Notre Dame de La Salette
I – Généralités
Pays de l’apparition
France
Site
La Salette en Isère.
Désignation
Notre-Dame de La Salette est le nom sous lequel les fidèles catholiques désignent la Vierge Marie en tant qu’apparue à deux enfants le 19 septembre 1846 en haut du village de La Salette-Fallavaux, près de Corps (Isère). Notre-Dame de La Salette est aussi le nom sous lequel on désigne le sanctuaire marial qui a été édifié sur les lieux de l’apparition.
Le Contexte historique en 1846
30 mars : la troupe ouvre le feu sur des ouvriers à Saint-Étienne.
23 mai : à la Chambre des députés, Isambert proteste contre les archevêques qui, par mandements, autorisent pour le clergé des libertés que la loi lui refuse.
Jeudi 1er octobre : les troubles vont se poursuivre dans le faubourg Saint-Antoine jusqu’au 3.
Le 29 octobre : début du procès des émeutiers du faubourg Saint-Antoine.
13 mai : le Congrès des États-Unis déclare la guerre au Mexique. Le conflit est déclenché par les indemnités que réclament au gouvernement mexicain des citoyens américains et le désir des États-Unis d’acquérir la Californie (fin en 1848). Le Congrès autorise la levée de 50 000 hommes et un crédit de 10 millions de dollars (174 voix contre 14).
29 janvier : les pères lazaristes français Évariste Huc et Joseph Gabet, déguisés en lamas chinois, atteignent Lhassa au Tibet après presque deux ans de voyage à travers la Chine, le désert de Gobi, la Mongolie et le Tibet du Nord-Est. Ils sont finalement expulsés.
20 février : édit de tolérance en faveur du christianisme en Chine obtenu par le plénipotentiaire français Lagrené.
Janvier : fondation à Kiev de la Confrérie de Cyrille et Méthode, qui préconise l’abolition du servage et un fédéralisme slave donnant une place à l’Ukraine. Ses membres, dont le poète Chevtchenko et l’historien Kostomarov sont arrêtés dès le 5 avril 1847.
18 février : soulèvement de Cracovie.
22 février : début d’une nouvelle insurrection en Pologne.
Mai–septembre : sécheresse excessive en Europe occidentale.
16 juin : début du pontificat de Pie IX (fin en 1878).
1er août : élections législatives en France qui donnent une large victoire aux conservateurs. Le centre conservateur au pouvoir remporte les législatives avec 290 sièges. Les libéraux obtiennent 140 sièges, les extrêmes 28.
9 novembre : l’encyclique Qui Pluribus condamne le libéralisme.
II – Les voyants : une vie très mouvementée !
Maximin Giraud
Il est né à Corps, le 26 août 1835. Sa mère, Anne-Marie Templier est du pays ; son père, le charron Giraud, est venu du Trièves proche. Maximin n’a que dix-sept mois lorsque sa mère meurt, laissant aussi une fille, Angélique, qui a huit ans. Peu après, Monsieur Giraud se remarie. Maximin va pousser comme une herbe sauvage : rudoyé par sa marâtre, Marie Court, il est souvent dehors, s’amusant avec son chien Loulou, gardant sa chèvre au bord des chemins, furetant autour des diligences et à l’entrée des échoppes, le long des rues de Corps.
A onze ans, c’est un gamin insouciant, volontiers espiègle, l’œil vif sous sa tignasse noire, et la langue bien pendue. Pendant l’Apparition, il s’amusait avec son bâton à faire tourner son chapeau ou à pousser des cailloux vers les pieds de la Belle Dame : tel il est resté toute sa vie. Il répond aux enquêteurs avec simplicité mais du tac au tac. Cordial, dès qu’il se sent vraiment aimé. Malicieux, quand on veut le « récupérer ». Volontiers espiègle, et même avec le Curé d’Ars, semble-t-il. Un cœur d’or, toujours candide, dans une vie trimbalée : de l’école de Corps au séminaire du Rondeau, d’un presbytère de campagne à la Grande Chartreuse, du séminaire d’Aire-sur-Adour à l’hospice du Vésinet (Yvelines) ou au collège de Tonnerre (Yonne) où il est « employé ».
Chez les époux Jourdain, près de Versailles, où il est pris en affection, il est question de lui faire entreprendre des études de médecine. Il s’engage finalement comme zouave pontifical, mais six mois après revient à Paris. Il publie alors « Ma profession de foi sur l’Apparition de Notre Dame de La Salette » en réponse à un article agressif de « La Vie Parisienne ». Victime d’un associé, marchand de liqueurs, le voici encore sans ressources. Il demeure alors à Corps, qu’il aurait mieux fait de ne jamais quitter. Asthmatique et cardiaque, il monte une dernière fois au pèlerinage et fait sur les lieux le récit de l’Apparition.
Le 1er mars 1875, il meurt à Corps, après avoir reçu la Communion et bu un peu d’eau de La Salette. Pauvre et généreux, il avait écrit un testament pour redire son témoignage sur l’Apparition, et léguer son cœur au sanctuaire de La Salette.
Mélanie Calvat, dite aussi Mathieu
Née le 7 novembre 1831, elle est la quatrième des dix enfants que mettra au monde Julie Barnaud, de Séchilienne. Le père, Pierre Calvat, est scieur de long, mais s’adapte à tous les métiers pour faire vivre sa pauvre famille. Toute jeune, Mélanie est mise « en service », pour garder les vaches, dans les fermes des environs, à Quet, à Sainte-Luce, … avant d’aboutir chez Jean-Baptiste Pra, aux Ablandens.
Elle va sur ses quinze ans au moment de l’apparition. Timide, taciturne, renfermée, elle n’hésite pourtant pas à répondre quand il s’agit de l’Apparition. Elle reste quatre ans chez les Sœurs de la Providence ; elle a peu de mémoire et moins d’aptitude encore que Maximin pour étudier. Dès novembre 1847, sa Supérieure craignait déjà que « Mélanie ne tirât vanité de la position que l’événement lui a faite ». Cela s’explique chez cette fille pauvre, privée d’affection, « placée » dès l’âge de dix ans et soudain projetée sous les feux de l’actualité. Au reste, elle est bonne chrétienne, et même pieuse. Elle essaie plusieurs fois « d’entrer en religion » mais en vain.
Agressée par la curiosité, l’indiscrétion, les pressions de certains de ses visiteurs, avides de révélations politico-religieuses, Mélanie résiste mal à la tentation de jouer les oracles en reprenant les pseudo-prophéties populaires sur la fin des temps, qui réapparaissent périodiquement dans l’histoire de l’Eglise. Cependant, elle passe du Carmel de Darlington (Angleterre) à la Compassion de Marseille, puis reste dix-sept ans à Castellamare, près de Naples, écrivant secrets et règle pour une hypothétique fondation religieuse ; le Vatican prie l’évêque du lieu de lui interdire ce genre de publication mais elle cherche d’autres appuis. Après un séjour dans le midi à Cannes, nous la retrouvons à Chalon-sur-Saône, où, pour les mêmes raisons, elle a maille à partir avec l’évêque d’Autun.
Elle retourne en Italie, près de Lecce, puis à Messine en Sicile ; revient en France, dans l’Allier, et finit d’y écrire une autobiographie mystique de mauvais aloi. Les 18 et 19 septembre 1902, elle passe à La Salette, et y fait le récit de l’Apparition. Puis elle retourne en Italie méridionale, à Altamura (Bari). Elle y meurt le 14 décembre 1904.
Pauvre, croyante, pieuse, il est un point sur lequel Mélanie n’a jamais varié : ce qu’elle avait dit, comme Maximin, au soir du 19 septembre 1846, dans la cuisine des Pra, aux Ablandins.
Vie détaillée des deux voyants
Maximin Giraud.
Né à Corps le 26 août 1835 et mort également à Corps le 1er mars 1875, il fut témoin avec Mélanie Calvat de l’apparition de la Sainte Vierge Marie à La Salette en Isère. Sa mère mourut quand Maximin n’avait que 17 mois, laissant encore une fille, Angélique, âgée de huit ans. Maximin vécut avec son père qui s’occupa peu de lui, étant occupé à son atelier ou se délassant au café. Sa nouvelle femme ne s’intéressa guère à l’enfant. Maximin grandit comme il pouvait, en passant une grande partie de son temps laissé à lui-même en compagnie de son chien et de sa chèvre avec lesquels il parcourait les rues du village, n’allant jamais en classe et ne recevant pas non plus d’instruction religieuse.
Maximin parlait le dialecte occitan du Dauphiné, comme tout le monde dans la commune, mais il apprit tout de même quelques mots de français en traînant parmi les conducteurs de diligence et les relais de voitures. Il avait 11 ans en 1846. Le 19 septembre 1846 il fut témoin, en même temps que Mélanie Calvat, d’une apparition de la Vierge Marie sur les hauteurs de La Salette, alors qu’ils étaient occupés à garder les vaches.
Notre-Dame transmit à Maximin et à Mélanie un message public et à chacun un message personnel. Au cours des trois ans qui suivirent l’apparition, il vit mourir son demi-frère, Jean-François, sa belle-mère et son père (1847/1850). Orphelin à l’âge de 14 ans, il fut recueilli par le frère de sa mère, dit l’oncle templier, un homme rude et calculateur. L’apparition fut approuvée par Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, le 16 novembre 1851 et devint célèbre sous le nom de Notre-Dame de La Salette. Les deux secrets, mis par écrit par les visionnaires, furent envoyés au pape Pie IX la même année.
Après l’apparition, il fut placé comme pensionnaire à l’école des Sœurs de la Providence à Corps, où eut lieu une enquête concernant l’apparition. Ses progrès à l’école furent lents, gênés par la pression constante de pèlerins et d’autres curieux. Contre le conseil du curé de sa paroisse et bravant les ordres de l’évêque de Grenoble, des royalistes conduisirent trois fois le garçon à Ars pour y rencontrer le célèbre curé, Jean-Marie Vianney, afin qu’il l’interrogeât sur les apparitions. Maximin ne semble guère avoir apprécié leur compagnie, mais il profita du voyage et de l’occasion de voir du pays. Par la suite, il ne cessa de passer d’un endroit à l’autre.
Il entra au petit séminaire de Rondeau, et le quitta ensuite pour l’Abbaye de la Grande Chartreuse. De là, il se rendit à Seyssins puis à Rome, et ensuite à Dax, Aire-sur-l’Adour et Le Vésinet, une ville nouvelle et très cossue de la région parisienne, après cela à Tonnerre, Petit-Jouy-en-Josas près de Versailles et finalement Paris. Après avoir essayé le séminaire et travaillé dans une maison de personnes âgées, il tenta des études de médecine. Ayant raté ses examens, il trouva du travail dans une pharmacie. Finalement, Maximin entra dans le corps des Zouaves pontificaux, chargés de défendre les États du Pape et d’assurer leur protection. Après six mois de service, il mit fin à son contrat et revint à Paris.
Le journal La Vie Parisienne ayant publié une attaque contre la Salette et les deux enfants, Maximin protesta et le journal imprima une rectification. À la suite de cette affaire, en 1866 il publia un court travail appelé Ma profession de foi sur l’apparition de Notre-Dame de La Salette. Il avait alors 31 ans. En 1868, au cours d’une controverse sur les apparitions avec Monseigneur Darboy, archevêque de Paris, il prédit à celui-ci sa fin tragique. C’est à cette époque que la famille Jourdain, un couple qui s’intéressait beaucoup à lui, put apporter dans sa vie un élément de stabilité et, en prenant sur elle le risque financier, effaça ses dettes.
Maximin s’associa alors à un négociant en alcool qui utilisa son nom, à présent bien connu, pour augmenter ses ventes. Victime de sa candeur, Maximin se vit trompé et ne tira aucun profit de cette association. En 1870, il fut enrôlé dans l’armée Impériale et affecté au Fort Barraux près de Chambéry. Il revint ensuite à Corps où il fut rejoint par les Jourdain. Tous les trois vécurent pauvrement, aidés par les pères du sanctuaire avec l’approbation de l’évêque de Grenoble. En novembre 1870, Maximin fit un pèlerinage au sanctuaire. Devant une assistance attentive, il répéta l’histoire de La Salette comme il l’avait fait le premier jour. En février 1875, il visita l’église de sa paroisse. Le soir du 1er mars, Maximin se confessa et communia, buvant un petit peu d’eau de La Salette pour avaler l’hostie. Peu après il mourut. Il n’avait pas encore quarante ans.
Son corps repose au cimetière de Corps, mais son cœur se trouve dans la basilique de La Salette. Ayant voulu souligner encore une fois son amour pour La Salette, il avait solennellement proclamé : « Je crois fermement, même s’il fallait verser mon sang, à la célèbre apparition de la Très Sainte Vierge sur la montagne sainte de La Salette, le 19 septembre 1846, apparition que j’ai défendue par mes paroles et par ma souffrance… C’est dans cet esprit que je donne mon cœur à Notre-Dame de La Salette. »
Mélanie Calvat
Mélanie Calvat (née le 7 novembre 1831 à Corps, Isère – morte dans la nuit du 14 au 15 décembre 1904 à Altamura, Italie) était une jeune bergère qui raconta avoir été témoin, avec le jeune Maximin Giraud, le 19 septembre 1846, de l’apparition de la Sainte Vierge Marie à La Salette en Isère.
Mélanie Calvat (Mélanie Mathieu à l’état civil et au registre de baptêmes) nait à Corps dans l’Isère. Elle est la quatrième des dix enfants de Pierre Calvat, tailleur de pierres et scieur de son état, qui, pour nourrir sa famille nombreuse, dont Julie Barnaud son épouse, n’hésite pas à prendre tout emploi qu’il peut trouver. La pauvreté de la famille est telle que les jeunes enfants sont parfois envoyés dans la rue pour y mendier. Très tôt, Mélanie est embauchée pour s’occuper des vaches des voisins. Du printemps à l’automne de 1846, elle travaille pour Jean-Baptiste Pra aux Ablandins, l’un des hameaux du village de La Salette. Une telle vie, loin de sa famille, fait d’elle une enfant chétive et renfermée, timide, taciturne et toujours sur ses gardes. Elle ne parle que le dialecte régional de l’occitan haché de français. N’ayant pas fréquenté l’école, ni reçu d’instruction religieuse, elle ne sait ni lire ni écrire.
Le 19 septembre 1846, veille de la fête de Notre-Dame des Douleurs, elle garde le troupeau avec Maximin Giraud ; ils voient apparaître dans une lumière resplendissante une « belle dame » en pleurs qui s’adresse à eux. La dame adresse aux enfants un message destiné à être raconté à tous, et, à chacun d’eux, un message personnel. Le soir, ils en informent leurs maîtres. La veuve Pra (dite veuve Caron), maîtresse de Mélanie, leur dit qu’ils ont vu la Sainte Vierge et engage les enfants à tout raconter au curé de La Salette. Ce qu’ils font le lendemain dimanche au matin. Le curé pleure d’émotion, prend des notes ; en larmes, il parle du fait dans son sermon dans l’église Notre-Dame.
L’évêque de Grenoble, Mgr Philibert de Bruillard, nomme plusieurs commissions chargées d’examiner les faits, les premières sont créées en décembre 1846, l’une formée de professeurs du grand séminaire de Grenoble et l’autre de chanoines titulaires. Cette commission conclut qu’un examen plus approfondi est nécessaire avant de formuler un jugement. Une nouvelle enquête a lieu de juillet à septembre 1847, menée par deux membres de la commission : le Chanoine Orcel, supérieur du grand séminaire, et le Chanoine Rousselot. Une conférence sur la question se tient à la résidence de l’évêque en novembre-décembre 1847. Seize membres – les vicaires généraux du diocèse, les prêtres de la paroisse de Grenoble et les chanoines titulaires – se réunissent en présence de l’évêque. La majorité conclut à l’authenticité de l’apparition, après examen du rapport de Rousselot et d’Orcel.
Par ailleurs l’évêque de Sens a très soigneusement examiné trois guérisons attribuées à Notre-Dame de La Salette, qui se sont produites dans la ville d’Avallon. L’ordinaire du lieu, Mgr Mellon Jolly, reconnait, le 4 mai 1849, comme miraculeuse, une de ces trois guérisons, qui s’était produite le 21 novembre 1847. Depuis 1847, Mgr de Bruillard est ainsi convaincu de la réalité de l’apparition. L’année suivante, il autorise la publication du rapport Rousselot, qui confirme la réalité de l’apparition. Dans sa lettre d’approbation, imprimée sous forme de préface, l’évêque de Grenoble déclare qu’il partage l’opinion de la majorité de la commission qui a adopté les conclusions du rapport.
Toutefois, le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon dont l’évêché de Grenoble est suffragant, soupçonne une supercherie. Le Cardinal exige que les enfants lui confient leur secret, en affirmant qu’il a un mandat du Pape. Les enfants accèdent finalement à cette demande. Mélanie, toutefois, exige que son texte soit directement porté au Souverain pontife. C’est sous cette condition que l’évêque de Grenoble envoie à Rome deux représentants. Le texte des deux secrets privés est transmis au pape Pie IX le 18 juillet 1851. Il semble que la procédure ait été favorable, puisque la décision de Mgr de Bruillard, modifiée selon les observations du cardinal Lambruschini, Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites à Rome, est signée le 18 septembre 1851, et publiée le 10 novembre 1851.
Dans ce document, l’évêque de Grenoble promulgue ce jugement : Nous jugeons que l’apparition de la Sainte Vierge aux deux bergers, le 19 septembre 1846… dans la paroisse de La Salette… porte en elle toutes les caractéristiques de la vérité, et que les fidèles ont des raisons de la croire incontestable et certaine. Les motifs de la décision, qui reposent sur le travail de Rousselot et celui de la Commission de 1847, sont : l’impossibilité d’expliquer de manière humaine les événements, les miracles et les guérisons, les fruits spirituels de l’apparition (notamment les conversions) et, enfin, les attentes légitimes et les souhaits d’un très grand nombre de prêtres et de fidèles.
Par la suite le 16 novembre 1851, l’évêque de Grenoble publie une déclaration selon laquelle la mission des petits bergers est terminée et l’affaire est maintenant entre les mains de l’Église. L’évêque précise que l’approbation de l’Église ne concernait que la révélation originale de 1846 et non pas des apports ultérieurs. La Salette suscite immédiatement une grande ferveur dans la société française, elle provoque aussi d’ardentes discussions. Les petits visionnaires sont perturbés par les interrogatoires incessants, les menaces, quelquefois violentes, de la part d’opposants politiques et ecclésiastiques, et aussi les assauts de ferveur. Mélanie particulièrement se voit vénérée comme une sainte, comme sainte Bernadette Soubirous quelque temps plus tard.
Tout cela porte atteinte à l’équilibre des deux visionnaires. Mélanie aura de la difficulté à vivre une vie religieuse équilibrée et Maximin, une fois entré au séminaire qu’il quitte bientôt, aura également bien du mal à mener une vie normale. Après l’apparition, en 1846, Mélanie est placée comme pensionnaire au couvent des Sœurs de la Providence à Corenc près de Grenoble, où une enquête concernant l’apparition a lieu. À vingt ans, elle entre en religion. En 1850, elle devient postulante de l’ordre et, en octobre 1851, elle prend le voile sous le nom de sœur Marie de la Croix. Pendant son séjour à Corenc, on raconte qu’elle avait coutume de s’asseoir au milieu d’auditrices captivées, et de leur raconter des histoires de son enfance.
En mai 1853, Mgr de Bruillard démissionne (il meurt en 1860) et, au début de 1854, son successeur Mgr Ginoulhiac refuse d’accorder à Mélanie l’autorisation de faire profession, ne la jugeant pas suffisamment mûre spirituellement. Mélanie proteste que la véritable raison de ce refus était que l’évêque cherche à gagner la faveur de Napoléon III. À la suite de ce refus, Mélanie est officiellement autorisée à aller dans un couvent tenu par les Sœurs de la Charité. Cet ordre se voue à des travaux pénibles pour aider les pauvres, et Mélanie entre en contact avec le bon sens, ce qui la change de la flatterie ou de l’adulation.
Elle continue à parler des apparitions et du complot maçonnique visant à détruire la France catholique. Après trois semaines cependant, on la fait retourner à Corps pour y continuer son éducation. Napoléon III au pouvoir, les républicains s’agitent et les royalistes travaillent à restaurer un roi catholique. La controverse politique domine la France, et l’Église s’efforce de rester neutre. Mélanie cause donc des difficultés à sa hiérarchie, en continuant à répéter les paroles de la Vierge Marie et à dénoncer la franc-maçonnerie. L’évêque, conscient des sympathies passionnées et ouvertement royalistes de Mélanie, s’inquiète qu’elle s’implique dans la politique et, par là, y implique le culte de Notre-Dame de La Salette. Mélanie accepte la suggestion de Mgr Newsham, évêque de Darlington, qui lui rend visite à Corenc, de venir au Carmel de Darlington en Angleterre, où elle arrive en 1855.
Soustraite ainsi aux controverses politiques françaises, à la grande joie de l’évêque, elle prononce des vœux temporaires en 1856. En 1858, Mélanie écrit de nouveau au pape pour lui transmettre la partie du secret qu’elle a été autorisée à révéler cette année-là. Pendant son séjour à Darlington, elle parle de toute une série d’événements étranges et de miracles. L’évêque du lieu Mgr Hogarth lui défend de parler en public de ces prophéties. Elle ne prononce pas le vœu de clôture. « Quand elle veut sortir et qu’on essaye de l’en retenir, elle jette des lettres par-dessus le mur de clôture pour faire savoir qu’on la séquestre. Désireux d’éviter tout scandale, Mgr Hogarth la fait raccompagner à Marseille« . En 1860, elle est libérée par le Saint-Père de son vœu de rester cloîtrée au Carmel, pour qu’elle continue à accomplir sa mission, et elle revient sur le continent.
Elle entre alors dans la Congrégation des Sœurs de la Compassion à Marseille sous le nom de sœur Zénaïde. Une des sœurs, Marie, est désignée pour être sa compagne. Elles séjournent dans le couvent de Céphalonie, en Grèce, où toutes les deux sont parties ouvrir un orphelinat, puis restent quelque temps au Carmel de Marseille. Mélanie revient chez les Sœurs de la Compassion, où, en octobre 1864, elle est admise comme novice, à condition de ne pas révéler son identité. Mais elle est bientôt reconnue et chassée pour désobéissance. Au début de 1867, elle part avec sa compagne. Et, après un bref séjour à Corps et à La Salette, elles s’installent à Castellamare, près de Naples, où l’évêque local Mgr Petagna, leur fait bon accueil. Mélanie y réside dix-sept ans, mettant par écrit son secret qui comprenait la règle d’une fondation religieuse future.
III – L’Apparition (généralités)
Date
Le 19 septembre 1846, veille de la fête de Notre-Dame des Douleurs, les deux enfants voient la vierge, alors qu’ils gardent le troupeau.
Nombre et durée des apparitions
Une seule apparition
Emplacement des apparitions
Une montagne proche du village de La Salette-Fallavaux, à 1800 mètres d’altitude.
Récit (selon Wikipedia)
Le samedi 19 septembre 1846, aux environs de quinze heures, sur une montagne proche du village de La Salette-Fallavaux, deux jeunes bergers, Mélanie Mathieu ou Mélanie Calvat, âgée d’un peu moins de quinze ans, et Maximin Giraud (qu’on appelle parfois Mémin, et, par erreur, Germain), âgé de onze ans, voient apparaître dans une lumière resplendissante une « belle dame » en pleurs qui s’adresse à eux.
Le soir, ils en parlent à leurs maîtres. La veuve Pra (dite veuve Caron), maîtresse de Mélanie, se dit d’avis qu’ils ont vu la Sainte Vierge et on engage les enfants à tout raconter au curé de La Salette. Ils le font le lendemain dimanche au matin. Le curé pleure d’émotion, prend des notes et, de nouveau en larmes, parle du fait dans son prône. Le dimanche soir, en présence de Mélanie, mais en l’absence de Maximin, que son maître a reconduit dans sa famille à Corps, Baptiste Pra, maître de Mélanie, Pierre Selme, maître de Maximin, et un certain Jean Moussier collaborent à une mise par écrit des propos tenus par la dame aux enfants. Le document qui en résulte, et qu’on appelle « relation Pra », n’est plus connu que par une copie qu’en fit un enquêteur, l’abbé Lagier, en février 1847. Cette copie a la teneur qui suit :
À partir du 12 octobre 1846, les documents mentionnent qu’un secret personnel a été confié à chacun des deux enfants. Comme dit plus haut, la relation Pra fut écrite en présence de Mélanie et en l’absence de Maximin. Le P. Stern estime cependant possible que les rédacteurs aient ajouté aux déclarations de Mélanie des choses qui avaient été dites par Maximin. En effet, chacun des deux voyants avait, dans les premières semaines, une partie du message de la dame dont il était plus sûr que l’autre voyant. Le curé de La Salette notait le 16 octobre 1846 : « Tout ce récit » [c’est-à-dire essentiellement ce qui concerne les plaintes, les menaces et les promesses de la Vierge] « est fidèlement donné par la petite Mélanie et quoique le petit Germain n’ait pas pu dans le principe le donner avec le même ordre, il a toujours dit néanmoins en l’entendant raconter à sa petite compagne, que c’était bien cela.
Ce qui suit » [c’est-à-dire essentiellement le récit de l’incident de Coin, qui met en scène Maximin et son père] « a été plus particulièrement compris et retenu par le petit Germain ; Mélanie avouant qu’il est certain que la dame a parlé au petit sans qu’elle ait bien pu la comprendre. »Cependant, selon les termes du P. Stern, un « processus d’harmonisation » entre les déclarations des deux enfants aboutit à la fixation de la « vulgate salettine » : « La façon dont [Maximin] présente les paroles de la Dame (…) en février-mars 1847 doit certainement quelque chose aux récits qu’il a entendu faire à Mélanie entre temps. Mais une influence en sens inverse, de Maximin sur Mélanie, a dû également exister. »Bientôt, des interrogateurs (d’ailleurs favorables à l’authenticité de l’apparition) notent que les enfants récitent leur témoignage comme une leçon apprise.
Récit de l’apparition par l’abbé Giray missionnaire de la Salette
C‘était le 19 septembre 1846, veille de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, vers 3 heures du soir : il n’y avait point de nuages au ciel, point de brouillards dans l’air… À ce moment-là, – par un soleil radieux qui rendait impossible toute illusion, toute supercherie –, un prodige eut lieu, sur la montagne de La Salette, à 1 800 mètres d’altitude, en présence de deux petits pâtres : une « belle Dame » apparut soudain aux yeux émerveillés de Pierre-Maximin Giraud et de Françoise-Mélanie Calvat-Mathieu. Les deux enfants, dont l’un avait onze ans révolus et l’autre près de quinze ans, étaient nés à Corps et avaient, comme traits communs, leur origine, leur pauvreté, leur ignorance, leur innocence et même leur profession de berger. (…) Les deux enfants se connaissaient à peine. Maximin ne rencontra Mélanie, pour la première fois, que le jeudi soir 17 septembre.
Le lendemain, ils s’occupaient surtout à mettre des pierres les unes sur les autres pour faire des « paradis », ornés de fleurs alpestres, et c’est là que nous verrons s’asseoir la « belle Dame » .Le 19, ils se retrouveront au même endroit, c’est-à-dire au Mont-sous-les-Baisses, avec leurs petits troupeaux. Vers midi, au son de l’Angelus, ils mènent boire leurs vaches à la Fontaine des Bêtes ; puis, ils remontent jusque dans le vallon où coule la Sézia, qui est alimentée par la Fontaine des Hommes, située un peu plus haut ; et près de la Petite Fontaine, alors tarie, ils prennent leur frugal repas, et, contrairement à leur habitude, s’endorment sur le gazon, à quelque distance l’un de l’autre.
Vers 2 h 30, Mélanie se réveille la première et réveille Maximin : tous deux gravissent le plateau qui domine le ravin ; et, une fois sur le Collet, ils aperçoivent leurs vaches couchées sur le versant du Gargas. Ils redescendent, tranquillisés, lorsque Mélanie pousse un grand cri, à la vue d’un globe de lumière qui rayonnait et dont l’éclat emplissait tout le vallon… Cependant, Maximin était accouru ; et, devant l’effroi de sa petite compagne qui avait laissé choir sa houlette : « Garde ton bâton, lui dit-il… S’il nous fait quelque mal, je lui jetterai un bon coup !
» À ce moment, la clarté mystérieuse s’entrouvrit, et une « belle Dame » apparut, assise sur les pierres superposées, dans l’attitude d’une inconsolable affliction, la tête dans ses mains et les coudes sur ses genoux… Bientôt, elle se lève de son siège rustique ; puis, interpellant les petits pâtres et faisant quelques pas vers eux, elle leur dit : « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur : je suis ici pour vous conter une grande nouvelle.»
Rassurés, ils descendent jusque dans le ravin et s’approchent de la Vision, qu’ils peuvent contempler à leur aise. Coiffure brillante avec un diadème de rayons et une couronne de roses. Fichu blanc jeté sur les épaules et croisé autour de la ceinture, avec une guirlande de roses pour bordure. Robe de lumière, toute blanche avec paillettes d’or. Sur la poitrine et plutôt à l’intérieur, un crucifix, avec tenailles et marteau « qui tenaient sans rien pour les attacher »; mais, pour soutenir la croix et son Christ, il y avait une petite chaîne passée autour du cou ; puis, une seconde chaîne, en forme de galon et sans anneaux, semblait, de son poids très lourd, écraser les épaules comme pour symboliser le fardeau de nos péchés. Enfin, c’était un tablier jaune d’or, – humble livrée de « la servante du Seigneur » –, et des souliers blancs avec boucle d’or et touffe de roses…
Le visage était divinement beau, mais empreint d’une profonde tristesse. Maximin n’en vit que le front et le menton : le reste était trop éblouissant pour qu’il sut rien distinguer, tandis que Mélanie put contempler la physionomie tout entière. « Comment, demandait-on plus tard à Maximin, comment se fait-il que vous n’ayez pu voir la figure de la Sainte Vierge, puisque Mélanie l’a vue ? – Je ne sais pas, moi ; je n’étais peut-être pas assez sage. – Mélanie était donc plus sage que vous ? – Dieu le sait… Peut-être Mélanie avait besoin d’être convertie. Je ne sais pas ! » Cette boutade inoffensive laisserait entendre que Maximin enviait un peu Mélanie, plus favorisée que lui : il avait pourtant deviné, à l’accent désolé de la voix, qu’il s’agissait d’une âme affligée, « d’une maman que ses enfants auraient battue et qui se serait ensauvée dans la montagne pour pleurer à son aise !
» Mélanie vit aussi des larmes qui tombaient des yeux de la Sainte Vierge pour s’évanouir dans la lumière comme des étincelles de feu ; de plus elle observa, non seulement que les mains étaient croisées l’une sur l’autre dans les manches de la robe, mais que les oreilles aussi étaient cachées, comme les cheveux, sous une sorte de coiffe ou de bandeau… « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir. Depuis le temps que je souffre pour vous ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse pour vous ; et vous autres, vous n’en faites pas cas ! Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous !
« Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l’accorder. C’est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils ! Ceux qui conduisent des charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon Fils ! Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils. Si la récolte se gâte, ce n’est rien qu’à cause de vous autres ; je vous l’ai fait voir, l’année dernière, par les pommes de terre : vous n’en avez pas fait cas ; c’est au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à pourrir et à Noël il n’y en aura plus.»
À cet endroit du discours, Mélanie regarde Maximin comme pour lui demander ce que signifiaient les paroles de la « belle Dame ». Mais la Sainte Vierge leur dit aussitôt : « Ah ! Vous ne comprenez pas le français, mes enfants : je vais vous le dire autrement. » Elle reprend alors, en patois de Corps, ces dernières phrases : « Si la récolte se gâte… », et le reste. Puis, elle poursuit son discours dans le même dialecte populaire : « Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront, et ce qui viendra, tombera en poussière quand vous le battrez. Il viendra une grande famine ; avant que la famine vienne, les enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les bras des personnes qui les tiendront, les autres feront pénitence par la famine. Les noix deviendront mauvaises et les raisins pourriront.»
Après ces mots, la Sainte Vierge continue de parler ; mais, tout en voyant le mouvement de ses lèvres, Mélanie ne l’entend plus ; Maximin reçoit un secret. Bientôt après, la Belle Dame confie aussi à Mélanie un secret, et Maximin cesse de l’entendre parler. (…) La Sainte Vierge continua ensuite son discours de manière à être entendue des deux bergers, en leur disant : « S’ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en monceaux de blé, et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. » « Faites-vous bien votre prière, mes enfants ? » Leur demanda-t-elle ensuite. Et les enfants répondirent : « Pas guère, Madame. » – « Ah ! mes enfants, il faut bien la faire soir et matin ; quand vous ne pourrez pas mieux faire, dites seulement un Pater et un Ave Maria ; et quand vous aurez le temps, il faut en dire davantage.
« Il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe ; les autres travaillent, tout l’été, le dimanche, et l’hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la Religion ; le Carême, ils vont à la boucherie comme des chiens ! » Puis la Sainte Vierge ajouta : « N’avez-vous jamais vu du blé gâté, mes enfants ? » Tous deux répondirent : « Oh ! Non, Madame. » Alors, elle dit à Maximin : « Mais toi, mon enfant, tu dois bien en avoir vu une fois, vers la terre du Coin, avec ton père. Le maître de la pièce a dit à ton père : “ Venez voir comme mon blé se gâte. ” Vous y allâtes tous les deux. Ton père prit deux ou trois épis dans sa main, les froissa et tout tomba en poussière ; puis, quand vous reveniez et n’étiez plus qu’à une demi-heure de Corps, ton père te donna un morceau de pain en te disant : “ Tiens, mon enfant, mange encore du pain cette année, car je ne sais qui en mangera l’année prochaine, si le blé continue encore (à se gâter) comme ça. ” » Et Maximin répondit : « C’est bien vrai, Madame, je ne me le rappelais pas.
» La Sainte Vierge termina son discours par ces paroles prononcées en français : « Eh bien ! Mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. » Laissant les bergers, elle traverse le torrent de la Sézia et sans se retourner vers eux, elle dit une seconde fois : « Eh bien ! Mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. » Puis, elle se dirige vers le plateau, d’où elle s’élève au-dessus de terre, pour regagner ensuite les hauteurs sereines du firmament et du Paradis… L’eau de la petite Fontaine s’était remise à couler !
Le soir, lorsque le soleil fut sur son déclin, Maximin et Mélanie s’empressèrent de rentrer, avec leurs troupeaux, au village des Ablandens, et racontèrent à leurs maîtres tout ce qu’ils avaient vu et entendu sur la montagne. Et le récit que les petits pâtres firent le jour même du 19 septembre 1846, ils l’ont répété depuis, invariablement, devant un nombre incalculable de pèlerins, comme devant les autorités civiles et religieuses. (…) Oui, toujours les esprits droits et judicieux s’inclineront devant l’évidence et feront éclater leur reconnaissance enthousiaste, une fois éclairés par la lumière des faits et des arguments. S’il en était, parmi nos lecteurs, qui aient à cet endroit quelque perplexité douloureuse, tout comme le Curé d’Ars en a eue lui-même, nous espérons qu’ils concluront bientôt avec lui, mieux renseigné et tout heureux de connaître enfin la consolante vérité : « Maintenant, il ne me serait pas possible de ne pas croire à La Salette. J’ai demandé des signes pour croire à La Salette, et je les ai obtenus on peut et on doit croire à La Salette ! »
IV – Analyse de l’Apparition
Apparence de la Vierge
Coiffure brillante avec un diadème de rayons et une couronne de roses. Fichu blanc jeté sur les épaules et croisé autour de la ceinture, avec une guirlande de roses pour bordure. Robe de lumière, toute blanche avec paillettes d’or. Sur la poitrine et plutôt à l’intérieur, un crucifix, avec tenailles et marteau « qui tenaient sans rien pour les attacher »;
mais, pour soutenir la croix et son Christ, il y avait une petite chaîne passée autour du cou ; puis, une seconde chaîne, en forme de galon et sans anneaux, semblait, de son poids très lourd, écraser les épaules. Enfin, un tablier jaune d’or et des souliers blancs avec boucle d’or et touffe de roses… Mélanie observa aussi que non seulement les mains étaient croisées l’une sur l’autre dans les manches de la robe, mais que les oreilles aussi étaient cachées, comme les cheveux, sous une sorte de coiffe ou de bandeau…
Attitudes de la Vierge
« À ce moment, la clarté mystérieuse s’entrouvrit, et une « belle Dame » apparut, assise sur les pierres superposées, dans l’attitude d’une inconsolable affliction, la tête dans ses mains et les coudes sur ses genoux… Bientôt, elle se lève de son siège rustique. Le visage était divinement beau, mais empreint d’une profonde tristesse. Maximin avait deviné, à l’accent désolé de la voix, qu’il s’agissait d’une âme affligée, « d’une maman que ses enfants auraient battue et qui se serait ensauvée dans la montagne pour pleurer à son aise ! » Mélanie vit aussi des larmes qui tombaient des yeux de la Sainte Vierge pour s’évanouir dans la lumière comme des étincelles de feu.
Paroles de la Vierge
« Avancez mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle ; si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée à laisser aller la main de mon fils ; il [sic] est si forte et si pesante que je ne peux plus le maintenir, depuis le temps que je souffre pour vous autres, si je veux que mon fils ne vous abandonne pas je suis chargée de le prier sans cesse moi-même, pour vous autres n’en faites pas de cas ;
vous auriez beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous autres.Je vous ai donné six jours pour travailler ; je me suis réservé le septième et on veut [sic] pas me l’accorder ; c’est ça qui appesantit tant la main de mon fils ; et aussi ceux qui mènent les charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon fils au milieu, c’est les deux choses qui appesantissent tant la main de mon fils. »
« Si la récolte se gâte ce n’est rien que pour vous autres ; je vous l’avais fait voir l’année passée par les pommes, mais vous n’aviez pas fait cas que c’était au contraire, quand vous trouviez des pommes de terre gâtées vous juriez et vous mettiez le nom de mon fils au milieu.(vous ne comprenez pas mes enfants je m’en vais vous le dire autrement…) Si vous avez du blé il ne faut pas le semer ; tout ce que vous sèmerez les bêtes le mangeront et ce qu’il restera, encore que les bêtes n’auront pas mangé, l’année qui vient, en le battant, tombera en poussière.
Il viendra une grande famine ; avant que la famine arrive les enfants au-dessous de sept ans prendront un tremble qui mourront entre les mains des personnes qui les tiendront. Les autres feront leur pénitence en famine. Les noix viendront boffes, et les raisins pourriront et s’ils ne se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des amas de blé, et les pommes de terre seront ensemencées (pour l’année qui vient). L’été ne vont que quelques femmes un peu vieilles à la messe le dimanche et les autres travaillent, et l’hiver les garçons lorsqu’ils ne savent pas que faire vont à la messe que pour se moquer de la religion. Le monde ne font point de carême ; ils vont à la boucherie comme les chiens ; »
- « faites-vous bien votre prière mes enfants ?
- pas beaucoup madame!
- « Il faut bien la faire soir et matin et dire au moins un pater et un ave quand vous ne pourrez pas mieux faire. »
- « N’avez-vous point vu du blé gâté mes enfants ? »
- non madame
- « mais mon enfant vous n’en devez bien avoir vu une fois que vous étiez allé avec votre père au Coin qu’il y avait un homme qui dit à votre père de venir voir son blé qui était gâté ; puis votre père y est allé et il prit quelques épis dans sa main il les frotta et tombèrent en poussière, puis en s’en retournant comme ils étaient encore une demi-heure loin de Corps votre père vous donna un morceau de pain et vous dit : « tiens mon enfant mange encore du pain cette année que nous ne savons pas qui en va manger l’année qui vient si ça continue comme ça. » « Allons mes enfants faites-le bien passer à tout mon peuple. »
Messages de la Vierge
Le Fils est courroucé par l’attitude « du peuple ». Objet du courroux du Fils : les gens travaillent le dimanche et offensent le nom de Dieu par leurs jurons. L’été, il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe. Les autres travaillent le dimanche tout l’été, et l’hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la religion. Le carême, ils vont à la boucherie, comme les chiens. »
Cette offense est la cause des mauvaises récoltes, de la sécheresse, de la famine et de ses conséquences (la mort des petits enfants) est la faute des hommes. (ce n’est rien que pour vous autres).
Le prophète Aggée mettait déjà les mauvaises récoltes en lien avec l’absence de vigueur à redonner sa place centrale à Dieu (cf. Aggée 1,6. 10-11 ; 2, 15-19). L’Apocalypse parle de la sécheresse qui au lieu de provoquer la conversion pousse au blasphème (Apocalypse 16, 8-9), exactement comme la pénurie de pommes de terre provoque les jurons !
La Vierge est obligée de prier dans cesse pour retenir le bras de son fils elle a tellement prié que jamais « nous » ne pourrons compenser la peine qu’elle a pris !
Marie suggère que la fin de la disette est conditionnée par la prière et la conversion : « S’ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en monceaux de blé, et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. » « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous » avait déjà annoncé l’apôtre Luc 13, 3.
La Vierge associe les enfants à sa mission de messagère, nous rappelant cette phrase de Jésus rapportée par l’apôtre Mathieu : « Je te bénis, Père, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout- petits. » (Matthieu 11, 25) : « Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple », conclut-elle en français. Allons, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple.«
Notre Dame de La Salette est convaincue que la prière change le monde, mais aussi que, sans conversion, elle ne peut contenir le danger. Interrogé un jour sur le contenu du premier par le R. P. Giraud, supérieur général des Missionnaires de La Salette, Pie IX répondit : « Vous voulez connaître les secrets de La Salette ? Eh bien, les voici : “ Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous ! ” »
Le mouvement de conversion dépassa le canton de Corps et suscita un renouveau spirituel en France.
Eléments conformes aux autres apparitions
La beauté de la Vierge
Le cadre campagnard (montagne)
L’apparition à des enfants pauvres.
Le message d’alerte si les gens ne se convertissent pas
Le secret confié à chacun des enfants
Le patois parlé par la Vierge afin que les enfants, qui s’exprime aussi en français, la comprennent.
Comme à Amsterdam, où elle se positionne comme « la Dame de toutes les nations », la Vierge utilise l’expression » mon peuple » pour parler » des gens ».
Eléments spécifiques
Les vêtements de la vierge, tout à fait inhabituels, avec la présence de chaînes, d’un marteau et d’une paire de tenailles.
Lien avec d’autres apparitions
Les pleurs de la Vierge (Akita au Japon) et sa grande tristesse
V- Reconnaissance et sanctuaires
Reconnaissance
L’émotion provoquée par le récit de Mélanie et de Maximin fut vive et, après plusieurs enquêtes et rapports, Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, nomma une commission pour examiner l’événement de manière prudente ; celle-ci conclut qu’il fallait admettre la réalité de l’apparition. Bientôt, plusieurs guérisons miraculeuses survinrent sur la montagne de la Salette et les pèlerinages y commencèrent. Le miracle suscita bien sûr l’ironie des libres penseurs, mais jeta aussi le trouble chez les fidèles et surtout chez les ecclésiastiques. Contre l’apparition, une opposition violente se fit dans les diocèses de Grenoble et Lyon, aggravée par le fait que le curé d’Ars, considéré de son vivant comme un saint, se rangeait parmi les sceptiques.
La controverse entre Maximin et le curé d’Ars
En septembre 1850, Maximin, à qui certains conseillent de se faire Mariste, désire consulter le Curé d’Ars sur sa vocation. Brayer, bienfaiteur des deux voyants, et Verrier, un des partisans du « baron de Richemont » qui espèrent que le secret de La Salette a trait aux destinées de ce prétendu Louis XVII, se chargent de conduire Maximin chez le célèbre curé. Le tuteur de Maximin donne officiellement son consentement, mais l’évêque de Grenoble s’oppose au voyage.
Maximin, trépignant de dépit, refuse de se soumettre à cette interdiction. Brayer et Verrier passent outre à la volonté de l’évêque et emmènent à Ars Maximin accompagné de sa sœur Angélique, qui est majeure. Le groupe arrive à Ars le 24 septembre dans la soirée. Il est reçu par l’abbé Raymond, vicaire d’Ars, qui exprime devant Maximin une totale incrédulité à l’égard de l’apparition de La Salette.
Le lendemain matin, Maximin a un entretien seul à seul avec le curé d’Ars. Après cet entretien, le curé, qui avait jusque-là une grande confiance dans l’apparition de La Salette, déclare à plusieurs personnes, notamment à des ecclésiastiques, que Maximin s’est rétracté.
L’abbé Alfred Monnin, qui entra comme missionnaire dans l’entourage du curé d’Ars, a rapporté comme suit un entretien qu’il eut avec lui en présence de quelques personnes : Monsieur le curé, que faut-il penser de La Salette ?
– Mon ami, vous pouvez en penser ce que vous voudrez : ce n’est pas un article de foi. Moi, je pense qu’il faut aimer la sainte Vierge.
– Y aurait-il de l’indiscrétion à vous demander de vouloir bien nous raconter ce qui s’est passé entre vous et Maximin, dans cette entrevue dont on fait tant de bruit ? Quelle est au juste l’impression qui vous est restée ?
– Si Maximin ne m’a pas trompé, il n’a pas vu la sainte Vierge.
– Mais, Monsieur le curé, on dit que l’abbé Raymond avait poussé à bout cet enfant et que c’est pour se débarrasser de ses obsessions qu’il a dit n’avoir rien vu.
– Je ne sais pas ce que M. Raymond a fait ; mais je sais bien, moi, que je ne l’ai pas tourmenté. Je n’ai fait que lui dire, quand on me l’a amené : « C’est donc vous, mon ami, qui avez vu la sainte Vierge ? »
– Maximin ne disait pas qu’il avait vu la sainte Vierge ; il disait seulement qu’il avait vu une grande dame… Il y a peut-être là-dessous un malentendu.
– Non mon ami, le petit m’a dit que ce n’était pas vrai ; qu’il n’avait rien vu.
– Comment se fait-il que vous n’ayez pas exigé de lui une rétractation publique ?
– Je lui ai dit : « Mon enfant, si vous avez menti, il faut vous rétracter ».
– Ce n’est pas nécessaire, m’a-t-il répondu, ça fait du bien au peuple. Il y en a beaucoup qui se convertissent. Puis il a ajouté : « Je voudrais faire une confession générale et entrer dans une maison religieuse. Quand je serai au couvent, je dirai que j’ai tout dit, et que je n’ai plus rien à dire. » Alors, j’ai repris : « Mon ami, ça ne peut pas aller comme ça ; il faut que je consulte mon Évêque ».
– « Eh bien! Monsieur le curé, consultez. Mais ce n’est pas la peine. » Là-dessus, Maximin a fait sa confession. (…)
– Monsieur le curé, êtes-vous sûr d’avoir bien entendu ce que Maximin vous a dit ?
– Oh ! Très sûr ! Il y en a bien par-là qui ont voulu dire que j’étais sourd !… Que n’a-t-on pas dit ?… Il me semble que ce n’est pas comme ça qu’on défend la vérité. »
Le curé d’Ars, que l’affaire a plongé dans la désolation, confiera à une de ses proches, des années après la reconnaissance de l’apparition par l’évêque de Grenoble, qu’il est bien ennuyé de ne pas y croire. Il finira par retrouver sa foi dans La Salette pour des motifs dont l’un est purement subjectif (délivrance d’une peine intérieure) et dont l’autre (attribution d’une cause miraculeuse à un secours arrivé lors de difficultés financières) est d’un degré d’objectivité qui varie selon les témoins.
Jean-Marie Baptiste Vianney,
Le Curé d’Ars ou le saint Curé d’Ars, est né le 8 mai 1786 à Dardilly (près de Lyon), et mort le 4 août 1859 à Ars-sur-Formans (Ain). Il fut le curé de la paroisse d’Ars (alors Ars-en-Dombes, aujourd’hui Ars-sur-Formans) pendant 41 ans. Il est nommé patron de tous les curés de l’Univers par le pape Pie XI en 1929. On avait annoncé en 2009 qu’il serait nommé patron de tous les prêtres du monde par Benoît XVI, mais on publia en 2010 que le pape avait changé d’avis.
La Controverse autour de Mélanie
Pendant ce temps, sous les auspices de l’évêque de Grenoble, se sont créés à La Salette des ordres religieux chargés de s’occuper des pèlerins et de diffuser le message de la vision. Mélanie fait savoir hautement que l’apparition l’avait autorisée à donner elle-même à ces ordres leurs noms, leurs règles et leurs costumes. Celui destiné aux hommes doit s’appeler l’Ordre des Apôtres des Derniers Jours, celui pour les femmes l’Ordre de la Mère de Dieu.
Quand l’évêque refuse de se plier à ses exigences, elle fait appel au pape Léon XIII qui lui accorde une audience privée le 3 décembre 1878. Entre temps, vers 1873, Mélanie met de nouveau par écrit son message personnel, avec l’imprimatur du Cardinal Sisto Riario Sforza, archevêque de Naples et avec l’approbation de Pie IX. Le message est officiellement publié par Mélanie Calvat elle-même, le 15 novembre 1879, sous le titre de L’Apparition de la Sainte-Vierge sur la montagne de La Salette, et reçoit l’imprimatur de Mgr Salvatore Luigi Zola, évêque de Lecce près de Naples, qui dans son diocèse a protégé Mélanie et l’a aidée.
Dès le début, le message de 1873 est exploité par les anticléricaux et les francs-maçons français pour attaquer les catholiques dans le pays. La confusion qui en résulte atteint le prestige de La Salette relégué au rang de site mineur de pèlerinage catholique en demi-sommeil. À la suite de cette publication commence une dispute historique sur ce qui faisait partie du secret et ce qui y avait été ajouté, qui dure encore aujourd’hui.
En 1880, l’évêque de Troyes dénonce au Saint-Office le livre qui a reçu l’imprimatur à Lecce, et à son tour le cardinal Prospero Caterini, secrétaire de cette congrégation, lui répond publiquement ainsi qu’à l’évêque de Castellamare et aux autres membres de la hiérarchie que : le Saint-Office est mécontent de la publication de ce livre. Sa volonté expresse est que chaque exemplaire qui a été mis en circulation soit, dans la mesure du possible, retiré des mains des fidèles.Par la suite, le Vatican met ce livre à l’Index.
Les 18 et 19 septembre 1902 Mélanie visite une dernière fois la montagne de La Salette. Elle retourne ensuite à Altamura, près de Bari dans le sud de l’Italie, et y meurt le 14 décembre 1904. Ses restes sont enterrés au pied d’une colonne de marbre avec un bas-relief représentant la Vierge Marie accueillant au ciel la bergère de La Salette.
Tout au long de sa vie difficile, Mélanie est restée pauvre et pieuse, toujours fidèle à son premier témoignage. En 1906 une autre des publications de Combe, intitulée Le Secret de Mélanie et la Crise actuelle est à son tour mise à l’Index. Ces décisions de l’Église jettent un grand trouble dans l’esprit des catholiques, aussi l’Église est obligée de préciser que le message originel, confié à Maximin et Mélanie en 1846, est toujours approuvé et que l’interdiction ne vise que les derniers messages, et particulièrement l’édition de 1872-1873 où il est écrit que Rome perdrait la foi et deviendrait le siège de l’Antéchrist.
Position de l’église
Comme il est dit plus haut, la Vierge confia à chacun des deux enfants un secret spécial. Ces deux secrets, que ni Mélanie ni Maximin ne se révélèrent jamais l’un à l’autre, furent envoyés par eux en 1851 à Pie IX sur le conseil de Mgr de Bruillard. On ne sait quelle impression ces révélations mystérieuses firent sur le pape, car il existe là-dessus deux versions diamétralement opposées. Le secret de Maximin reste inconnu, car il n’a jamais été publié. Celui de Mélanie a été inséré dans son entier dans la brochure qu’elle-même fit imprimer en 1879 à Lecce, en Italie, avec l’approbation de l’ordinaire du lieu. Une vive controverse s’en est suivie pour savoir si le secret publié en 1879 était identique à celui qui avait été communiqué à Pie IX en 1851 ou si, dans sa deuxième forme, il n’était pas tout simplement le travail de son imagination.
La dernière opinion est celle de personnes qui sont convaincues qu’une distinction doit se faire entre deux Mélanie, la voyante innocente et simple de 1846 et la visionnaire de 1879, dont l’esprit avait été dérangé par la lecture de livres apocalyptiques et de la vie d’illuminati.
Comme Rome ne s’est pas prononcé, le conflit s’est prolongé entre les deux camps. La plupart des défenseurs du texte de 1879 ont subi la censure de leurs évêques. Maximin Giraud, après une vie malheureuse et errante, revint à Corps, son village natal où il mourut en odeur de sainteté le 1er mars 1875. Mélanie Calvat termina une vie qui n’avait pas été moins errante à Altamura en Italie le 15 décembre 1904. »
Finalement Mgr de Bruillard déclara le 16 novembre 1851 que l’apparition de la Vierge était certaine et autorisa le culte de Notre-Dame de La Salette. Cet acte affaiblit l’opposition sans la faire disparaître et ses chefs, profitant en 1852 de l’arrivée d’un nouvel évêque, Mgr Ginoulhiac, remplaçant Mgr Bruillard qui avait démissionné, attaquèrent violemment la réalité du miracle de la Salette. Deux ecclésiastiques, l’abbé Deléon et le curé Cartellier, affirmaient même que la « belle dame » était en réalité une vieille fille appelée mademoiselle de La Merlière, ancienne religieuse ; ce qui donna lieu à un curieux procès pour diffamation que la plaignante perdit deux fois, en première instance le 2 mai 1855 et en appel le 6 mai 1857 ; l’imprimeur M. Étienne Redon de Grenoble était aussi poursuivi, malgré une plaidoirie éloquente de Jules Favre. Le curé de l’église Saint-Joseph de Grenoble, l’abbé Cartellier et l’abbé Deléon continuèrent par la suite à publier des brochures contre l’apparition. Le cardinal-archevêque de Lyon, Mgr de Bonald, leur était favorable. La Papauté ne s’engagea pas.
Sanctuaire (s)
En dépit des multiples controverses, la première pierre d’une grande église fut solennellement posée sur la montagne de la Salette, le 25 mai 1852, devant une grande assemblée de fidèles. Cette église, plus tard promue au rang de basilique, fut desservie par des religieux appelés missionnaires de Notre-Dame de la Salette, qui furent remplacés en 1891 par des prêtres diocésains après leur expulsion par des lois d’exil.
Lieu du second grand pèlerinage en France après Lourdes, cette basilique reste un monument marquant de l’architecture religieuse en Isère. Au-delà des rassemblements du 15 Août et du 19 Septembre, le site, perché à plus de 1800 mètres, mérite le détour.
Sanctuaire de Notre Dame de La Salette