Marie et le purgatoire

Dans plusieurs apparitions, Marie fait allusion au ciel, au purgatoire et à l’enfer. Elle emmène même avec elle, plusieurs fois, des voyantes, dans un voyage mystique où les visions de ces trois lieux leur provoquent félicité, crainte ou effroi. L’un des « points forts » du magistère de la Vierge est de rappeler ce que l’Eglise ne dit plus beaucoup :

Oui, le jugement qui suit directement la mort appelé « jugement particulier » par le Catéchisme, existe bien ; oui, ce jugement nous oblige, forcément, à veiller à l’état de la seule chose qui nous survit : l’âme ; oui, si nous ne veillons pas à tenir  » pure  » cette âme durant notre vie, nous perdrons toute vie sans même passer par le jugement, ou subirons une période de purification dans un lieu appelé  » Purgatoire ». Cet article tiré du site catholique  » Croire » nous en dit plus sur ce lieu  » mystérieux ».

Quel lieu appelle-t-on le purgatoire ?

« Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel », est-il écrit au § 1030.

« L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés », est-il précisé dans le paragraphe suivant pour éviter toute confusion avec l’enfer. Cette doctrine n’est pas reconnue par les protestants – les orthodoxes non plus mais ils pratiquent la prière pour les défunts.

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©Photo. R.M.N. / R.-G. OjŽda

Quand l’idée du purgatoire est-elle née ?

Si elle s’appuie sur une tradition ancienne autour de la prière pour les morts, le purgatoire naît vraiment durant le Moyen Âge, à la fin du XIIe siècle, selon l’historien Jacques Le Goff. Mais la définition de sa doctrine officielle par l’Église n’intervient que tardivement, aux XVe et XVIesiècles.

« L’Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence (en 1439) et de Trente (1545-1563) », indique le catéchisme. Mais si sa définition doctrinale est relativement récente, elle s’appuie sur la tradition du peuple juif, en particulier sur la pratique de la prière pour les défunts, évoquée notamment dans le deuxième Livre des Martyrs d’Israël (2 M 12, 46). « La prière pour les morts suppose qu’il y ait un temps intermédiaire, de l’ordre de la purification », assure le père Jean-Marc Bot, prêtre du diocèse de Versailles, auteur de plusieurs ouvrages sur les fins dernières.

Progressivement, en même temps que la doctrine s’affine, le purgatoire se « spatialise ». « On le situe souvent sous terre, comme une sorte de quasi-enfer, indique le père Jean-Marc Bot. Les représentations sont impressionnantes, angoissantes. Mais un écrivain génial, Dante, dans la Divine Comédie, opère une révolution de l’imaginaire du purgatoire, qui est comme la montagne de l’âme. Elle doit monter jusqu’au sommet pour décoller vers le paradis céleste. 

Comment définir l’expérience du purgatoire ?

Entre quasi-enfer et feu miséricordieux, les représentations du purgatoire ont beaucoup évolué dans l’histoire.

Loin de toutes représentations spectaculaires ou imagées, parfois portées par la piété populaire, le magistère reste concis. Certains mystiques ont livré une version moins théorique, comme sainte Catherine de Gênes. Recevant une connaissance particulière de cette expérience, elle l’a décrit, dans son Traité sur le purgatoire paru en 1551, comme « un feu non extérieur mais intérieur » sur le chemin de la pleine communion avec Dieu. L’idée se développe d’un lieu, car il est toujours difficile de se représenter une idée en dehors de l’espace-temps, où les âmes vivraient dans un état paradoxal entre souffrance et joie.

« Le regard du Christ, le battement de son cœur, nous guérissent grâce à une transformation assurément douloureuse, comme “ par le feu ”, écrivait Benoît XVI dans son encyclique Spe Salvi (§ 47) parue en novembre 2007. Cependant, c’est une heureuse souffrance, dans laquelle le saint pouvoir de son amour nous pénètre comme une flamme, nous permettant à la fin d’être totalement nous-mêmes et par là totalement de Dieu. »

Qui connaîtra cette expérience ?

Sans présumer des mystères de la vie après la mort, le purgatoire semble, comme le rappelle le pape émérite, devoir être l’étape obligée pour le plus grand nombre. « Je perçois le purgatoire comme le chef-d’œuvre de la miséricorde de Dieu, une grande espérance », témoigne le père Jean-Marc Bot. C’est le salon de beauté du Saint-Esprit. Je le définis aussi comme une expérience mystique de purification passive, car tout est clos et c’est Dieu qui agit pour ce qui reste à accomplir. » Cette purification s’impose par la vertigineuse distance entre l’homme et le Royaume des cieux dont parle Jésus, entre le pécheur et le divin. « Le purgatoire ne doit pas être associé à la peur d’un châtiment, mais au juste sens de la disproportion entre Dieu et nous », insiste le père Jean-Marc Bot.

Comment expliquer l’effacement du purgatoire ?

La doctrine du purgatoire, étape vers le paradis, connaît depuis au moins un siècle un effacement des consciences et des représentations, même chez les catholiques pratiquants.

« Le purgatoire est confronté à une éclipse certaine », reconnaît le père Jean-Marc Bot. Une quasi-disparation racontée dans un livre intitulé Le crépuscule du purgatoire (Armand Colin) par l’historien Guillaume Cuchet. Ce dernier lie l’effacement du purgatoire avec la Grande Guerre et ses millions de victimes, pour qui le purgatoire semblait une nouvelle souffrance inutile.

« Les fins dernières, même parmi les catholiques, ont été largement évacuées, poursuit le père Jean-Marc Bot, qui se fait fort de remettre paradisenfer et purgatoire au goût du jour. Concernant le purgatoire en particulier, il n’existe pas de référence biblique facile à utiliser pour l’expliquer. Il s’agit davantage d’une déduction et d’une compréhension des textes. »

Son effacement aurait tendance, selon lui, à faire « bon marché de la grâce » et à « résumer le christianisme à une morale moyenne et horizontale »,

……faisant fi de l’enjeu du premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence. » Or, « le salut n’est pas joué d’avance », assure-t-il, rappelant aussi que les âmes du purgatoire ont besoin de la prière des vivants. Dans un livre d’entretiens paru en 1985, le cardinal Joseph Ratzinger assurait même : « Si le purgatoire n’existait pas, il faudrait l’inventer . »

Un lieu dédié aux âmes du purgatoire : le sanctuaire de Notre Dame de Montligeon.

Bien moins connu que Lourdes ou Lisieux, le sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, à La Chapelle-Montligeon dans l’Orne, se présente comme un « centre mondial de prière pour les défunts ». « À Montligeon, nous prions pour les défunts, pour les âmes en purgatoire, afin que s’achève en eux l’œuvre de l’amour qui purifie », est-il expliqué sur le site Internet du sanctuaire situé dans le diocèse de Séez.

Le sanctuaire Notre-Dame de Montligeon propose également des temps de formation sur la foi lors de week-ends et de sessions. Les questions liées à la mort et à l’au-delà, à l’eschatologie chrétienne et à la vie éternelle y ont évidemment une place particulière.

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La basilique Notre-Dame de Montligeon, consacrée à « Notre-Dame Libératrice des âmes du Purgatoire », est une église de pèlerinage, centre d’un sanctuaire dédié à la prière pour les défunts. Elle est située à La Chapelle-Montligeon, petite commune de la région du Perche, dans le sud-est du département de l’Orne.

La création du centre de pèlerinage est due à l’initiative et à la détermination infatigable de l’abbé Paul Buguet, curé de La Chapelle-Montligeon de 1878 à son décès en 1918. Préoccupé par la nécessité de prier pour les âmes des défunts ainsi que par celle de revitaliser l’économie de son village, il fonda en 1884 l’« Œuvre expiatoire pour la délivrance des âmes du purgatoire » et fut encouragé dans son action par le pape Léon XIII duquel il reçut, pour cela, le titre de protonotaire apostolique. 

La basilique est un vaste édifice néo-gothique érigé de 1894 à 1911 par l’architecte Maître Tessier, qui rassemble nombre d’œuvres d’art (vitraux, mosaïques, statues). Ses vitraux, équipant tous les fenêtrages, sont réputés et possèdent la double particularité de constituer un panorama de l’art du verre de 1917 à 1971 et de n’aborder que le seul thème de l’Eschatologie et de la Communion des saints. Autour de la basilique s’étend un sanctuaire important comprenant notamment plusieurs bâtiments dédiés à ses diverses activités.

(1) Le purgatoire, Traverser le feu d’amour, Éditions de l’Emmanuel, 142 p., 9,90 €.

Allusion au purgatoire dans le livre  » La Vierge des Derniers Temps » du père Laurentin et de François-Michel Debroise. Salvator 2014.

L’abbé René Laurentin, né le 19 octobre 1917 à Tours (Indre-et-Loire) et mort le 10 septembre 2017, dans le 7e arrondissement de Paris, est un prêtre, théologien et exégète français, spécialiste notamment des apparitions mariales.

Le livre « La Vierge des Derniers Temps » de René Laurentin.

Dans ses écrits, Grignion de Montfort (1673-1716) prophétise la Vierge des derniers temps. Le siècle de Marie sera le prélude, selon lui, à un déluge du pur amour. Cette nouvelle pentecôte assurera le règne du Christ dans le coeur de tous les croyants et verra se lever les apôtres des derniers temps.