. Il contemple les mystères du Salut et les trois Personnes de la sainte Trinité sont chez lui sujets d’une réflexion théologique profonde et aboutie. Pour lui, Jésus-Christ, sagesse éternelle et incarnée, doit être cherché, connu, et aimé par-dessus tout. L’aimer veut dire l’imiter et porter la croix sans rougir : uni à la croix, ils deviennent inséparables. « La croix est la sagesse et la sagesse est la croix », souligne le Père de Montfort.  

Dès son enfance, Louis-Marie a une grande dévotion envers la Vierge Marie. 

Il invite sa sœur à prier le rosaire avec lui. Par la Vierge Marie, il découvre le chemin le plus aisé, court et sûr pour aller à Jésus et demeurer fidèle aux promesses du baptême. C’est ainsi qu’il propose aux fidèles la consécration à Jésus par les mains de Marie. « C’est par la très Sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et c’est aussi par elle qu’il doit régner dans le monde. »(Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge n°1) Pour aller à Jésus-Christ, il faut trouver Marie. 

Le Père de Montfort souligne que la finalité de toutes nos dévotions est Jésus-Christ.« Si donc nous établissons la solide dévotion de la très Sainte Vierge, ce n’est que pour établir plus parfaitement celle de Jésus-Christ, ce n’est que pour donner un moyen aisé et assuré pour trouver Jésus-Christ. Si la dévotion à la Sainte Vierge éloignait de Jésus-Christ, il faudrait la rejeter comme une illusion du diable. Mais tant s’en faut ! Cette dévotion ne nous est nécessaire que pour trouver Jésus-Christ parfaitement, l’aimer tendrement et le servir fidèlement. »(Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge n°62)

Avant de mourir, le Père de Montfort passe le flambeau à quelques disciples,
hommes et femmes. Des congrégations religieuses naissent à sa suite : les « Filles de la Sagesse », la « Compagnie de Marie » (Missionnaires Montfortains), les « Frères de Saint-Gabriel » et les différents associés laïcs. 

Louis-Marie Grignion de Montfort est béatifié le 22 janvier 1888
 à Rome par le pape Léon XIII et canonisé le 20 juillet 1947 à Rome par le pape Pie XII.  

Aujourd’hui, beaucoup se consacrent à Jésus-Christ par Marie
 selon la méthode du saint. L’un des plus illustres est sans conteste le pape Jean-Paul II dont la devise Totus tuus (« Je suis tout à toi, ô Jésus en Marie ») est empruntée au Père de Montfort.

« Si donc nous établissons la solide dévotion de la très Sainte Vierge, ce n’est que pour établir plus parfaitement celle de Jésus-Christ, ce n’est que pour donner un moyen aisé et assuré pour trouver Jésus-Christ. Si la dévotion à la Sainte Vierge éloignait de Jésus-Christ, il faudrait la rejeter comme une illusion du diable. Mais tant s’en faut ! Cette dévotion ne nous est nécessaire que pour trouver Jésus-Christ parfaitement, l’aimer tendrement et le servir fidèlement. »(Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge n°62)

Prière à la « Sainte Vierge Marie » de Saint Louis Marie Grignon de Montfort ;

Tiré de site-catholique.fr

Voici la version courte de « l’acte de consécration à la Très Sainte Vierge Marie » de Saint Louis Marie Grignion de Montfort (1673-1716), grand apôtre de Marie et Fondateur des Montfortains (ou Compagnie de Marie) et des Filles de la Sagesse.

« Je vous choisis, aujourd’hui, ô Marie, en présence de toute la Cour Céleste, pour ma Mère et ma Reine. Je vous livre et consacre, en toute soumission et amour, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m’appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande Gloire de Dieu, dans le temps et l’éternité. Amen. »

d’après le site le Carmel en France

I – La vierge Marie et le Carmel

Tout ce qui porte le mot Carmel (ou l’un de ses dérivés), en patronymie, toponymie ou dans d’autres domaines, a un lien, proche ou distant, avec le mont Carmel, une montagne d’Israël, en bord de Méditerranée, souvent mentionnée dans l’Ancien Testament.

L’ordre du Carmel est un ordre religieux catholique contemplatif. Ses membres sont appelés carmes (pour les hommes) et carmélites (pour les femmes). Leur père spirituel est le prophète Élie. Fondé par des ermites sur le mont Carmel en Palestine à la fin du XIIe siècle, les premiers Carmes quittent leurs ermitages au début du XIIIe siècle pour se réfugier en Europe. Après bien des tribulations, l’ordre érémitique se transforme en ordre monastique. Il connaît de nombreuses réformes dont la plus marquante est la réforme instituée par Thérèse d’Avila au XVIe siècle.

Blason de l’ordre du Carmel
Fontana, Giacomo — http://www.cedoc.mo.it/estense/img/insegne/html/02210.html, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8326559

L’Ordre du Carmel est composé de trois branches :

Frères carmes
mons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10787278

Au XVIe siècle en Espagne, Thérèse de Jésus (d’Avila) et Jean de la Croix initient un renouveau qui aboutit à la séparation entre les nouveaux frères dits déchaussés (Ordre des Carmes Déchaux : o.c.d.) et ceux qui poursuivent l’« antique observance » (Ordre des Carmes : o. carm.).

Le Carmel s’est senti appelé dès ses origines à vivre une relation privilégiée avec la Vierge Marie.

Les Carmes eurent très vite l’intime conviction qu’il faut appartenir à Marie pour appartenir pleinement au Christ. Le Carmel va ainsi sans cesse associer le service de Marie à celui de Jésus, la consécration à Marie à la consécration au Christ réalisée par le baptême.

En vivant cette consécration à Marie dans l’Église, le Carmel va témoigner de la grâce que représente la consécration volontaire au service de la Mère du Sauveur pour vivre en vérité sa vie chrétienne. Nous pouvons découvrir à travers son histoire comment il n’a pas cessé d’approfondir la conscience qu’il avait de cette mission mariale. Nous nous laisserons enseigner ainsi le sens et la portée de la consécration à Marie pour notre marche à la suite de Jésus.

Notre dame du mont Carmel et sa protection sur l’Ordre,
Tableau de Tommaso de Vigilia ( XVème siècle)

II – Le patronage de Marie sur le Mont Carmel ( XIIè et XIII ème siècles)

La petite église construite par les ermites latins du Mont Carmel au milieu de leurs cellules fut dédiée à Marie. Pour comprendre l’importance symbolique de ce fait, il faut nous resituer dans le contexte religieux et sociologique du Moyen-âge. Nous sommes dans une société féodale dans laquelle le petit peuple était consacré au service d’un seigneur (institution du servage) pour bénéficier en échange de sa protection.

Cette réalité sociale est transposée dans le domaine religieux : placer une église sous le patronage d’un(e) saint(e), c’est pour ceux qui desservent cette église, se mettre au service de ce saint ou de cette sainte afin d’obtenir sa protection. Servir signifie rendre un culte et honorer ainsi celui ou celle dont on espère appui et secours dans les épreuves.

Lors des Croisades, toute la Terre Sainte est considérée comme le domaine du Seigneur Jésus, mais aussi de Marie, Dame de la Terre Sainte. Partir en croisade constitue alors un moyen éminent de vivre cette consécration au Christ Jésus, qui est celle de tout chrétien en raison de son baptême. La Règle du Carmel exprime ce propos dès les premières lignes : « vivre dans la dépendance de Jésus-Christ et le servir d’un cœur pur et d’une bonne conscience. » 

C’est dans ce contexte que nos ermites placent leur église sous le patronage direct de Marie, Mère de Jésus et Dame de la Terre Sainte. Ce faisant, ils choisissent de lui appartenir, de la servir, de lui rendre hommage afin de bénéficier de sa protection contre les puissances du mal et de pouvoir suivre fidèlement Jésus, leur Seigneur. Nous voulons souligner la force de cette appartenance à Marie. Il s’agit bien d’une consécration initiale à laquelle l’Ordre cherchera à être fidèle lorsque, ayant quitté la Terre Sainte et abandonné la petite église aux avatars des guerres et de l’usure du temps, il lutta pour obtenir d’être placé sous le patronage direct de celle qu’il désignera comme la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.

Pour le moment, il honore essentiellement en Marie, « la Mère de Jésus », celle par qui le Fils de Dieu a pu recevoir une existence humaine, par qui il a été élevé dans ce village de Nazareth situé à quelques vingt kilomètres du Mont Carmel.

Le Mont Carmel
Par Chadner — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4659486

Il contemple en elle la femme, qui dans la pureté de son cœur fut à l’écoute de la Parole de Dieu et sut consentir à sa mission de mère du Messie. Les Carmes appartiennent au grand mouvement spirituel du XIIe siècle caractérisé par une grande attention à la dimension humaine de la personne de Jésus. Le pèlerinage en Terre Sainte repose sur le désir de connaître les lieux où Jésus a vécu pour mettre presque physiquement ses pas dans les siens. Marie est profondément liée à cette histoire humaine de Jésus. Nul ne l’a connu mieux qu’elle et nul ne peut mieux qu’elle introduire le croyant dans la connaissance de Jésus afin qu’il discerne en lui le mystère de la Parole de Dieu, le Verbe éternel, qui a pris chair de la Vierge Marie, « la Mère de Jésus ».

III – La protection mariale lors du retour en Europe

Durant les décennies du XIIIe siècle au cours desquelles les Carmes reviennent en Europe par groupes successifs, ceux-ci sont confrontés à la difficile question de leur intégration dans l’Église d’Occident. En cette période d’intense effervescence religieuse où les Franciscains et les Dominicains se développent de manière spectaculaire, l’Église cherche à limiter le foisonnement des ordres religieux.

Le Concile de Latran de 1215 reconnaît les ordres de Saint François et de Saint Dominique et interdit la naissance de nouveaux ordres. Honorius III, en 1226, admet que l’existence des Carmes puisse être antérieure à 1215. Le Concile de Lyon de 1274 supprime 22 ordres religieux nés après 1215, mais sursoit à la suppression des Carmes et des Ermites de Saint Augustin.

Les Carmes, qui avaient prié la Vierge Marie pour leur sauvegarde, attribuent à sa protection cette décision tant espérée, qui fut votée le 17 juillet 1274. Ils retiennent cette date du 17 juillet pour célébrer la fête de Notre-Dame du Mont Carmel en signe de reconnaissance envers celle, qui les a ainsi préservés de la disparition. Ce ne sera en fait qu’en 1298 que le Pape Boniface VIII transformera le décret du Concile de Lyon concernant le Carmel en acte d’approbation définitive de l’existence de l’Ordre.

IV – Le signe du scapulaire

C’est dans le contexte de menace et d’incertitude antérieur à 1274 que saint Simon Stock, prieur général de l’Ordre, aurait reçu de la Vierge Marie le scapulaire en signe de sa protection sur l’Ordre. Sans pouvoir nous prononcer sur les origines exactes de ce fait, ni sur ses circonstances, nous pouvons seulement constater que l’Ordre va rapidement imposer aux religieux le port de cette pièce d’étoffe, puis l’introduire finalement comme partie intégrante de l’habit religieux lui-même. Compte tenu de l’importance symbolique de l’habit religieux au Moyen-âge, sa modification était un acte grave, qui engageait l’autorité de l’Église. L’existence de ce fait supposait donc une reconnaissance par l’Ordre entier de ce que le scapulaire avait été le signe d’une grâce mariale de première importance. Il sera appelé l’habit de la Vierge et signifiera la consécration à Marie de la même manière que l’habit religieux signifie la consécration au Christ.

Scapulaire de Notre Dame du mont Carmel
Par FERNANDES Gilbert — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49405062

À travers le port du scapulaire comme ‘habit de la Vierge’, les Carmes expriment donc leur appartenance à Marie, en qui ils reconnaissent tout particulièrement leur Mère. Ils ont en effet bénéficié de sa maternelle protection à l’heure du danger le plus extrême. Marie peut donc encore protéger ceux qui se consacrent à elle dans les moments les plus difficiles et spécialement à l’heure de la mort. Elle peut communiquer à ses enfants la grâce du salut accompli par son Fils : « Marie, notre Mère » en vue de la vie éternelle.

C’est pourquoi, par la suite, le port du scapulaire sera compris également comme une protection contre les peines de purification encourues après la mort en vue de la vision de Dieu : le vêtement de Marie habille de la sainteté du Christ ceux et celles qui ont ainsi exprimé leur confiance en la Miséricorde divine que Dieu a voulu faire rayonner sur le visage de Marie. Par la suite, le scapulaire du Carmel va jouer un rôle considérable pour développer dans l’esprit du peuple chrétien le sens et la valeur de la consécration à Marie et donc le désir de lui appartenir corps et âme pour mieux suivre le Christ.

V- Notre Dame du mont Carmel , fête patronale de l’ordre ( XIVème siècle)

Le choix de la fête patronale de l’Ordre constitue également un signe important de sa consécration à Marie. Sa date fut changeante durant les XIIIe et XIVe siècles et variable également selon les régions. Ce fut toujours pourtant une fête de la Vierge avec une prépondérance notable des fêtes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption de Marie. En 1374, à l’Université de Cambridge, les Carmes remportèrent une victoire importante dans un débat avec leurs opposants pour faire reconnaître le titre de ‘Frères de la Vierge’, qu’ils revendiquaient. Cet événement survenant tout juste cent ans après que le Concile de Lyon ait épargné l’Ordre, la coïncidence des dates n’a pas manqué de frapper les esprits.

Le Pape Urbain VI, en 1379, confirmait par ailleurs le titre « Ordre de la Bienheureuse Marie, Mère de Dieu, Notre-Dame du Mont Carmel », ainsi que celui de « Frères de la Bienheureuse Marie, Mère de Dieu, Notre-Dame du Mont Carmel 

Le pape Urbain VI
Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=150285

En reconnaissance pour tous ces bienfaits l’Ordre, en Angleterre d’abord puis sur le continent, décida de solenniser la fête de Notre-Dame du Mont Carmel. On y rattache également la célébration du don du scapulaire et de tous les bienfaits accordés par Marie à son Ordre. Lors de l’adoption de cette fête sur le continent, sa date fut déplacée au 16 juillet pour un motif que nous ignorons et elle devint la fête patronale de l’Ordre tout entier. Celui-ci retrouvait ainsi une expression de sa consécration initiale à Marie sur le Mont Carmel. En solennisant ainsi la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, l’Ordre veut célébrer en elle « la Reine et la Beauté du Carmel ». Plus que jamais servie et honorée, elle est objet de contemplation, de joie, d’émerveillement : elle resplendit de la Gloire de son Fils et attire à lui ses enfants. En raison de la diffusion de la dévotion au scapulaire du Carmel dans tout le peuple chrétien, cette fête devint extrêmement populaire, spécialement aux XVIeet XVIIe siècles.

VI – L’apport de Thérèse d’Avila ( XVIème siècle)

À la suite des fondateurs de l’Ordre, la Réformatrice du Carmel voit en Marie « la Mère et la Souveraine de l’Ordre comme modèle d’oraison et d’abnégation dans le pèlerinage de la foi, elle qui le cœur et l’esprit tendus pour accueillir et contempler la Parole de Dieu, …, s’unit dans l’amour, la souffrance et la joie au mystère pascal du Christ. » (Constitutions des Carmes Déchaux n°48) Avec son attention à la relation entre « Marie et la Sainte Humanité du Christ », elle apparaît comme une parfaite héritière de la tradition mariale de l’Ordre, mais elle lui donne une impulsion nouvelle.

Elle étend sa contemplation de la Sainte Humanité du Christ à l’ensemble de la Sainte Famille et associe Marie et Joseph dans un même culte. Elle voit en Saint Joseph l’humble serviteur du Christ et de sa Mère, un modèle de communion priante avec Jésus et le protecteur très prévoyant de l’Ordre. Elle place presque toutes ses fondations sous son patronage et se trouve ainsi à l’origine du culte de Saint Joseph dans l’Église.

saint Joseph, l’homme juste
Carmel de Terre Sainte

Elle met parallèlement en valeur l’enfance de Jésus, cette période cachée de la vie du Sauveur où il était soumis à Marie et à Joseph, grandissant en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes (cf. Lc.2,51s).

La dévotion à l’Enfant Jésus se diffuse ensuite à toute l’Europe au fur et à mesure que le Carmel réformé s’y implante. Le plus célèbre en France est l’Enfant Jésus vénéré au Carmel de Beaune, mais il fut surpassé en notoriété par le Saint Enfant Jésus de Prague, qui devint partout le porteur de la dévotion à l’Enfance de Jésus.

Le saint enfant Jésus de Prague
The original statue 19-inch (48 cm) high, wooden and coated wax statue of the Infant Jesus of Prague given by Princess Polyxena von Lobkowicz (1566–1642) to the Discalced Carmelites in 1628
Par Fotobanka ČTK, René Fluger; — http://www.pragjesu.info/image-infant-jesus-l.htm, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20428346

Cette contemplation de Jésus Enfant a pour but de nous aider à grandir dans la grâce de l’enfance spirituelle vécue par Jésus, en le suivant dans son obéissance confiante envers Marie et Joseph. Il s’agit d’accéder ainsi peu à peu à la confiance filiale envers Dieu reconnu comme le Père véritable de Jésus et notre Père. L’intuition sous-jacente à cette attitude spirituelle est que nous pouvons nous associer par la foi aux étapes de la croissance humaine de Jésus pour parvenir avec lui à la stature de l’homme parfait devant Dieu.

La Vierge Marie a su reconnaître dans la vie de son Fils la Parole que Dieu lui adressait et elle y a consenti jusqu’au bout. Notre consécration à Marie nous ouvre à cet accueil de la Parole de Dieu depuis sa conception dans le sein de la Vierge jusqu’à sa mort sur la Croix. La possibilité de cet accueil repose sur le lien profond existant entre « Marie et la Sainte Humanité du Christ. »

VII – L’expérience mariale de Marie de Sainte Thérèse ( XVII ème siècle)

Dans le cadre, non plus de la Réforme thérésienne, mais de la réforme dite de ‘Touraine’, qui eut lieu en France et demeura rattachée à la branche originelle du Carmel, nous rencontrons la figure de Marie Petyt (1623-1677).

Maria Petyt (1623-1677) (Marie de Sainte Thérèse) est une laïque du Tiers-Ordre carmélitain. Mystique flamande et écrivaine, ses écrits empreints de spiritualité mariale s’intègrent dans le cadre de la Réforme de Touraine du Carmel qui a eu lieu en France au xviie siècle.

Cette femme a une vie mystique profonde qu’elle vit dans le monde comme tertiaire du Carmel. Sa vie de prière est tout entière fondée sur sa consécration à Marie. Avant que Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716) ne répande en France la doctrine de la vraie dévotion à la Vierge, cette femme avait laissé un très beau témoignage sur son expérience d’une vie de communion avec le Christ vécue par Marie, avec Marie, en Marie et pour Marie.

La communion avec la Vierge Marie, tout entière habitée par l’Esprit du Christ, nous donne de vivre comme elle sous la conduite de l’Esprit Saint. Elle nous entraîne par sa prière et son exemple vers une pleine conformité au Christ et ainsi vers une totale conformité avec Dieu.

Louis-Marie Grignion de Montfort 

Louis Marie Grignion de Montfort est un prêtre catholique français, né le 31 janvier 1673 à Montfort-la-Cane (province de Bretagne) et mort le 28 avril 1716 à Saint-Laurent-sur-Sèvre (province du Poitou).

Louis Marie Grignion de Montfort
le fondateur des frères St-Gabriel, accompagné d’un des premiers frères qu’il a formé.

Il est le fondateur de deux congrégations religieuses : la Compagnie de Marie (les Pères montfortains) d’où seront issus les Frères de Saint-Gabriel et une congrégation féminine : les Filles de la sagesse. Il est aussi le représentant majeur de la seconde génération de l’école française de spiritualité. Béatifié au XIXe siècle par Léon XIII, en 1888, il est canonisé au XXe siècle par Pie XII, en 1947. Liturgiquement, il est commémoré le 28 avril.

La vie mariale n’est pas une dévotion particulière, une réalité ajoutée à la vie intérieure. Elle consiste en une considération de plus en plus fréquente et habituelle des vertus de la Vierge à partir de l’Évangile. A l’exemple de Marie, nous apprenons ainsi comment nous laisser guider intérieurement par les mouvements de la grâce. Marie est ainsi à la fois modèle et maîtresse de vie spirituelle.

L’amour pour Saint Joseph prend place dans la communion profonde à la vie de Marie. Cet amour a pleinement habité le cœur de Marie dans son chemin d’union à Dieu. En effet seul l’amour peut nous unir à Dieu et l’amour de Marie pour Joseph a pleinement fait partie de ce chemin. Dans la communion aux sentiments de Marie dans son union à Dieu, nous faisons place à l’amour qu’elle avait pour Joseph en vénérant à notre tour la personne de son époux.

La prière à Saint Joseph trouve ainsi sa juste place en ce qu’elle nous introduit dans cet amour commun, qui unissait Marie et Joseph dans le service et l’amour de Jésus. Plus cette communion avec Marie, l’épouse de Joseph, s’approfondit, plus elle conduit à la communion avec Dieu dans le Christ Jésus que Marie et Joseph ont aimé et servi dans la foi.

VIII – Le renouveau opéré par Thérèse de Lisieux ( XIXème siècle)

Une carmélite va renouveler de manière prophétique la spiritualité mariale dans l’Église. Elle avait bénéficié de la protection maternelle de Marie lors d’une maladie grave dans son enfance. Désirant suivre Jésus dans la solitude et le silence de la prière afin d’offrir sa vie pour l’Église et le salut des hommes, elle entre à l’âge de quinze ans dans l’Ordre de la Vierge. Tandis que la dévotion mariale de son époque plaçait la gloire de Marie à une hauteur inaccessible bien au-dessus des Saints et des Anges, Thérèse redécouvre combien Marie est humaine et proche de nous.

Statue de la Vierge du sourire à laquelle Thérèse attribua sa guérison

La nouveauté de la spiritualité mariale de Thérèse est qu’elle ne veut rien connaître d’autre sur Marie que ce que nous en disent les évangiles. Elle refuse toutes les extrapolations pieuses faites sur la base de suppositions et ne veut contempler Marie qu’à partir de l’Écriture : Marie a connu une vie toute simple, accomplissant les humbles travaux de sa vie familiale à Nazareth auprès de Joseph et de Jésus.

Elle a répondu dans l’obscurité de la foi aux appels de Dieu pour accomplir jusqu’au bout la mission qui lui était confiée. Elle est un modèle accessible pour tout disciple de Jésus, modèle de confiance et d’humilité, modèle de simplicité et d’espérance, modèle de charité active dans les taches de la vie quotidienne.

Thérèse redécouvre l’intimité des Carmes avec Marie à travers l’écoute silencieuse de la Parole de Dieu, qui constitua le cœur de la vie de celle-ci. « Marie, notre Sœur dans la foi », est non seulement la Sœur des ‘Frères de la Vierge’, mais aussi celle de tout chrétien désireux de marcher avec elle jusqu’au bout sur le chemin de la confiance et de l’amour à la suite du Christ.