Commentaire de synthèse

Les personnes à qui Marie fait cadeau de sa visite ont des caractéristiques bien précises, aptes à satisfaire les exigences de la Vierge :

Pauvreté et humilité sont les deux conditions de base,

….puisque comme la Vierge l’a répété souvent : elles doivent être ses messagers, donc ne posséder aucune instruction ou orgueil qui fasse obstacle à cette transmission. Dieu ne l’a-t-il pas elle même choisie parce qu’elle faisait partie de ces « petits » qu’Il aime tant ?

La plupart affirmera n’avoir été que des instruments !

Dans leur très grande majorité, les voyants sont des enfants ou des pré-adolescents ; on suppose que c’est l’innocence des enfants que la Vierge recherche. Mais innocence n’est pas religiosité ; il n’est pas nécessaire qu’ils soient de grands assidus de la pratique religieuse ; d’ailleurs, un certain nombre d’entre eux n’aura pas une vie exemplaire et ne finira ni religieux, ni prêtre.

Les exemples de Lourdes et Fatima nous portaient à croire que les voyants ou voyantes étaient tous appelés à la sainteté ; ceci est une exception !

D’autres caractéristiques échappent  à notre compréhension : alors que l’Eglise compte beaucoup de grands papes et de grands saints, la grande majorité des voyants sont des voyantes. Dans notre étude, on ne compte que 7 hommes ou garçons pour 28 femmes et jeunes filles sur un total de 35 voyantes et voyants. Ces voyantes et voyants sont tous issus de milieux modestes, voire pauvres, et leur vie est souvent jalonnée de drames divers et variés : perte d’un parent, maladie, accident, handicaps divers.

La survenance de la Vierge dans leur vie accroit souvent leurs souffrances :

Vexations d’une partie du clergé, des médias, de la population, mépris et calomnie ; Ida Peerdeman admettra vivre un long calvaire de l’âme et du corps ; parce que, non seulement la Vierge bouscule leur vie, mais demande à certaines de souffrir et s’offrir en victime afin de « sauver les âmes des pécheurs » et participer, avec elle, à retenir le bras du Père, courroucé par la conduite des hommes.

Tout ceci les oblige à s’isoler jusqu’à vivre une profonde solitude ;

Certains perdent pied, à l’exemple des deux voyants de la Salette : Maximin Giraud et Mélanie Galvat. Luz Amparo Cuevas de L’Escorial perd son fils brutalement, est victime d’une  attaque qui la laisse presque morte et doit affronter de violentes oppositions. Un certain nombre a des visions : du ciel, du purgatoire, de l’enfer, des anges, de Jésus enfant et de son Père Joseph, de l’archange Gabriel….

Certaines visions sont de nature apocalyptique ou eschatologique

(concernant les fins dernières ou la fin du monde) Lucia dos Santos, une des voyantes de Fatima aura, après coup, le bénéfice d’une vision trinitaire connue sous le vocable de « la vision de Tuy ».

Ces visions ont parfois valeur de prédiction,

….comme le génocide qui se produira au Rwanda en 1994, ou les nombreux évènements annoncés par anticipation, par Marie, à Ida Peerdeman.

D’autres voyantes, un plus petit nombre encore, réalisent des voyages mystiques avec la Vierge, 

….comme Ida Peerdeman à Amsterdam et les jeunes filles de Kibeho ; et leur font ressentir des sensations de forte douleur ou de joie.

Certaines voient leur affection guérie

….comme Agnès Sasagawa à Akita et Maria Esperanza à Betania ;

La Vierge apparaît à des enfants ou des adolescents

….à l’exception de Katsuko Sasagawa (42 ans) Marie claire Mukangango, (21 ans) Gladys Quiroga de Motta (46 ans) et Luz Amparo Cuevas (50 ans)

Les voyants sont tous des voyantes à l’exception de Juan Diego Cuauhtlatoatzin, à Tepeyac, du petit François Marto (Fatima)

….qui mourra jeune, Albert Voisin à Beauraing, Maximin Giraud à La Salette, Eugène Barbedette et son frère, à Pontmain. 

L’âge des voyantes a une incidence sur le niveau de complexité des « messages » de la Vierge et du Christ et sur la durée des « phénomènes ».

La durée de la « relation avec la Vierge » ou des « phénomènes », la plus longue, est celle du Laus (54 ans), suivie par celle de Betania (50 ans) ; celles d’Amsterdam (14 ans / 30 ans avec les expériences eucharistiques) et de L’Escorial (22 ans) suivent. Viennent ensuite celles de Kibeho et de San Nicolas (8 ans chacune) et enfin celle d‘Akita (6 ans) 

En cas de multiplicité de voyantes ou voyants, l’un ou l’une  joue le rôle d’interlocuteur principal :

Lucia dos Santos pour Fatima, Andrée Degeimbre pour Beauraing, Jacqueline Aubry pour L’Île Bouchard, Alphonsine Mumureke pour Kibeho. 

Les voyantes et voyants sont issus de milieux reflétant leur époque 

Pauvres et ruraux au début, puis père ouvrier, employé de gare, marchand de tissus, pâtissier ; leurs parents ne sont pas forcément des pratiquants convaincus.

Beaucoup auront à souffrir de l’incrédulité face à leurs récits,

Des récits « dépassant l’imagination », y compris auprès de leur famille. Gilberte Degeimbre, dans sa vidéo, avoue que l’incrédulité de sa mère lui était « horrible ». 7 seulement étaient ou deviendront religieuses. D’autres se marieront et fonderont une famille ; certaines connaîtront des problèmes conjugaux et l’une ne sera même plus très pratiquante : avoir vu la vierge ne constitue pas la garantie d’une vie idéale, pas plus qu’elle ne préserve des maux de la vie.

Parmi toutes ces voyantes et voyants, quelques unes bénéficient de dons particuliers et vraiment extraordinaires,

….Certaines toutes jeunes, mais elles auront aussi beaucoup à souffrir, toute leur vie. Rappelons nous que la souffrance offerte en réparation des « âmes des pécheurs » est souvent rappelée par la vierge comme constitutive d’une grâce ; ce qui, bien sûr, confine à l’absurde pour le commun des mortels. Pour certaines, les apparitions les accompagneront plusieurs années  et certaines auront même la chance de recevoir des messages de Jésus ou de vivre des « expériences eucharistiques ».

Certaines de ces voyantes, souvent les mêmes, sont l’objet de manifestations sataniques.

Celles qui nous ont le plus impressionné sont : Benoite Rencurel, Catherine Labouré, Ida Peerdeman, et Maria Esperanza. Cette dernière connaîtra des expériences mystiques à 5 ans, des stigmates, des extases, des expériences de lévitation, de transfiguration, de bilocation avec le Padre Pio, émettra des prophéties, lira dans les cœurs, verra une hostie saigner…. 

Quatre voyantes « vraiment » extraordinaires

Parmi ces 35 voyantes et voyants, quatre cas, à côté de celui, très connu en France de Bernadette Soubirous (Lourdes), méritent vraiment notre attention : il s’agit de Benoite Rencurel (Apparition du Laus), de Catherine Labouré (rue du Bac à Paris), d’Ida Peerdeman à Amsterdam et de Maria Esperanza medrano de Bianchini, à Betania.

Une caractéristique commune les unit : l’apparition de la Vierge n’est pas pour elles un accident ; elles ont été véritablement « élues » toutes jeunes, à devenir et être, toute leur vie,  l’instrument des messages de la Mère de Dieu et parfois de son Fils dans une relation qui a duré des dizaines d’années (sauf pour Catherine Labouré). Difficile d’établir un classement parmi toutes les voyantes et voyants. Sans compter que Marie ne le partagerait sans doute pas ! 

Benoite Rencurel (Le Laus) 

Benoîte Rencurel (Saint-Étienne d’Avançon, 16 septembre 1647- 28 décembre 1718) messagère de la réconciliation. C’est dans un hameau des Alpes à Saint-Étienne-le-Laus, où quelques familles à peine vivaient au XVIIe siècle, que Benoîte Rencurel voit le jour le 16 septembre 1647. Elle sera baptisée le lendemain dans l’église paroissiale. La pauvreté des Rencurel devient une profonde misère à la mort du père de familleen 1654 ; Benoîte, alors âgée de sept ans, est chassée avec les siens du logis où elle avait passé ses premières années.

Benoite Rencurel

Elle doit bientôt gagner son pain comme gardienne de troupeaux. À partir de l’âge de douze ans, elle travaille chez deux maîtres : Jean Roland, cultivateur brutal que Benoîte convertit par sa douceur et Louis Astier, homme de bien. 

Avant de commencer à parcourir les montagnes avec ses troupeaux, elle avait demandé à sa mère un chapelet. Ne sachant ni lire ni écrire, elle prie à longueur de journées. Simple et pleine de vie, elle est proche des gens de son village et n’hésite pas à donner sa nourriture aux enfants plus pauvres qu’elle.

Mai 1664 : après avoir entendu une homélie de son curé, Benoîte ressent le profond désir de rencontrer la Mère de miséricorde.  Peu après, saint Maurice lui apparaît et lui annonce que son vœu sera exaucé. 


Le martyre de saint Maurice, tableau maniériste représentant le saint barbu
Par El Greco — Colecciones reales, Patrimonio Nacional de España., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2317311

À partir du lendemain, une « belle dame » lui apparaît quotidiennement pendant quatre mois au Vallon des fours, à proximité de Saint-Etienne. Puis, sur les indications de la Vierge, Benoite se rend au hameau du Laus tout proche et trouve une chapelle, la chapelle de Bon-Rencontre, grâce aux parfums qui s’en dégagent.

La Vierge confie à Benoîte la mission de faire construire une église et une maison pour les prêtres afin qu’ils reçoivent et confessent les pèlerins.  Benoîte remplit auprès d’eux son ministère d’accueil, de prière et de pénitence. Ayant reçu le don de pouvoir lire dans les consciences, elle éclaire leur démarche de conversion et les envoie vers les prêtres, émerveillés par la qualité des confessions. Les guérisons et les conversions sont très nombreuses.

Entièrement vouée à sa mission, Benoîte vient résider à plein temps au Laus en 1672.  Pendant 50 ans, Marie continue d’apparaître à Benoîte pour la soutenir dans son apostolat et poursuivre son éducation. Recouvrant la chapelle de Bon-Rencontre, l’église est édifiée entre 1666 et 1669. Le jour de sa bénédiction, Benoîte devient membre du tiers-ordre de saint Dominique, d’où le titre de « sœur Benoîte » qui lui sera donné.

Benoîte meurt le 28 décembre 1718, en la fête des saints Innocents, laissant la réputation d’une sainte dont la vie fut entourée de faits merveilleux. Elle aura vécu jusqu’à 71 ans malgré de cruelles souffrances et les plus grandes austérités. Elle subira aussi une mise à l’écart par des prêtres de tendance janséniste pendant 20 ans. Benoîte a d’abord été enterrée au cimetière du Laus qui, alors, jouxtait l’église. Son corps fut ensuite déposé dans le caveau actuel dans le chœur même de la basilique. Benoîte Rencurel a été reconnue « vénérable » par le pape Benoît XVI, le 3 avril 2009

Chapelle de Bon Rencontre, à l’intérieur de l’église Notre Dame du Laus
Par moi-même — Travail personnel, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7948698

Benoîte Rencurel et Jean-Marie Vianney : d’étonnantes similitudes…

D’après le site Notre Dame du Laus.

La flamme qui les consumait tous deux provenait de l’humilité et de la pureté de leur cœur. Les Manuscrits du Laus ne nous rapportent-ils pas régulièrement la douceur de Benoîte, sa modestie, sa simplicité et sa charité sans borne ?

Le saint curé d’Ars, lui, vivait l’humilité comme « le grand moyen pour aimer Dieu». Tous deux puisaient leur force dans une prière incessante. Marie encourageait Benoîte à « prier continuellement pour les pécheurs », tandis que Jean-Marie Vianney vivait la prière telle une union intime « où Dieu et l’âme  sont comme deux morceaux de cire fondus ensemble, qu’on ne peut plus séparer».

Le sacrement de l’Eucharistie était au cœur de leur vie. Marie encourage Benoîte à« s’approcher fréquemment du sacrement de l’Eucharistie». Le curé d’Ars disait que « celui qui communie se perd en Dieu comme une goutte d’eau dans l’océan». Mais ce qui constitue leur plus grand point commun, c’est évidemment leur amour pour le sacrement de la confession. Saint Jean-Marie Vianney vivait la miséricorde avec une telle profondeur qu’il voulait la répandre sur toutes les âmes : 

« la miséricorde est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage. » Benoîte manifestait une même ardeur  à l’égard de ce sacrement: «  que la confession est admirable! »,« elle est un lavoir et la plus belle préparation au sacrement de l’Eucharistie. » Ouvriers infatigables de la miséricorde, le curé d’Ars et Benoîte Rencurel attirent toujours du haut du ciel, de nombreux pèlerins aux sources de la grâce.

Prêtre et tertiaire dominicaine: deux vocations pour une même mission

Jean Marie Vianney

Ils ont tous deux reçu du Seigneur un appel à servir sa miséricorde dans le sacrement de la réconciliation. Doués d’un charisme (=don) de lecture des consciences, ils aidaient les pécheurs à faire la vérité sur leur vie et à recevoir en plénitude les fruits de ce sacrement. Cependant, c’est de manière tout à fait unique qu’ils ont œuvré. Benoîte servait de médiateur entre le prêtre et le pénitent.

Dans son être de femme, elle incarnait en quelque sorte cette maternité de Marie, qui conduit avec douceur des enfants à leur père : « ce qui est de singulier chez cette fille, ce n’est pas seulement de connaître l’intérieur des cœurs, c’est de les toucher et de les porter à un véritable repentir de leurs péchés et à se bien confesser… » Le curé d’Ars, quant à lui, est la figure du Christ, bon pasteur, qui va lui-même à la recherche de sa brebis perdue. C’est ainsi qu’il mène les pécheurs à la miséricorde infinie de Dieu le Père : « Donnons cette joie à ce bon Père : revenons à lui… et nous serons heureux. »

Un combat victorieux

Saint Jean-Marie Vianney et Benoîte Rencurel ont fait l’expérience d’un difficile combat spirituel, traversant de grandes tentations. Ils ont aussi subi des attaques physiques de la part du démon. Celui-ci disait à Benoîte : « tu es la cause que je perds tant d’âmes». Il attaquait le saint curé lorsqu’un grand pécheur s’acheminait vers Ars pour se confesser. Mais tous deux ont combattu, manifestant la victoire de la Résurrection,  par leurs incessants actes de foi, d’espérance et de charité.

Deux lieux proches et semblables

Ars – Notre-Dame du Laus, c’est trois heures de route. Avec les moyens de transports actuels, Ars peut être considéré comme « voisin » du Laus. Nombreux sont les pèlerins qui, dans leur quête spirituelle, associent ces deux sanctuaires dans un même périple. Ils y retrouvent, bien que de façon différente, un même climat de paix et de sérénité, pour recevoir les insondables richesses de la miséricorde de Dieu.

La basilique d’art
Par Paul C. Maurice — [1], CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6900711

Voir le site internet du sanctuaire d’Ars: arsnet.org

Jean-Marie Vianney, dit le Curé d’Ars ou le saint Curé d’Ars, né le 8 mai 1786 à Dardilly (près de Lyon), et mort le 4 août 1859 à Ars-sur-Formans (Ain), est un curé français vénéré par l’Église catholique. Il fut le curé de la paroisse d’Ars (alors Ars-en-Dombes, aujourd’hui Ars-sur-Formans) pendant 41 ans. Il est nommé patron de tous les curés de l’Univers par le pape Pie XI en 1929. On avait annoncé en 2009 qu’il serait nommé patron de tous les prêtres du monde par Benoît XVI, mais on publia en 2010 que le pape avait changé d’avis.

Catherine Labouré (rue du Bac à Paris) 

Catherine Labouré, en religion, sœur Catherine de la charité, est née le 2 mai 1806 et décédée le 31 décembre 1876 à Paris. Catherine est née à Fain-lès-Moutiers en Bourgogne, huitième des dix enfants du fermier Pierre Labouré et de son épouse Louise Gontard qui meurt le 9 octobre 1815.

Ayant perdu sa mère à l’âge de neuf ans, Catherine, que sa famille appelle Zoé, développe une affection particulière pour la Vierge Marie. Étant donné les circonstances familiales, elle est placée chez sa tante avec sa sœur cadette Tonine, puis à douze ans, après sa communion reçue le 25 janvier 1818, elle revient à la ferme de son père où elle s’occupe du ménage, de la cuisine et des bêtes (traite des vaches, nourrissage des porcs et des 800 pigeons), si bien qu’elle ne va pas à l’école.

Adolescente, elle désire, comme sa sœur aînée Marie-Louise, entrer chez les Filles de la Charité à la suite d’un rêve la faisant rencontrer un vieux prêtre qui l’encourage dans cette voie. Une cousine se propose de prendre Catherine à Châtillon-sur-Seine dans un pensionnat réputé qu’elle dirige et où elle apprend à lire et écrire. Elle est confirmée dans sa décision de devenir religieuse lorsqu’elle découvre dans la maison des sœurs de la Charité, à Châtillon-sur-Seine, un tableau de Vincent de Paul, qui a fondé cet ordre, en qui elle reconnaît le vieux prêtre.

Portrait de saint Vincent de Paul : le nez empâté, la barbe et la moustache courtes, il porte sa robe et sa calotte noire bien connue[1]
Par Simon François de Tours (1606-1671) — http://www.allposters.com/gallery.asp?startat=/getPoster.asp&CID=F0F59087B76D4AFCA74A54D555BB2908&frameSku=1587925_4986398-10564426, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14610797

Son père, qui désire la marier et la détourner de ce choix, l’envoie travailler à Paris, où un de ses frères tient une cantine pour ouvriers. Elle y découvre la misère du peuple, ce qui l’incite d’autant plus, à 18 ans, à entrer chez les religieuses de Saint Vincent de Paul.

Après trois mois de discernement à la maison des sœurs de la Charité, à Châtillon-sur-Seine, elle commence son noviciat le 21 avril 1830 à la maison-mère située rue du Bac à Paris. Le 30 janvier 1831, elle prend l’habit et prononce ses vœux. Elle est envoyée le 5 février 1831 à l’hospice d’Enghien qui recueille les vieillards, notamment les anciens serviteurs de la Maison d’Orléans.

Saint Catherine Labouré (1806-1876), Marian visionary
Par Unidentified photographer — http://www.stcatherinelaboure.ie/images/St%20Catherine/St_Catherine_2.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9949292

L’hospice est situé dans le village de Reuilly au sud-est de Paris ; elle y reste jusqu’à la fin de sa vie. Cette fille de paysan y fait preuve d’un caractère affirmé, voire un peu fruste, s’occupant également de la ferme de l’hospice, nourrissant les volailles et nettoyant l’étable. « Elle passait inaperçue » dira d’elle une religieuse. Pieuse, elle est également sujette à des visions ou à des prémonitions qu’elle ne révèle qu’à son confesseur et à sa supérieure. Sa vie entière sera marquée par un profond silence.

En 1870-1871, Catherine, comme tous les Parisiens, subit le siège de Paris par les troupes prussiennes, la famine puis les troubles de la Commune de Paris au cours de laquelle, dit-on, des révolutionnaires venaient demander des médailles au couvent. Catherine Labouré meurt le 31 décembre 1876, quarante-six ans après ses visions, sans jamais avoir révélé son secret à d’autres qu’à son directeur spirituel.

À l’occasion de sa béatification par le pape Pie XI le 28 mai 1933, son corps est exhumé de son cercueil constitué d’une bière en sapin emboîtée dans une caisse de plomb, le 21 mars 1933. Le corps est retrouvé en parfait état (personne myroblyte). Il est nettoyé, mis en habit de religieuse (avec notamment la cornette blanche aux larges ailes) et placé dans une châsse en bronze doré, dans la chapelle de la Médaille miraculeuse au no 140 de la rue du Bac à Paris.

Le corps de sainte Louise de Marillac, première supérieure des Filles de la Charité, repose aussi rue du Bac, à deux pas de la chapelle des Lazaristes où est exposé le corps de saint Vincent de Paul. Catherine Labouré est canonisée le 27 juillet 1947 par le pape Pie XII. Elle est fêtée localement le 25 novembre ou le 28 novembre.

Retrato de Santa Luisa de Marillac, Co-Fundadora de las Hijas de la Caridad.Par Inconnu — stvincentimages.cdm, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35170945

Ida Peerdeman (Amsterdam) 

Ida Peerdeman naquit à Alkmaar, aux Pays-Bas, le 13 août 1905 ; c’était la dernière d’une famille de cinq enfants. La petite fille fut baptisée dans la paroisse Saint-Joseph, sous le nom de Isje Johanna, mais on l’appellera simplement Ida.

Peu de temps avant que n’éclate la Première Guerre mondiale, la famille Peerdeman déménagea à Amsterdam. Ida n’avait que huit ans et sa maman mourait, à l’âge de 35 ans, des suites d’un accouchement, ainsi que l’enfant qu’elle venait de mettre au monde. L’épreuve frappa durement toute la famille. Dorénavant ce fut l’aînée, Gesina, qui tint la place de la maman, car le papa, marchand de tissus, devait, pour ses affaires, voyager beaucoup et sillonner de long en large la Hollande. Gesina, qui n’avait que seize ans, dut renoncer à son désir de devenir infirmière.

Ida Peerdeman, jeune

On a raconté que la jeune Ida manifestait une certaine indépendance ; cependant elle s’entendait bien avec son frère Piet qui la comprenait, lui parlait et la consolait quand elle était triste. Dans la famille Peerdeman, tout le monde assistait à la messe du dimanche et on priait avant les repas. En fin de semaine, la petite Ida allait se confesser dans l’église des Dominicains, auprès du Père Frehe qui deviendra son directeur spirituel.

Pourtant, Ida n’était pas une jeune fille comme les autres et avait déjà été « choisie » : cet après-midi du 13 octobre 1917, un samedi du mois du Rosaire, qui fut aussi le jour du miracle du soleil de Fatima, Ida a douze ans lorsqu’elle aperçoit la Vierge pour la première fois. 

Après s’être confessée, Ida retourne à la maison. Elle est alors témoin d’un fait merveilleux. Au bout de la rue, elle voit une lumière extraordinaire et, dans cette lumière, apparaît une dame qui lui fait penser à une femme juive. Ce jour-là, son père étant à la maison, Ida lui raconta aussitôt tout ce qu’elle venait d’admirer. La réaction fut immédiate ; son père lui demanda de se taire et même de tout oublier. Il lui dit même: « Pour l’amour de Dieu, n’en parle à personne ; on te prendrait pour folle et on se moquerait de toi. Il ne nous manquerait plus que ça! » 

Ida n’en parla à personne. D’autres apparitions eurent lieu dans le courant du mois d’octobre 1917, le mois où la Vierge Marie apparaissait pour la dernière fois aux petits bergers de Fatima, ce qu’Ida, évidemment, ignorait totalement.

Le Père Frehe, confident d’Ida et homme de confiance de la famille Peerdeman, fut mis au courant de ces évènements extraordinaires. Lui aussi recommanda à la fillette de garder pour elle toutes ces choses et même de ne plus y penser.  La jeune Ida, une fois ses études primaires terminées, désira devenir puéricultrice. Elle fit un stage à l’issue duquel on la renvoya sous le prétexte qu’elle « manquait malheureusement d’aptitudes, et qu’elle avait trop peu d’imagination et trop peu d’inventivité. «  

Plus tard, Ida sera considérée comme une personne équilibrée, à l’imaginaire certes peu développé, mais pleine de bon sens. À l’âge de 18 ou 19 ans, Ida commença sa vie professionnelle comme employée aux écritures dans une société de parfums d’Amsterdam, la firme Boldoot. Elle y restera de nombreuses années, appréciée de tous pour sa gentillesse et sa modestie. Comme elle était jolie, elle ne manquait pas non plus de prétendants, mais ne se sentait pas appelée au mariage.

Maintenant nous sommes en 1940 ; Ida a 35 ans. Commencent alors ce qu’on a appelé les « visions de guerre », sur la Seconde Guerre mondiale. Ida a des visions concernant le déroulement de la bataille en Europe. C’est par un acte soudain et inattendu comme dans la vie des prophètes, qu’à l’âge de quarante ans, cette simple employée de bureau se voit investie d’une mission lourde de responsabilité.

En quinze ans, à partir de ce 25 mars 1945 et jusqu’au 31 mai 1959, elle reçoit en tout cinquante-six messages de la Sainte Vierge. Ils sont suivis, dans les années quatre-vingt, de ce qu’il convient d’appeler des «expériences eucharistiques » qu’elle reçoit de Notre Seigneur.

Contrairement à de nombreux autres lieux d’apparitions, tout à Amsterdam reste caché dans l’ombre et le silence. « Je suis venue dans le plus grand secret », dit la Dame le 31 mai 1958. Les premiers messages surtout, ont un sens obscur et une connotation apocalyptique et symbolique. La voyante d’Amsterdam n’a pas de formation théologique, vient d’un milieu simple et ne sait pas expliciter ce qu’elle voit. Elle n’a jamais entendu de termes tels que « Paraclet » (le saint Esprit) et a beaucoup de peine à traduire les faits inconnus qu’elle voit se produire dans les visions.

La Sainte Vierge cependant la console : « Dis à ton directeur spirituel que le Seigneur choisit toujours ce qui est faible pour ses projets grandioses. Qu’il soit rassuré! » (4 avril 1954) « Je le dis une fois encore : le Fils cherche toujours ce qui est petit et simple pour sa cause. » (15 avril 1951) « Tu as une grande tâche à accomplir.» (15 juin 1952) Dorénavant, Ida Peerdeman ne vivra plus que pour la Vierge Marie.

Elle écrit: « Elle était tellement belle, telle que j’ai pu la voir, et tous les jours, je m’occupe d’elle, de sa venue et de ses paroles (les messages). C’est avec ces pensées que je me lève et que je me couche. » L’une de ses sœurs, Truus (Gertrude), qui est institutrice, consigne par écrit chaque parole de la Dame qu’Ida répète. Elle le fait d’autant plus facilement que la Dame parle lentement, marque de longues pauses, avant de montrer une nouvelle image à la voyante ou d’exprimer une nouvelle pensée. 

Image de Notre Dame de tous les peuples
Par Judgefloro (shifted, cropped & recoloured by Rabanus Flavus) — File:09894jfRoads Bigte Virgen Flores Quasi Parish Church Norzagaray villagesfvf 06.JPG, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=52287376

Tout ce que la Dame de tous les Peuples lui disait se gravait de façon indélébile dans le cœur d’Ida. La Dame avait dit à Ida, dès le 1er avril 1951: « Toi, mon enfant, tu dois coopérer sans angoisse et sans peur. Tu vas souffrir, spirituellement et physiquement. » 

Ida souffrit effectivement d’un cancer au sein. Mais, par crainte de l’hospitalisation, elle ne se fit opérer que très tard. Elle était aussi gravement malade du cœur. Si, dans ses visions, Ida percevait les choses du ciel et en goûtait la béatitude ; au quotidien, par contre, elle se trouvait confrontée au mépris, aux calomnies, à la méfiance et aux doutes. Tournée en dérision et dénigrée par les médias, elle connut la douleur de perdre sa réputation par fidélité à la vérité et à la Dame. Le poids de sa responsabilité et l’indifférence hostile et généralisée la faisaient souffrir cruellement.

Ida savait qu’elle n’était pas l’objet d’une illusion. Tout en restant un simple instrument, elle était consciente de porter le message le plus important du XXe siècle«  Le 13 octobre 1968, Ida devient membre du mouvement la « militia Jesu Christi », un mouvement marial dont l’origine remonte au temps des Chevaliers qui s’étaient institués en milice pour la protection des monastères de l’Ordre. En 1870, cette institution avait donné naissance à une association de laïcs pour la défense de la foi. Saint Dominique était apparu à Ida dans une vision, et, lui montrant le portail du monastère de Sens, il lui dit :

 « C’est là que tu dois entrer. » Ida fit donc partie de ce mouvement, et reçut à Sens le « manteau de la Milice. Le Grand Maître, Frère Emmanuel Houdart de la Motte, lui demanda alors de dire devant toute l’assemblée la prière de la Dame de tous les Peuples. Le 31 mai 1969 eut lieu la cérémonie solennelle de sa première promesse au sein de la Milice, à Paris, à l’église Saint-Germain l’Auxerrois.

Saint Dominique, détail du Christ aux outrages, une fresque de Fra Angelico au couvent San Marco.
Par Fra Angelico — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=147522

La Militia Christi naît en 1209 dans la mouvance de saint Dominique et des frères dominicains. Encouragée au cours des siècles par de nombreux Papes, elle se développe comme une institution chevaleresque dont les membres, laïcs courageux et fidèles, se mettent au service de l’Église pour la défense de la foi.bEn 1870, l’Ordre chevaleresque de la Militia Christi se réorganise à Rome autour d’un cercle d’officiers pontificaux menés par le comte Arthur de Beaumont – colonel d’Etat-major pontifical – assistés du P. Jandel – Maître général des dominicains – et encouragés par Pie IX, qui relancent l’esprit de la vieille institution en orientant ses membres vers la construction du royaume de Dieu dans la société. La période de réforme vécue de 1959 à 1973 voit l’Ordre se transformer en association de fidèles et adapter ses finalités aux exigences de l’apostolat des laïcs définies par le Concile Vatican II. Le 21 novembre 1981, le Conseil Pontifical pour les Laïcs décrète la reconnaissance de la Militia Christi comme Association de fidèles de droit pontifical.

Dorénavant Ida Peerdeman ne vivra plus que pour la Vierge Marie. Pendant les années des apparitions, la famille Peerdeman resserrera ses liens. Les autorités de l’Église montrèrent de la réserve, ce qui est normal. Elles firent comprendre qu’elles ne souhaitaient aucune divulgation de ces visions. C’était d’ailleurs aller dans le sens d’Ida qui désirait disparaître et rester inconnue. Elle ne cessait d’affirmer: « Il ne s’agit pas de moi, je ne suis qu’un instrument ; il s’agit seulement des messages de la Dame. » 

Chapelle Notre Dame de tous les peuples / parc Béatrix à Amsterdam
Par Paul Be. (shifted, cropped & recoloured by Rabanus Flavus) — File:Maria-kapel Amsterdam, Diepenbrockstraat.jpg, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=52286962

Ida trouva pourtant un grand réconfort auprès de son directeur spirituel et dans le cadre protégé de la vie de sa famille. Si on la voyait souffrir et pleurer, on souffrait et on pleurait avec elle. Il y avait  aussi des moments de joie sereine en famille. Comme toute la famille aimait la musique, on en jouait et on chantait ensemble ; on organisait aussi des petits concerts. Ida jouait du violon. Elle faisait aussi un peu de peinture et de la broderie.

Tout en ayant des expériences surnaturelles, Ida restait très féminine, très naturelle. Elle évoquait avec enthousiasme le souvenir de vacances passées au Tyrol, dans les Dolomites, en Bavière ou en Suisse. Elle aimait faire des surprises aux autres en leur offrant des petits cadeaux qu’elle choisissait avec soin… en un mot, sa vie était normale, une vie simple et modeste, tout à fait comparable à celle que menaient ses trois sœurs. 

Pourtant, malgré les apparences, et à l’insu de tous, dans le silence, la vie d’Ida est un long martyre, de l’âme et du corps. Même ceux qui la connaissaient et savaient son obéissance héroïque vis-à-vis des autorités de l’Église, ne pouvaient soupçonner à quel point il lui en coûtait de se taire et d’attendre patiemment, indéfiniment, continuellement, et cela presque jusqu’à la fin de sa vie. Ida n’eut jamais une seule plainte contre ceux qui la faisaient souffrir.

Elle accepta le départ de ceux qui lui étaient le plus chers : d’abord Piet, son frère bien-aimé, puis le Père Frehe. En 1981, c’est son second et fidèle directeur spirituel qui décéda, le Père Kerssemakers (de la Congrégation des Pères du Saint Sacrement). On plaignit alors Ida qui n’avait plus de sainte Messe dans la chapelle et qui ne pouvait plus communier. 

Sa réponse a surpris plus d’un de ses amis : « Et pourtant, je communie. Je reçois la communion d’une main invisible. » Le 13 août 1995, Ida célébra ses 90 ans. Beaucoup d’amis vinrent lui présenter leurs vœux et la remercier pour sa fidélité et sa persévérance. Mais sa fin approchait : « Au revoir, au ciel! », lui dit un jour la Dame. En attendant ce jour, Ida restait fidèle à la mission dont la Sainte Vierge l’avait chargée le 15 novembre 1951 : « Tu ne dois jamais manquer de venir devant cette image (…) afin de prier pour tous (…) Tu le feras jusqu’à ce que ce soit la fin. » 

Ida savait qu’elle mourrait dans le cours de l’année 1996. Le 1er janvier de cette même année, en effet, la Dame qui s’était tue depuis le mois de novembre précédent, fit entendre à nouveau sa voix pour lui annoncer : « C’est ta dernière année. Je vais bientôt t’emmener auprès de mon Fils. Ta mission est accomplie. Continue à écouter la voix. »Dès lors, Ida pouvait confier : « Je n’en ai plus pour longtemps. Je suis gravement malade. Il n’y a plus rien qui me retienne ici. »

 Le 31 mai 1996, un 31 mai, date à laquelle sera fixée, un jour, la fête de la Co-rédemptrice, l’évêque de Haarlem, Mgr Henrik Bomers et son coadjuteur, Mgr Josef M. Punt autorisaient officiellement la dévotion publique à Marie, sous le titre de « Dame de tous les peuples ».

Ida avait prié pendant des décennies pour vivre ce moment-là. Maintenant, elle pouvait partir. Le mercredi 12 juin 1996, elle reçut le sacrement de l’onction des malades des mains du Père Amandus Korse. Deux jours plus tard, elle fut hospitalisée. Au petit matin du 17 juin 1996, à 4h15, Ida mourait, seule. Elle avait 90 ans. Le 31 mai 2002, Son Exc. Mgr Joseph-Marianus Punt, Évêque de Haarlem/Amsterdam, reconnaissait l’origine surnaturelle des apparitions de la Dame de tous les Peuples. 

Ida Peerdeman, âgée

Ida a souffert d’une grande solitude, surtout après avoir perdu tous les siens. Les paroles de la Dame lui revenaient sans cesse en mémoire, notamment celles du avril 1954 : « Fais de ta vie une offrande! » 

Ses amis intimes ont fait savoir plus tard que, dans les dernières années de sa vie, Ida eut à subir de nouvelles attaques du démon. On la vit un jour, par exemple, à l’âge de 85 ans, totalement épuisée et en larmes. Pendant une heure entière, elle avait eu à soutenir la lutte contre de terribles sifflements stridents, des cris et des grincements causés par le démon. 

Ceux qui approchaient Ida connaissaient sa modestie et sa discrétion. Mais quand il lui fallait parler des messages aux prêtres ou aux pèlerins, elle faisait des descriptions si vivantes des visions qu’on aurait dit qu’elle les vivait encore. Et quand on l’entendait parler de la Dame de tous les Peuples, on ne pouvait que dire : « il est impossible qu’une simple femme comme elle puisse inventer et dire de telles choses. »

Par ailleurs, lorsque la Dame voulait expliquer et justifier la nécessité de proclamer le dogme de sa co-rédemption, elle dicta à Ida de véritables cours de théologie. Comment une personne aussi peu instruite aurait-elle pu émettre et expliquer des théories si complexes et si difficiles. Ida n’était pas ce que l’on appelle d’ordinaire une mystique : elle vivait comme tout le monde ; elle était musicienne et participait au petit orchestre familial.

Elle allait au théâtre avec sa famille, et même, elle jouait à des jeux de société ou à des jeux solitaires (puzzle). Et elle devait travailler pour gagner sa vie. Son milieu n’était pas pieux, mais honnête. Son caractère, au moins pendant sa jeunesse, n’était pas exceptionnel et l’on sait qu’elle se montrait souvent indépendante. Donc, rien de spécialement remarquable chez cette jeune fille de douze ans, puis chez la femme de quarante à quatre vingt ans..

Maria Esperanza Medrano de Bianchini (Betania)

Maria Esperanza de Bianchini est née à Barrancas, au Venezuela, le 22 novembre 1928. Elle était le fruit de longues prières de ses parents qui désiraient de tout cœur une petite fille et avaient prié intensément la Vierge Marie d’exaucer leur vœu. Pour la remercier ils l’appelèrent Marie Esperanza. 

Toute petite, María se révéla très pieuse, et à cinq ans elle eut sa première vision avec sainte Thérèse de Lisieux, qui lui donna une rose rouge. La surprise de sa mère fut d’autant plus grande qu’il n’y avait pas de roses là où ils habitaient.

À 9 ans, Maria franchit une nouvelle étape de sa vie. Après sa première communion, qu’elle reçut le jour de la fête de Notre-Dame du Carmel, elle s’unit spirituellement à sainte Thérèse et à l’ordre carmélitain. La fillette n’avait qu’un seul grand désir : recevoir Jésus dans l’Eucharistie le plus souvent possible, et approfondir ses relations avec Dieu. 

À 12 ans, elle reçut sa première vision de la Vierge Marie, sous les traits de la Vierge de la Vallée, patronne de l’île Marguerite, qui lui demanda de l’aider à « sauver ce monde complètement égaré ». Après cette rencontre, Maria, qui souffrait d’une grave pneumonie, guérit soudainement.

L’adolescence de Maria est jalonnée d’expériences mystiques et de guérisons miraculeuses. Et c’est tout naturellement que son profond désir de Dieu l’amena à choisir la vie religieuse. Elle vécut quelques temps avec les sœurs franciscaines de Merida.

Mais le 3 octobre 1954, sainte Thérèse de Lisieux lui apparut une nouvelle fois,

…..et encore une fois lui offrit  une rose, rapporte-t-on sur le site web de sa cause en vue d’une canonisation. Seulement cette fois-ci, la rose la piqua et du sang s’écoula de son doigt. Elle entendit alors le Sacré Cœur de Jésus lui dire : « Votre mission ne sera pas de devenir religieuse. Vous vous sanctifierez dans le monde comme épouse et mère de famille en répandant mon message ».

Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face en 1894
Par Celine Martin (Sor Genoveva de la Santa Faz) — Archivos del Carmelo de Lisieux, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35129680

La Vierge revint la voir les 7 et 12 octobre, prophétisant : « Préparez votre cœur, mère spirituelle des âmes, pour que je puisse le sceller pour toujours. En outre vous serez mère de sept enfants : six roses et un bourgeon ». Après quoi Maria reçut de Dieu l’inspiration de se rendre à Rome où elle rencontra son futur mari. Ils se marièrent le 8 décembre 1956, eurent sept enfant et vivèrent un long moment dans une ferme, au Venezuela.

En 1978, la Sainte Vierge lui apparut de nouveau, la rassurant sur sa mission dans le monde : « Ma fille, ma présence auprès de vous n’est pas un rêve ; elle est bien réelle ; obéissez et continuez à être fidèle à cette mère, et vous vous réjouirez pour l’éternité ! Votre tâche est ardue… transmettre mon message d’amour et de réconciliation à tous les peuples et à toutes les nations. Vous allez souffrir, mais quelle joie sera de voir que vous m’avez été fidèle, à moi Votre Mère. Je vous accompagne et vous tiens la main ».

Après cette expérience, Maria fut spirituellement amenée à promouvoir la réconciliation et l’unité entre tous les peuples. La sainte Vierge lui avait dit ce qu’elle devait dire quand des gens mettaient en cause sa mission : « Si on vous demande quels messages vous avez reçus, répondez textuellement : “Notre Mère est venue sous le nom de Marie, Vierge et mère, réconciliatrice de peuples et nations, et son message est de nous engager pour rendre un meilleur service à l’Eglise catholique. Nous tous chrétiens nous devons accomplir ce service en nous réconciliant les uns les autres, car la réconciliation est promotrice des droits humains, de justice sociale, de renouvellement et de charisme. Et la réconciliation postule la vérité, l’amour, la réparation et la liberté de conscience, pour que nous puissions vivre en suivant la doctrine que Jésus nous a laissée” ».

Commentaire : le message de Marie à Maria Esperanza rejoint celui de Notre Dame de tous les peuples à Amsterdam : la réconciliation entre personnes et d’abord entre catholiques est porteuse de beaucoup de positif !

Maria Esperanza, jeune

Les dons de Marie pour le soutien spirituel étaient souvent comparés à ceux de saint Padre Pio. Beaucoup disaient même : « elle a hérité de son manteau 

La fin de la vie de Maria Esperanza fut marquée par la maladie de Parkinson. Atteinte de la maladie, Maria Esperanza mourait aux Etats-Unis, le 7 août 2004 à Long Beach Island (New Jersey, États-Unis), entourée de son mari, de ses sept enfants, de leurs conjoints et de ses vingt petits enfants. Elle avait 75 ans.

Sa famille poursuit toujours la mission de la Fondation Betania. Les enfants de Maria Esperanza dirent de leur mère « qu’elle était un miracle quotidien. » Les apparitions qu’elle a reçues reçurent l’approbation de l’évêque local en 1987, quand elle était encore en vie. Après sa mort, le diocèse de Metuchen a lancé le processus qui pourrait conduire à sa béatification et sa canonisation. Actuellement, elle est Servante de Dieu et sa vie miraculeuse, caractérisée par d’innombrables guérisons et apparitions, reste une source d’inspiration pour tous.