Belgique / Du 29 Novembre 1932 au 3 Janvier 1933 Notre Dame de Beauraing

I – Généralités

Pays de l’apparition

Belgique

Site 

Beauraing

Beauraing  est une ville francophone de Belgique située en Région wallonne dans la province de Namur

Panorama sur la ville de Beauraing
Par Jean-Pol GRANDMONT — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12737785

Désignation  

Notre Dame de Beauraing ; la Vierge « au cœur d’or ». 

Contexte historique

En cette année 1932, la chanson « On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried » de Ray Ventura est le tube musical du moment en France. La ligne Siegfried est l’équivalent allemand de la ligne Maginot française. A MunichGeorg Elser commet un attentat à la bombe contre Hitler, alors que celui-ci célèbre le 16e anniversaire du putsch de la Brasserie. Mobilisation générale en Suisse et en Finlande.

Le gouvernement polonais en exil quitte Paris pour Angers. Répression féroce par la Gestapo suite à l’insurrection étudiante de Prague. 120 étudiants sont fusillés. Déportation et prison pour nombre d’autres. Le gouvernement soviétique demande à la Finlande de lui céder le territoire de l’isthme de Carélie. Le rejet par le gouvernement finlandais des exigences soviétiques conduit à la guerre. Le 30 novembre, l’URSS attaque la Finlande par surprise. 

II – Le ou les voyants (es) 

Les apparitions mariales de Beauraing font référence aux apparitions de la vierge Marie entre le 29 novembre 1932 et le 3 janvier 1933, à cinq enfants du village de Beauraing, dans la province de Namur en Belgique : Fernande, Gilberte et Albert Voisin, ainsi qu’Andrée et Gilberte Degeimbre. 

La nièce du curé de Vonêche, le village voisin, qui n’est qu’à quelques kilomètres de Beauraing, le lieu des apparitions explique que deux des voyants furent les paroissiennes de son oncle curé avant qu’elles ne déménagent, en mai 1932, à la suite du décès de leur père, quelques mois avant les faits.

Elle raconte : « Notre oncle connaissait plus particulièrement la plus grande, Andrée Degeimbre, à qui, dès son affectation à Vônèche, il avait enseigné le catéchisme préparatoire à la communion solennelle et à la confirmation (passage des chrétiens dans le monde des adultes croyants). Il trouvait cette petite paroissienne très sage, attentive et modeste, incapable de mentir. Il était formel, cette adolescente de 15 ans au moment des faits n’avait rien inventé ; elle avait vu ce qu’elle racontait. 

Sa sœur Gilberte Degeimbre qui avait 9 ans à cette époque, fit sa communion privée vers 6/7 ans, dans la paroisse de notre oncle. Ce fut elle que celui-ci interrogea la première quelques jours après les faits et qui fit sur lui la meilleure impression, à tel point qu’il fut convaincu de sa sincérité et ne put s’empêcher d’en faire part à son supérieur, le Doyen. 

Madame Degeimbre, la maman des deux enfants, était une fermière bien équilibrée qui mit beaucoup de temps à ajouter foi aux histoires de ses enfants. Elle fut même très dure avec eux, redoutant le ridicule et les punissant rudement avec interdiction d’aller au lieu des apparitions.

Les trois autres de la famille Voisin, Fernande Voisin âgée de 15 ans au moment des « visions », terme souvent employé par notre oncle, Gilberte voisin, 13 ans alors et Albert Voisin un garçon âgé de 11 ans à cette époque,eurent l’avantage d’être très vite crus par leurs parents.

Destinée des voyants

« Nous étions pratiquants mais pas plus. Au moment de l’apparition, nous nous amusions à tirer des sonnettes. Ma sœur aînée, très pieuse, ne comprenait pas qu’elle en était exclue ! » explique Gilberte Degeimbre. Le passé des voyants n’a pas été marqué par une vie religieuse exceptionnelle. Ils ont tous fondé un foyer, exercé une profession modeste bien qu’honorable et n’ont tiré aucun avantage matériel de l’événement.

Le 10 Février 2015, Gilberte Degeimbre, le dernier témoin des apparitions de la Vierge à Beauraing dans les années 30, est morte à l’âge de 91 ans. Hospitalisée au CHU de Mont-Godinne depuis un mois, elle a succombé à une bronchite. Gilberte Degeimbre a vécu près de 50 ans en Italie, elle était revenue s’installer à Beauraing, il y a quelques années. C’est là que ses funérailles furent célébrées par l’évêque de Namur. On peut entendre le témoignage de Gilberte Degeimbre, sur you Tube.

Gilberte Degeimbre
Gilberte Degeimbre, enfant

III – L’Apparition (généralités) 

Dates

Entre le 29 novembre 1932 et le 3 janvier 1933

Nombre et durée des apparitions

La « Dame » se montra 33 fois de fin novembre 1929 à janvier 1930 

Emplacement des apparitions

Le 30 novembre, la Sainte Vierge apparaît aux enfants à 1 mètre au-dessus d’un pont ; le 1erDécembre elle apparaît aussi au dessus du pont,  mais cette fois, elle rejoint les enfants quand ils passent près du houx du jardin, puis sous une branche de l’aubépine près de la grille d’entrée. 

Récit 

Le 29 novembre 1932, Fernande Voisin, 15 ans, et son frère Albert, 11 ans, vont chercher leur sœur Gilberte, 13 ans, au pensionnat tenu par les Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy, accompagnés de leur amie Andrée Degeimbre, 14 ans, et de sa petite sœur Gilberte, 9 ans.  

Alors qu’il vient de sonner à la porte du pensionnat, Albert se retourne, regarde dans la direction du talus du chemin de fer tout proche et s’exclame : « Regardez la Vierge qui se promène au-dessus du pont ! » Il voit une femme habillée de blanc, « toute lumière », qui marche à un mètre au-dessus du pont. Lorsque les filles se retournent à leur tour, elles peuvent aussi apercevoir la « belle dame », tout comme Gilberte qui arrive peu après de l’intérieur du pensionnat. Leur première réaction est l’affolement. Apeurés, ils retournent chez eux en courant, mais décident quand même de revenir chercher Gilberte à la même heure le lendemain.

Le 30 novembre, la Sainte Vierge leur apparaît de nouveau au-dessus du pont ; également le 1er décembre, mais cette fois, elle rejoint les enfants quand ils passent près du houx du jardin, puis sous une branche de l’aubépine, près de la grille d’entrée. Elle apparaît debout sur un petit nuage qui cache ses pieds. Elle est vêtue d’une longue robe blanche traversée par trois fins reflets bleus ; ceux-ci partent de son épaule gauche et disparaissent au bas de la robe, sur la droite. Sa tête, dont sortent de fins rayons de lumière formant comme une couronne, est recouverte d’un long voile blanc qui tombe sur les épaules. Elle tient les mains jointes et sourit.

Podium et Vierge de l’Aubépine
Par Varech — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9958558

À partir du 29 décembre, ils aperçoivent entre ses bras son cœur illuminé, tel un Cœur d’or.  

Née le 13 août 1923, Gilberte Degeimbre avait neuf ans lors des premières apparitions en 1932. « La Vierge était blanche et brillante, elle se promenait dans l’espace au-dessus du pont du chemin de fer » expliquait-elle en 2012. « Elle nous a demandé de prier beaucoup, et elle voulait que Beauraing devienne un lieu de pèlerinage ». Au total, la Vierge est apparue à 33 reprises en 1932 et 1933. A l’époque, le témoignage des enfants n’a pas été pris aux sérieux. « Personne ne nous croyait, même ma mère. On pensait que nous étions des menteurs », confiait encore Gilberte Degeimbre. 

Le témoignage de Gilberte Degeimbre d’après une vidéo  You Tube

Gilberte Degeimbre témoigne de ce qu’elle a vu dans une vidéo disponible sur Internet. En voici les éléments les plus intéressants : la vierge est à 50 cm ou 1 mètre du sol, au dessus d’un petit nuage ; on ne voit pas ses pieds mais on devine ses pas quand elle se déplace.  Elle est très très brillante ; elle se tient mains jointes et ne les écarte que lorsqu’elle disparaît comme pour dire « venez à moi ». Elle porte une robe blanche toute droite avec un reflet bleu qui part de l’épaule gauche et rejoint le bas droit de la robe et des plis en bas. Elle porte un chapelet au coude droit qui descend très bas. Certaines fois, un cœur d’or apparaît sur sa poitrine émettant des rayons d’or. Elle porte un voile léger sur la tête et une couronne de rayons d’or égaux et lumineux, très légers. Sa voix est très douce, pénétrante, son regard est doux et ses yeux sont bleus. Sa beauté est « au delà de tout ».

Elle utilise très peu de mots et sourit. Elle nous a demandés si nous étions sages, l’aimions elle et son fils, de prier, de venir «  ici » en pèlerinage, de faire construire une chapelle. Elle nous a dit qu’elle convertirait les pécheurs, qu’elle était la reine des cieux, la vierge immaculée, et nous a confiés un secret à chacun..

Une force énorme oblige les enfants à s’agenouiller lorsqu’elle apparaît. Les chiens se couchent et se taisent en sa présence. Le choc avec la réalité est violent lorsqu’elle disparaît. Le choc le plus fort est que ma mère ne me croit pas ; « nous étions pratiquants mais pas plus. Au moment de l’apparition, nous nous amusions à tirer des sonnettes. Ma sœur aînée, très pieuse, ne comprenait pas qu’elle en était exclue ! Pendant les apparitions, les médecins nous séparaient, nous pinçaient fort, nous donnaient des coups de canif, faisaient bruler une allumette sous ma main ; nous ne sentions rien ; pas de traces non plus. J’ai compris que c’était tout ce que nous faisions qui devait être une prière » 

Le témoignage du curé de Vonêche, proche de Beauraing, relaté par sa nièce *   

« Du 29 novembre 1932 au 3 janvier 1933, notre oncle fut un témoin privilégié des apparitions de la Vierge à Beauraing, petite ville voisine de son village. Cet événement marqua profondément la vie religieuse de la Belgique et même de certains pays voisins. Il s’inscrivait dans un contexte particulier de foi mariale (culte de la vierge Marie) qui s’était développé en France et dans les pays latins. Avec l’honnêteté qui le caractérise, il rédigea dans un grand registre, ayant pour titre : « Les apparitions de Beauraing – Journal d’un témoin », un manuscrit de 35 pages relatant les faits dont il fut un témoin privilégié, ainsi que le témoignage de diverses personnalités de la région dignes de foi. En première page d’introduction, il avertit bien modestement ceci : « Que valent ces pages ? Je l’ignore. Elles n’ont d’autre prétention que d’être le témoignage sincère et aussi objectif que possible d’un prêtre qui depuis les événements de Beauraing n’a rien négligé pour chercher la vérité ». Voici ce qu’il a écrit :

Le village pittoresque de Vonêche

« Le papa Voisin, employé aux chemins de fer, allait habituellement rechercher sa fille au pensionnat. De garde ce soir-là, le 29 novembre 1932, vers 18 heures, il envoya ses deux enfants, Fernande et Albert, rechercher leur sœur Gilberte. Chemin faisant, ils rencontrèrent les deux enfants Degeimbre, anciens voisins qu’ils connaissaient bien. La joyeuse bande ne manqua pas quelques gredineries, telle celle de sonner aux portes avant d’atteindre le pensionnat des sœurs.

Ce fut le garçon de 11 ans qui, après avoir actionné la sonnette de la porte d’entrée du pensionnat et se retournant, aperçut dans la nuit une forme lumineuse qui se déplaçait sur le pont du chemin de fer bordant l’établissement. Les autres, incrédules d’abord, voient aussi ce qu’ils prennent pour la Vierge de Lourdes dont la statue se trouve dans une grotte artificielle située juste en dessous et qui se serait déplacée.Ils le signalent à la sœur qui est venue leur ouvrir, mais qui n’en croit rien tout en allant chercher la petite Gilberte qui, bien qu’ignorante de ce qui vient de se passer, aperçoit aussi une forme en mouvement sur le pont.

Effrayés, les enfants se sauvent. Dès le jeudi 1er décembre, sur les conseils de Madame Voisin, les enfants récitent des « ave Maria » (courte prière invoquant la Sainte Vierge) pendant toute la durée des « apparitions ». La dame reviendra les trois jours suivants ; cependant, ce ne sera qu’à partir du quatrième, le 2 décembre, qu’elle leur parlera. La dame se montra 33 fois de fin novembre de 1929 à janvier 1930 en leur révélant qu’elle était la mère de Dieu, la reine des cieux. A sa dernière apparition, le 3 janvier, elle eut une parole et un secret pour chacun en particulier. Notre oncle et son beau-frère, l’instituteur de Mesnil-Eglise, attendaient leur retour du lieu des apparitions chez la famille Degeimbre. Ils reçurent des précisions sur ce que la « Dame » leur avait confié, mais aucun ne voulut leur révéler quoi que ce soit de ce qu’il leur avait été dit sous la forme du secret.

IV – Analyse de l’Apparition

Apparence de la Vierge

La vierge est à 50 cm ou 1 mètre du sol, au dessus d’un petit nuage ; on ne voit pas ses pieds mais on devine ses pas quand elle se déplace.  Elle est très très brillante. Elle porte une robe blanche toute droite avec un reflet bleu qui part de l’épaule gauche et rejoint le bas droit de la robe et des plis en bas. Elle porte un chapelet au coude droit qui descend très bas. Certaines fois, un cœur d’or apparaît sur sa poitrine émettant des rayons d’or. Elle porte un voile léger sur la tête et une couronne de rayons d’or égaux et lumineux, très légers. Sa voix est très douce, pénétrante, son regard est doux et ses yeux sont bleus. Sa beauté est « au delà de tout. »

Notre Dame de Beauraing
Au pied de l’aubépine
Par Tnd — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2804038

La Vierge au cœur d’or : « M’aimez vous ? » 

Attitudes de la Vierge

Elle se tient mains jointes et ne les écarte que lorsqu’elle disparaît comme pour dire « venez à moi ». Elle utilise très peu de mots et sourit.

Paroles de la Vierge

Andrée Degeimbre raconta que la « Dame » lui avait précisé qu’elle était la mère de Dieu, la reine des cieux, ainsi que cette recommandation : « Priez toujours » ;

pour Gilberte Degeimbre : « Il y a entre nous deux un secret que vous ne pouvez pas dire, adieu » ;

pour Gilberte Voisin : « Je convertirai les pécheurs », tandis qu’Albert Voisin confia qu’en dehors du secret, il y avait autre chose qu’il ne pensait pas pouvoir révéler. 

Enfin, Fernande Voisin l’aînée, bénéficiera d’une solennité plus grande de sa vision qui sera accompagnée d’un coup de tonnerre et d’une boule de feu de laquelle la dame surgira. Celle-ci lui demandera alors : « Aimez-vous mon fils ? » à sa réponse affirmative, elle continuera : « M’aimez-vous aussi ? », « oui ! » A la suite de quoi la vision ajoutera « Sacrifiez-vous pour moi, adieu »

Messages de la Vierge  

La Vierge se présente avec le titre de mère de Dieu et Reine des cieux. 

Elle promet de convertir les pécheurs. 

Elle réclame qu’on l’aime et qu’on aime son fils. 

Elle réclame qu’on se sacrifie pour elle. 

Cet amour et ce sacrifice qu’elle réclame pour elle et son fils peuvent être interprétés comme le souhait de la Vierge de considérer qu’elle fait « Un » avec son fils, de la même manière qu’à Amsterdam, plus tard, elle réclamera d’être co-rédemptrice de l’humanité avec son fils.  

Autres Visions et/ou éléments supra-naturels

Fernande Voisin, l’aînée, bénéficiera d’une solennité plus grande de sa vision qui sera accompagnée d’un coup de tonnerre et d’une boule de feu de laquelle la dame surgira.

Notre Dame de Beauraing
Marie « Mère de miséricorde »

Eléments conformes aux autres apparitions 

  • Albert voit une femme habillée de blanc, « toute lumière ». 
  • Elle apparaît près du houx du jardin, puis sous une branche de l’aubépine. 
  • elle marche à un mètre au-dessus du pont, apparaît debout sur un petit nuage qui cache ses pieds. 
  • Elle tient les mains jointes et sourit. 
  • Elle nous a demandés de venir ici en pèlerinage, de faire construire une chapelle. 
  • Elle nous a dit qu’elle était la reine des cieux, la vierge immaculée 
  • Une force énorme oblige les enfants à s’agenouiller. 
  • Pendant les apparitions, les médecins nous séparaient, nous pinçaient fort, nous donnaient des coups de canif, faisaient bruler une allumette sous ma main ; nous ne sentions rien ; pas de traces non plus. 
  • Elle eut une parole et un secret pour chacun en particulier. 
  • Elle insiste sur la prière et la conversion des pécheurs.  
  • Des guérisons sont signalées.

Eléments spécifiques

À partir du 29 décembre, ils aperçoivent entre ses bras son cœur illuminé, tel un cœur d’or. Les voyants ne connaîtront pas un itinéraire de sainteté comme les voyants de Lourdes ou Fatima, par exemple. La vision ajoutera : « M’aimez-vous aussi ? Sacrifiez-vous pour moi, adieu » 

Lien avec d’autres apparitions 

La proximité géographique et temporelle avec l’apparition de Banneux.

V- Reconnaissance et sanctuaires 

Eléments de véracité 

D’après le témoignage du curé de Vonêche relaté par sa nièce, Andrée Degeimbre était une jeune fille  très sage, attentive et modeste, incapable de mentir.  Tandis que ce fut sa sœur Gilberte, qui avait 9 ans à cette époque et que celui-ci interrogea la première quelques jours après les faits, qui fit sur lui la meilleure impression.

– Les enfants (ils sont cinq) ont une vue simultanée de la vision.

– Après quelques apparitions, on a séparé les enfants par des adultes de manière à ce qu’ils ne puissent communiquer entre eux.

– Ils racontent la même chose avec les mêmes détails (à peu de choses près).

– Les enfants (si on peut dire, n’oublions pas qu’il y a une adolescente de 15 ans et une autre de 14 et demi) ne semblent nullement troublés par ces événements et l’importance que le public et les médias leur ont donnée. Ils restent très simples et ne cherchent pas à s’en glorifier.

– Des médecins ont constaté que les enfants ne réagissaient pas à la brûlure d’une allumette allumée sous leurs mains, ni à de légers coups de canif dans le visage. L’éblouissement d’une lampe de poche allumée dans leurs yeux ne les fait pas ciller.

– La vision ne semble pas intérieure. Lors des premières apparitions, Madame Degeimbre voulant fouiller les buissons a eu ce reproche d’un des enfants : Maman, tu marches dessus

– Les parents furent très durs dans les premiers temps. Principalement, Madame Degeimbre qui agira sévèrement avec son aînée jusqu’à la punir physiquement en la laissant dans le froid pour lui faire renoncer à  « ses histoires ».

« Je suis convaincu de l’honnêteté scrupuleuse de l’oncle de Vonêche, ce qui est écrit dans son grand registre est l’exacte relation de ce qu’il a vu et entendu. Il a pris avis des personnages les plus autorisés qu’il a pu fréquenter, qu’ils soient croyants ou agnostiques, qu’ils appartiennent au monde médical ou de la science. » nous dit la nièce du curé de Vonêche, par ailleurs réfutant la réalité de l’apparition. ( lire ci après)

Nota important: la nièce qui relate les notes de son oncle curé a rédigé, sur le site mentionné, une importante démonstration pour expliquer qu’en fait d’apparitions, il ne s’agit que de représentations mentales dictées par la pression du milieu ambiant, très religieux, l’influence d’un « cerveau-maître » ( …)  et la proximité de la fête de la Vierge, le 8 Décembre. 

Reconnaissance

Ces événements eurent un retentissement énorme dans le pays ; des foules considérables se pressèrent dans la petite bourgade, jusqu’à 25 à 30.000 le dernier jour. Le clergé belge, en la personne de Monseigneur Charue, Évêque de Namur, autorisera le culte le 2 février 1943 et reconnaîtra l’authenticité des faits le 2 juillet 1949. Deux guérisons ont été admises comme miraculeuses par des médecins ; aucune explication scientifique n’ayant pu être avancée. En 2013, l’église supérieure des sanctuaires a été élevée au rang de basilique mineure. 

Sanctuaire (s)

La Vierge avait demandé une chapelle le 17 décembre 1932. Il fallut attendre la reconnaissance du culte puis la fin de la guerre pour entreprendre la construction de la « Chapelle Votive », qui débuta en 1947 pour se terminer et être bénie les 21 et 22 août 1954 par Mgr Charles-Marie Himmer, évêque de Tournai (et ancien vicaire de Beauraing).

La Chapelle mariale de Beauraing
Par Jean-Pol GRANDMONT — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12737179

Ce bâtiment en pierre du pays est l’œuvre de l’architecte Michel Claes (Namur,1913-Beauraing, 1995) passionné par l’architecture romane et l’harmonie des proportions basée sur le nombre d’or. En 1968 eut lieu la consécration de l’église supérieure consacrée à la Mère de Dieu. Il s’agit d’un grand bâtiment en béton construit sur la colline. Il permet d’accueillir quatre à cinq mille personnes. La grande crypte ou Église du Rosaire supporte cette église. Début des années 2000, la restauration des bétons, victimes d’un défaut ou d’une maladie inconnue à l’époque, va coûter un million d’euros aux sanctuaires. Les bâtiments de l’école furent libérés par le départ de l’INDSC vers la rue de Rochefort et un accueil des malades fut organisé fin des années 1940, début 1950.

La sauvegarde des souvenirs des apparitions est confiée au Musée Marial. Une revue bimestrielle fait l’écho des activités du sanctuaire, il s’agit de La Voix de Beauraing. Cette revue paraît depuis 1933 et a vu le jour sous le nom de l’Officiel de Beauraing, titre qui parut trop pompeux pour les autorités ecclésiastiques de l’époque. 

Un célèbre pèlerin est venu à Beauraing le 18 mai 1985, il s’agit du pape Jean-Paul II. Après son arrivée par hélicoptère dans un champ rue de Vignée (aujourd’hui rue de l’Aubépine), il s’arrêta au jardin des apparitions et rencontra les voyants et leurs familles, puis célébra une messe en plein air sur ce que l’on appellera ensuite la « pâture du pape ».

Le Pape saint Jean Paul II à Beauraing

Le 75e anniversaire des apparitions a été l’occasion de multiples événements dont une messe télévisée en Eurovision le 15 août 2007. Un livre mémorial a été écrit par le recteur des sanctuaires et le président du séminaire de Namur.

La messe à Beauraing, le 15 Août
Le sanctuaire

Portugal / 13 Mai au 13 Octobre 1917 Notre dame de Fatima

I – Généralités

Pays de l’apparition

Portugal

Site 

Fatima

Fatima, paroisse rurale de 2500 âmes en 1917, située à 130 km au nord de Lisbonne, dans le district (département) de Santarem. Elle appartient au diocèse de Leiria, dans la Basse-Beira. Elle est formée d’une quarantaine de hameaux, perdus dans les replis d’un plateau, rattaché au massif montagneux appelé Serra de Aire. Son nom était pour ainsi dire ignoré de tous — même des Portugais. À huit cents mètres au sud du village, de chaque côté d’une route tortueuse, balayée par les vents, grossièrement pavée, et tout juste assez large pour laisser passer deux charrettes à bœufs, se trouve le hameau d’Aljustrel. Les habitants sont des paysans rudes et laborieux, constamment occupés aux travaux des champs, sur ce sol ingrat. Les maisons sont petites, sans étages, couvertes de tuiles. La façade, d’ordinaire blanchie à la chaux, est coupée de deux petites fenêtres et d’une porte étroite à laquelle on accède du chemin par deux ou trois marches de pierres.

Vue panoramique de la cathédrale de Fatima
Par Andreas Trepte — Travail personnel, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4397390

Désignation  

Notre-Dame de Fátima est le nom sous lequel est invoquée la Vierge Marie telle qu’elle est apparue à trois enfants à Fátima, petit village du centre du Portugal, à six reprises au cours de l’année 1917

Contexte historique

L’histoire politique du Portugal est troublée à cette époque : en 1910 la République a été proclamée instaurant la séparation de l’église et de l’Etat. Les gouvernements se succèdent à un rythme accéléré. En 1915, un coup de force ouvre une période de dictatures, notamment celle du Général Pimenta de Castro de janvier à mai 1915, puis celle de Sidónio Pais, de décembre 1917 au 14 décembre 1918, date de son assassinat. En 1916, le Portugal, d’abord neutre, s’engage dans la Première Guerre mondiale au côté de son ancien protecteur, la Grande-Bretagne. 

II – Le ou les voyants (es) 

Lucia dos Santos 

Née le 22 Mars 1907 et morte le 13 Février 2005 à Coimbra au Portugal, Lucia Dos Santos est une religieuse portugaise de l’Ordre du Carmel. Avec ses cousins Jacinta Marto et Francisco Marto, elle dit avoir été témoin de l’apparition de Notre-Dame de Fátima. En 1926, elle aurait vécu le comble de sa vie religieuse en étant témoin d’une théophanie trinitaire, c’est-à-dire une apparition divine de la Sainte Trinité.

Également dénommée Sœur Marie Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé, elle vivait recluse depuis 1948, avec interdiction formelle de communiquer avec l’extérieur, au carmel de Sainte-Thérèse à Coimbra, où elle menait une vie pieuse et contemplative. La cause pour sa béatification a été engagée par l’Eglise catholique.


Lucia Dos Santos , enfant
Par attribué à Joshua Benoliel — Cette image a été extraite d’un autre fichier : ChildrensofFatima.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56167336

Francisco Marto 

Né le 11 Juin 1908 et mort à 11 ans le 4 Avril 1919 à Fatima au Portugal, Francisco Marto est un des trois pastoureaux qui disent avoir vu la Vierge à la Cova da Iria (en) entre le 13 mai et le 13 octobre 1917. Béatifié en même temps que sa sœur Jacinta, le 13 mai 2000 par le pape Jean-Paul II, il est canonisé par le pape François le 13 mai 2017 à Fátima au cours des célébrations du centenaire des apparitions.

En 1915, les trois enfants voient « l’Ange du Portugal ». Puis en 1917, ils voient la Vierge Marie dans le petit village de Fátima. Après les apparitions, le comportement du frère et de la sœur se modifient, et dès lors Francisco se met à prier seul et dire son rosaire avec application. Impressionné par les paroles de la Vierge selon lesquelles « il ne fallait plus offenser Dieu », il se retirait dans la solitude pour « consoler Jésus des péchés du monde ».

Sur les conseils de la Vierge, lors d’une des apparitions, il entre à l’école primaire. Mais son professeur, qui ne croit pas aux apparitions (dont la nouvelle s’est répandue), traite durement le petit et lui fait subir régulièrement des humiliations. Plusieurs de ses camarades le battent également dans la cour de récréation. François se sent poussé à rechercher toujours plus de solitude pour prier et offrir ses sacrifices. Il lui avait été dit qu’il « aurait beaucoup à souffrir pour réparer tant de péchés qui offensent Notre Seigneur et son Cœur Immaculé ».

Francisco se dit triste, non pas de « souffrir pour le Bon Dieu », mais « parce qu’il sait Notre Seigneur bien triste à cause des offenses des hommes ». Il arrête de se rendre à l’école pour passer plus de temps en prière. Il aime aller dans l’église adorer en silence le Saint Sacrement dans le tabernacle. Lorsqu’on lui demande ce qu’il fait, il répond : « Je le regarde et il me regarde ». Les trois enfants, particulièrement Francisco, avaient l’habitude de pratiquer des mortifications, mais dans une de ses apparitions la Vierge leur aurait recommandé de se modérer sur ce point.

En 1918, tous les membres de la famille Marto (sauf le père et son fils Jean) sont atteints de la grippe espagnole qui balaye l’Europe et fit plus de mort que la Première Guerre mondiale. En décembre la famille va mieux. Pour François et Jacinthe, ce rétablissement est de courte durée : fin décembre ils rechutent gravement dans la maladie. Le jeune garçon alterne les phases de rémission et de rechute. Même malade, le garçon continue de dire son chapelet quotidien qu’il récite en continu (il récite plusieurs rosaires par jour). Lorsque la maladie l’empêche de parler, il poursuit sa prière en silence.

Mi-février, dernière rechute dont il ne se relèvera pas. Sa santé empire de jour en jour. Sur son lit de mort, il offre ses souffrances pour « consoler Nôtre-Seigneur et convertir les pécheurs ». Il déclare même : « D’ici peu, Jésus va venir me chercher pour aller au Ciel avec Lui, et alors je resterai toujours à le voir et à le consoler. Quel bonheur ! ». Le 3 avril, le petit demande à recevoir les derniers sacrements. Le curé vient le confesser et lui porter la communion qu’il reçoit pour la première fois. Francisco décède dans la maison familiale le 4 avril 1919. Le 5 avril, Francisco est enterré dans le cimetière paroissial, dans une simple tombe avec une petite croix de bois. Sa sœur Jacinta, trop malade ne peut assister aux funérailles.

Francisco Marto, enfant
Par Inconnu — http://www.heiligenlexikon.de/Fotos/Francisco_Marto2.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4255023

Jacinta Marto

Jacinta Marto, ou Jacinthe Marto, née le 11 mars 1910 à AljustrelFátima, et morte le 20 février 1920 à Lisbonne, est une des trois pastoureaux qui disent avoir vu la Vierge Marie à la Cova da Iria  entre le 13 mai et le 13 octobre 1917.

Jacinta Marto
Par Inconnu — Santuario de Fátima website, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4255016

Elle meurt en 1920 de la grippe espagnole, après une longue agonie de plusieurs mois. Elle est béatifiée le 13 mai 2000 par le pape Jean-Paul II,  en même temps que son frère François. Sa canonisation est célébrée le 13 mai 2017 à Fátima au cours du voyage du pape François pour le centenaire des apparitions mariales de Fátima.

Jacinthe Marto est née le 11 mars 1910 à Aljustrel (près de Fátima). Elle est la fille cadette d’Olímpia et de Manuel Marto. Elle est baptisée le 19 mars dans l’église paroissiale. Jacinta, comme son frère François et sa cousine Lucie dos Santos, sont des enfants typiques de la campagne portugaise de l’époque. Ne fréquentant pas l’école, elle travaille comme bergère avec son frère et sa cousine Lúcia. Elle est décrite comme une enfant ayant une volonté forte et avec un talent pour la danse et la poésie. Au printemps 1918, elle fait sa première communion, alors que son frère, plus âgé, est refusé au sacrement par le curé du village.

En 1915, les trois enfants voient « l’Ange du Portugal ». Puis en 1917, ils voient la Vierge Marie dans le petit village de Fátima. Après les apparitions, le comportement du frère et de la sœur évoluent. Jacinthe est très impressionnée par une vision de l’Enfer qui a eu lieu au cours de la troisième apparition. Bouleversée par le sort affreux qui attend les pécheurs, elle décide dans sa simplicité de faire pénitence et de s’infliger des sacrifices pour leur conversion, suivant en cela la proposition faite par la Vierge, au cours de la première apparition. Après les apparitions, Jacinthe entre à l’école primaire sur les recommandations de la Sainte Vierge. D’après les souvenirs de Lucie, Jacinthe était une enfant affectueuse et très gentille, et le fait d’être délicate la rendait émotionnellement plus fragile.

Le 23 décembre 1918, Jacinthe et son frère François tombent malades, victimes de la grippe espagnole qui balaye l’Europe en 1918 à la suite de la Première Guerre mondiale. Après une broncho-pneumonie, la petite fille déclare une pleurésie purulente, qui lui cause de grandes souffrances. Le 21 janvier 1920, elle est emmenée à Lisbonne où elle est admise à l’orphelinat de Notre-Dame des Miracles au 17 de la Rue da Estrela. Le 2 février 1920, elle est transférée à l’hôpital Dona Estefania de Lisbonne. Jacinthe, atteinte de pleurésie et ne pouvant pas être anesthésiée (en raison du mauvais état de son cœur), est admise dans plusieurs hôpitaux successifs. Elle finit par succomber, toute seule, le 20 février 1920, dans l’hôpital Dona Estefania de Lisbonne. Elle est enterrée au cimetière de Vila Nova de Ourém, dans la tombe de famille du baron d’Alvaiázere.

Au cours de sa dernière maladie, elle aurait reçu plusieurs visites de la Vierge Marie. Si la petite Jacinthe est décédée plusieurs mois après son frère (et dans de grandes souffrances), c’est, d’après les propos du Pape Jean-Paul II lors de sa béatification : « en s’offrant héroïquement comme victime pour la conversion des pécheurs ».

III – L’Apparition (généralités) 

Dates

Du 13 Mai 1917 au 13 Octobre 1917

Nombre et durée des apparitions

Elles sont au nombre de six, tous les 13 du mois entre Mai et Octobre 1917

Emplacement des apparitions

Dans un champ appelé la Cova da iria, un dimanche midi, alors que les 3 enfants gardent leurs moutons, ils voient un éclair alors que le ciel est bleu ; au dessus d’un petit chêne vert, une dame vêtue de blanc, plus brillante que le soleil leur apparaît. 

La Chapelle des Apparitions
Par János Korom Dr. from Wien, Austria — Fatima 0751, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49990614

Récit 

Les apparitions mariales de Fátima se sont déroulées, d’après le témoignage des voyants, en 1917. Elles ont été précédées de trois apparitions d’un ange, en 1915 et 1916. Cet ange qui s’est présenté aux voyants sous le titre de « l’ange du Portugal » invite les enfants à prier et leur enseigne une prière : la prière de l’ange de Fatima.

Statue de l’ange du Portugal
Par Castinçal — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26653733

L’une des peux prières « enseignée par l’ange »

«  Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et de vous aime. Je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas !

Commentaires sur cette prière : ces mots expriment les trois vertus théologales : La Foi, l’Espérance et la Charité ou l’amour, qui nous ont transmises directement par Dieu.

Les apparitions mariales sur le site de Fátima sont au nombre de six et débutent le 13 mai 1917. « Une dame toute vêtue de blanc » apparait à trois petits bergers (Françoiset Jacinthe Marto, et leur cousine Lucie dos Santos) et leur demande de revenir le mois suivant pour prier. De mois en mois l’apparition se reproduit et les enfants sont accompagnés par une foule de plus en plus nombreuse jusqu’à l’apparition du 13 octobre 1917 où plusieurs dizaines de milliers de croyants et curieux se pressent pour voir le « miracle » qui aurait été promis par la Vierge. Il se produit alors dans le ciel un phénomène lumineux appelé par la suite « le miracle du soleil » ou la « danse du soleil ». Parmi les observateurs il y a des universitaires et des non-croyants. Tous attestent du phénomène « non explicable ». 

IV – Analyse de l’Apparition

Apparence de la Vierge

Une dame vêtue de blanc, plus brillante que le soleil leur apparaît. « Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière, puis Notre-Dame au-dessus du chêne vert. Notre-Dame, une fois disparue dans l’immensité du firmament, nous vîmes saint Joseph près du soleil avec l’Enfant-Jésus et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau bleu. »

Statue de Notre Dame de Fatima
Par Photo: Andreas Praefcke — Photographie personnelle, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11861087

Attitudes de la Vierge

La vierge utilise ses mains ouvertes pour « engloutir » de lumière les 3 voyants, pénétrant en eux par la poitrine jusqu’au plus intime de leur âme, les faisant se voir ; elle s’en sert pour  pénétrer le centre de la terre pour y découvrir l’enfer. Elle s’en sert aussi pour déclencher le miracle du soleil tournoyant : « Ouvrant alors les mains, elle les fit se refléter dans le soleil, puis, pendant qu’elle s’élevait, le reflet de sa propre lumière continua à se projeter dans le soleil ».  Comme d’habitude, elle s’élève en direction du levant jusqu’à disparaître dans l’immensité du firmament. Plusieurs fois, la Vierge apparaît triste (même si la bonté n’est pas absente) : son cœur apparaît transpercé, comme dans le revers de l’image miraculeuse de la rue du Bac à Paris,

Revers de la médaille de l’image miraculeuse, à droite
Telle que reproduite après une vision de la Vierge à Catherine Labouré, à Paris, rue du Bac, en 1830.

Paroles de la Vierge

Première apparition le 13 Mai 1917

  • « N’ayez pas peur. Je ne vous veux aucun mal » 
  • D’où êtes-vous ? Lui demandai-je. « Je suis du Ciel. » 
  • Et que voulez-vous de moi ?  « Je suis venue pour vous demander que vous veniez ici les six prochains mois, le 13 de chaque mois, à cette même heure. Par la suite, je dirai qui je suis et ce que je veux. Ensuite, je reviendrai encore ici une septième fois. » 
  •  Et moi, est-ce que j’irai également au Ciel ? Oui, tu iras. 
  • Et Jacinta ? « Elle aussi. »
  • Et Francisco ? « Lui aussi, mais il doit réciter beaucoup de chapelets. »

J’ai alors eu l’idée de demander pour deux filles qui étaient mortes récemment. Elles étaient mes amies et elles venaient chez moi apprendre à tisser avec ma sœur aînée :

  • Est-ce que Maria das Neves est déjà au ciel ? « Oui, elle y est. » 
  •  Et Amélia ? « Elle restera au purgatoire jusqu’à la fin du monde. »
  • « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés dont Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ? » Oui, nous le voulons. 
  • « Vous allez donc avoir beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort. »

Ce fut en prononçant ces paroles : «la grâce de Dieu, etc.», qu’elle ouvrit les mains pour la première fois et nous communiqua une lumière très intense (comme un reflet qui aurait émané d’elles) pénétrant en nous par la poitrine et jusqu’au plus intime de notre âme, nous faisant nous voir nous-mêmes en Dieu, qui était cette Lumière, plus clairement que ce nous aurions pu voir dans le meilleur des miroirs.»

Notre-Dame annonce aux pastoureaux une vie de souffrance : «Vous allez avoir beaucoup à souffrir.» Pour qu’ils puissent supporter une croix aussi lourde, elle leur promet l’aide d’une grâce dont elle leur permet de ressentir la mystérieuse réalité. «Alors, sous l’effet d’une impulsion intérieure qui nous fut également communiquée, nous sommes tombés à genoux et nous avons répété du fond du cœur : « Ô ! Très Sainte Trinité, je Vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime dans le Très Saint Sacrement. » Après ces premiers instants, Notre-Dame ajouta : « récitez le chapelet tous les jours pour que le monde puisse obtenir la paix et la fin de la guerre. Ensuite, elle commença à s’élever tranquillement, montant en direction du levant, jusqu’à disparaître dans l’immensité du ciel.»

Seconde apparition le 13 Juin

Malgré la fête de saint Antoine, la plus populaire et la plus courue de la paroisse, les trois enfants se présentèrent à la Cova da Iria, faisant le sacrifice de ne pas participer aux réjouissances particulières de cette journée. Voici comment s’engagea le dialogue entre la Visiteuse céleste et ses confidents. «Que voulez-vous de moi ? Demanda Lucia.

  • « Je veux que vous veniez ici le 13 du mois qui vient, que vous récitiez le chapelet tous les jours et que vous appreniez à lire. Ensuite je vous dirai ce que je veux. »
  • J’ai demandé la guérison d’un malade. « S’il se convertit, il guérira durant l’année. »
  • Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel. « Oui, Jacinta et Francisco, je vais les emmener bientôt. Mais toi tu restes ici encore quelque temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. À ceux qui s’y adonneront, je promets le salut et ces âmes seront chéries par Dieu, comme des fleurs posées par moi pour orner son trône. »
  • Je vais rester seule ici ? Demandai-je tristement. « Non ma fille. Cela te fait beaucoup souffrir ? Ne te décourage pas. Je ne t’abandonnerai jamais. Mon Cœur immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »

Ce fut au moment où elle dit ces dernières paroles qu’elle ouvrit les mains et nous communiqua pour la seconde fois le reflet de cette lumière immense. En elle nous nous sommes vus comme engloutis en Dieu. Jacinta et Francisco paraissaient être dans la partie de cette lumière qui s’élevait vers le Ciel et moi dans celle qui se répandait sur la Terre. Devant la paume de la main droite de Notre-Dame, il y avait un Cœur qui semblait percé par les épines qui l’entouraient. Nous comprîmes qu’il s’agissait du Cœur de Marie, outragé par les péchés de l’humanité et qui demandait réparation.

Troisième apparition le 13 Juillet

La plus importante des apparitions de la Cova da Iria, l’apparition -clé, le fondement de tout le message de Fatima, est la troisième apparition, celle du 13 juillet. Écoutons une fois de plus la description de Lucia : «Que voulez-vous de moi ? Demandai-je

  • « Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous continuiez à dire le chapelet tous les jours, en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’elle seule peut vous secourir. »
  • Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes et de faire un miracle pour que tous croient que Vous nous apparaissez. « Continuez à venir ici tous les mois. En octobre je dirai qui je suis, ce que je veux, et je ferai un miracle que tous pourront voir pour croire. »

Là, elle formula quelques demandes dont je ne me rappelle plus très bien. Ce dont je me souviens c’est que Notre-Dame a dit qu’il fallait réciter le chapelet pour obtenir les grâces durant l’année. Et elle continua : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites plusieurs fois, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice : « Ô ! Jésus, c’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs et en réparation pour les péchés commis contre le Cœur immaculé de Marie. »

En disant ces paroles, elle ouvrit de nouveau les mains comme lors des deux mois passés. Le reflet parut pénétrer la terre et nous vîmes quelque chose comme une mer de feu. Plongés dans ce feu, les démons et les âmes ressemblaient à des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant forme humaine, qui flottaient dans le brasier, portées par les flammes qui sortaient d’elles, avec des nuages de fumée tombant de tous côtés, ressemblant à la chute des étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu de cris et de gémissements de douleur et de désespoir, qui horrifiaient et faisaient trembler d’effroi. Les démons se distinguaient par des formes horribles et sordides d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme des braises de charbons noirs. Effrayés et comme pour appeler au secours, nous avons dirigé notre regard vers Notre-Dame, qui nous dit avec bonté et tristesse : 

« Vous avez vu l’enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, de nombreuses âmes obtiendront le salut et auront la paix. La guerre va finir, mais si on ne cesse pas d’offenser Dieu… une autre, bien pire, commencera. ( Elle parlait de la guerre 1939/45). Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez qu’il s’agit du grand signe que Dieu vous donne, qu’il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père.

Pour l’empêcher, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si on répond à mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. Finalement, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera accordé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. Etc. Cela ne le dites à personne.

À Francisco, oui, vous pouvez le dire.  Quand vous récitez le chapelet, dites après chaque dizaine : « Ô ! Mon Jésus pardonnez-nous, délivrez-nous du feu de l’enfer, attirez toutes les âmes vers le Ciel, principalement celles qui en ont le plus besoin. » Après un instant de silence, j’ai demandé : Vous ne me demandez rien d’autre ? « Non, aujourd’hui je ne te demande rien d’autre. » Et, comme d’habitude, elle commença à s’élever en direction du levant jusqu’à disparaître dans l’immensité du firmament.»

Quatrième Apparition 13 Août

Que voulez-vous de moi ?

  • « Je veux que vous continuiez à aller à la Cova da Iria, le 13 du mois, que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours. Le dernier mois, je ferai le miracle pour que tous croient. »
  • Que voulez-vous que l’on fasse de l’argent que les gens laissent à la Cova da Iria ? « Faites deux brancards de procession ; le premier tu le porteras avec Jacinta et deux autres petites filles vêtues de blanc ; l’autre sera porté par Francisco, plus trois autres garçons. L’argent des brancards sera pour la fête de Notre-Dame du Rosaire et ce qui restera aidera à construire une chapelle que l’on fera faire.
  • J’aimerais vous demander la guérison de quelques malades… »Oui, quelques-uns guériront durant l’année. » Et, prenant un air plus triste : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car de nombreuses âmes vont en enfer du fait que personne ne prie et ne se sacrifie pour elles. » Et, comme d’habitude, elle commença à s’élever en direction du levant.» 

Cinquième Apparition le 13 Septembre

  • « Continuez à réciter le chapelet pour obtenir la fin de la guerre. En Octobre viendront également Notre-Seigneur, Notre-Dame des Douleurs, Notre-Dame du Carmel et saint Joseph avec l’Enfant-Jésus pour bénir le monde. Dieu est content de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde, portez-la seulement durant le jour. »
  • Ils m’ont prié de vous demander beaucoup de choses : la guérison de quelques malades, d’un sourd-muet… »Oui, j’en guérirai certains, d’autres, non. En octobre, je ferai le miracle pour que tous croient. »

Sixième apparition le 13 Octobre

«Lorsque nous sommes arrivés à la Cova da Iria, près du chêne vert, une injonction intérieure m’a poussée à demander à la foule de fermer les parapluies, avant que nous ne récitions le chapelet. Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière, puis Notre-Dame au-dessus du chêne vert.

  • Que voulez-vous de moi ? « Je veux te dire que l’on fasse construire ici une chapelle en mon honneur, que je suis Notre-Dame du Rosaire, que l’on continue à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux. »
  •  J’avais beaucoup de choses à vous demander : de guérir des malades, de convertir des pécheurs, etc. La vierge répondit: « Les uns, oui, les autres, non. Il faut qu’ils se corrigent, qu’ils demandent pardon pour leurs péchés. » Et prenant un air plus triste : « Qu’ils n’offensent pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, qui est déjà très offensé. »

Messages de la Vierge  

Le message de Fatima porte sur la prière* et les fins dernières**.

* Notre Dame de la Prière

Notre Dame du Rosaire est, dans le catholicisme, une des nombreuses dénominations de la Vierge Marie, donnée depuis qu’elle s’est présentée sous ce vocable à saint Dominique, au XIIIe siècle à Prouille. L’Ordre dominicain en fut un ardent propagateur. Tout commence lorsque saint Dominique, originaire d’Espagne, entame ses prédications dans le pays cathare et décide pour cela de se fixer dans la ville proche de Fanjeaux. Il a, en 1208, une apparition de la Vierge Marie qui se présente sous le vocable de Notre-Dame du Rosaire et qui lui tend un chapelet. Les dominicains seront d’ardents propagateurs du rosaire

Dominique Nuñez de Guzman (en espagnol Domingo Núñez de Guzmán), né vers 1170 en Espagne dans un milieu aisé et mort le 6 août 1221 à Bologne, est un religieux catholique, prêtre, fondateur de l’ordre des frères prêcheurs appelés couramment « dominicains ». Canonisé par l’Église en 1234, il est célèbre sous le nom de saint Dominique. Autrefois fêté le 4 août puis le 6 août jour de sa « naissance au ciel »1, il est fêté le 8 août depuis le concile Vatican II.

Dominique recevant le rosaire des mains de Notre Dame
Par Didier Descouens — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=45607412

** Les fins dernières  

Cette expression concerne les questions, parfois regroupées sous le vocable général d’eschatologie : la fin des temps, le jugement, le ciel, le purgatoire, l’enfer et la résurrection de la chair.

Représentation de l’enfer dans l’Hortus deliciarum de Herrade de Landsberg (autour de 1180).Par Herrade de Landsberg — https://www.degruyter.com/view/j/mial.2016.21.issue-1/mial-2016-0010/graphic/mial-2016-0010_01.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=440837

A Fatima, la Vierge confirme l’existence du ciel et du purgatoire. La souffrance, offerte, les sacrifices, et la prière, intense, faits par amour pour Jésus, sont le moyen de guérir les malades, d’obtenir la paix, de sauver les âmes de l’enfer, parce qu’ils interviennent en réparation des offenses commises envers Dieu et envers Marie. La dévotion à Marie est un moyen d’obtenir le salut : Marie déclare en effet que non seulement son fils veut se servir de Lucie pour la faire connaître et aimer, mais aussi « veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. À ceux qui s’y adonneront, je promets le salut et ces âmes seront chéries par Dieu. Les malades peuvent guérir, mais ils doivent se convertir et demander pardon. 

Le message religieux de Fatima

Selon sœur Lucie (dans son dernier livre publié en 2006), tout le message sous-jacent aux apparitions de Notre-Dame de Fatima est le suivant : « Pendant l’intégralité du message, en commençant par les « apparitions de l’Ange », nous trouvons un appel à la prière et au sacrifice offerts à Dieu par amour et pour la conversion des pécheurs. » En 1967, le pape Paul VI exprimait cette même idée dans l’Exhortation apostolique Signum Magnum:

« La contemplation de Marie nous encourage, en fait, à la prière confiante, à la pratique de la pénitence, à la crainte de Dieu et nous rappelle souvent ces paroles par lesquelles Jésus-Christ a annoncé que le royaume des cieux est proche : « repentez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15 ; Mt 3, 2 ; Mt 4, 17), et son avertissement sévère : « à moins que vous vous repentiez, vous périrez tous de même » (Lc 13, 5). » 

La consécration de la Russie et du monde à Marie, demandée par sœur Lucie, en 1940, au pape Pie XII, est considérée par l’Église catholique comme une demande émanant de Notre-Dame de Fátima. Si l’on confie la Russie au cœur de Marie et si l’on communie « les premiers samedis », la Russie se convertira. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde et une autre guerre (1939/45) commencera. Le pape Pie XII répond à cette demande et consacre le monde en 1942 au Cœur immaculé de Marie.

Le pape Jean-Paul II réitère cette consécration en 1982, 1982 et 1984. Le pape François le fait à son tour en 2013. Le 16 juin 2010, le Liban et le Moyen-Orient sont consacrés au Cœur Immaculé de Marie. Cette célébration s’est déroulée au sanctuaire de Notre-Dame du Liban en présence de représentants de l’épiscopat libanais, du nonce apostolique MgrGabriele Giordano Caccia, ainsi que de personnalités politiques.

Conclusion : à travers les révélations de ce qu’on nomme le secret de Fatima, Dieu nous rappelle d’abord que si les hommes ne se convertissent pas et ne reviennent pas à l’Evangile, ils périront (vision de l’enfer*) ou subiront les affres de régimes athées (communisme). Il nous rappelle aussi que seules la prière (voir prière de l’ange de Fatima**) la pénitence et l’intercession de la Vierge, (consécration d’un pays au cœur de Marie), peuvent conduire au salut et à la paix, et « sauver » les pécheurs, sachant que ce sont les hommes qui préparent eux-mêmes leur châtiment. (Dieu nous incite seulement à prendre le bon chemin, mais respecte la liberté qu’il nous a donnée). 

La Vierge sous entend que les prières peuvent sauver les âmes qui souffrent en enfer : « Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs ; pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes seront sauvées et il y aura la paix. ».

Autres Visions et/ou éléments supra-naturels

A – La Vision de l’enfer : 

« En disant ces paroles, elle ouvrit de nouveau les mains comme lors des deux mois passés. Le reflet parut pénétrer la terre et nous vîmes quelque chose comme une mer de feu. Plongés dans ce feu, les démons et les âmes ressemblaient à des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant forme humaine, qui flottaient dans le brasier, portées par les flammes qui sortaient d’elles, avec des nuages de fumée tombant de tous côtés, ressemblant à la chute des étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu de cris et de gémissements de douleur et de désespoir, qui horrifiaient et faisaient trembler d’effroi. Les démons se distinguaient par des formes horribles et sordides d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme des braises de charbons noirs. »

B – Des prédictions 

La Vierge annonce la fin de la première guerre mondiale (1914/18)  et la seconde guerre mondiale…. « Finalement, mon Cœur immaculé triomphera.Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera accordé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. »

C – L’ange de Fatima

Les apparitions de la Vierge ont été précédées de trois apparitions d’un ange en 1915 et 1916. Cet ange qui s’est présenté aux voyants sous le titre de « l’ange du Portugal » invite les enfants à prier et leur enseigne une prière : la prière de l’ange de Fatima.

D – Le miracle du soleil tournoyant

Lors de la 3e apparitions (le 13 juillet 1917), Lucia demande à la dame  « un miracle » pour que les gens croient à ces apparitions. La dame promet un miracle pour le mois d’octobre. Lors de la 5e apparition, le 13 Septembre, 30 000 personnes encadrent déjà les « voyants ». La « dame » promet à nouveau un « miracle » pour la prochaine rencontre le 13 octobre. 

Il se produit alors dans le ciel un phénomène lumineux appelé par la suite « le miracle du soleil » ou la « danse du soleil ». Parmi les observateurs il y a des universitaires et des non-croyants. Tous attestent d’un phénomène « non explicable ». Le Miracle du soleil, ou la danse du soleil, est le nom donné au phénomène solaire observé à Fátima, dans le cadre des apparitions mariales de Fátima le 13 octobre 1917.

Cet événement a été observé par plus de 30 000 personnes (les estimations varient de 30 à 100 000) pendant environ 10 minutes à Cova da Iria, près de Fátima au Portugal. Le 13 octobre 1930, l’Église catholique a qualifié cet événement de miracle. Ce phénomène a donné lieu à une nombreuse littérature cherchant à expliquer son origine. Différentes hypothèses ont été émises : phénomènes solaires, hallucination collective, problème rétinien (dont rétinopathie), jusqu’à l’apparition d’un objet volant non identifié. Des films se sont également inspirés (ou ont évoqué) cet événement historique.

Foule rassemblée à Fatima pour observer le miracle du soleil tournoyant
Par Judah Ruah, photograph for the news paper O Seculo, published the 1917-09-29 on the news paper Illustracao Portugueza — Illustracao Portugueza 1917-09-29 Reporter de Cristo website, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21975698
La foule priant face à la danse du soleil à la Cova da iria, Fatima, le 13 Octobre 1917

Le matin du 13 octobre 1917, Avelino d’Almeida, rédacteur en chef du journal O Século, publie un article ironique sur les apparitions de Fátima où il ne voit que superstition et supercherie.

Il se rend néanmoins sur place pour assister au « miracle annoncé ». Au petit matin, c’est une foule très importante qui se dirige vers la Cova da Iria, le lieu des apparitions. Les estimations du nombre de spectateurs varient de 30 000 à 50 000 pour Avelino de Almeida jusqu’à 100 000 pour le DrJoseph Garrett, professeur de sciences naturelles à l’Université de Coimbra, également présent ce jour-là. Dans la foule, avec les « citoyens ordinaires » se trouvent aussi des nobles, des ingénieurs, des médecins, des notaires ainsi que des journalistes et des photographes. Le ciel est complètement couvert par les nuages, et il tombe une pluie incessante. La pluie a transformé le lieu en un vaste bourbier, et les pèlerins ou curieux sont trempés jusqu’aux os et transis de froid. Les enfants arrivent avec leur famille et commencent à réciter le chapelet.

À midi, bien que la pluie continue toujours de tomber, Lucie demande de fermer les parapluies et la foule lui obéit. Peu de temps après, les enfants voient « la dame » leur apparaître. L’apparition se présente alors à Lucie comme étant Notre-Dame du Rosaire et lui demande de faire bâtir une chapelle en son honneur. Elle annonce la fin proche de la guerre, et demande également la conversion des pécheurs. Selon de nombreux témoins, après la période pluvieuse, les nuages ont éclaté et le soleil est apparu, le ciel dégagé est devenu bleu. D’après les enfants, la pluie s’est arrêtée lorsque « Notre-Dame du Rosaire s’est élevée vers le ciel ».

Les témoins décrivent le soleil comme « un disque opaque tournant dans le ciel ». Le soleil a été décrit comme significativement plus terne que la normale, et « jetant des lumières multicolores sur le paysage, les gens, et les nuages environnants ». Les témoins indiquent qu’ensuite le soleil a tournoyé dans le ciel : « à un certain moment, le soleil s’arrête, et puis recommence à danser, à tournoyer; il s’arrête encore une fois, et se remet encore une fois à danser, jusqu’au moment, enfin, où il parait se détacher du ciel, et s’avancer sur nous. Ce fut un instant terrible ! ». Après dix minutes, tout redevient normal. Les témoins ont également déclaré que leurs vêtements précédemment mouillés sont devenus soudainement et complètement secs, de même que le sol, préalablement détrempé par la pluie, n’était plus qu’humide et boueux, et bien moins qu’auparavant » (les flaques d’eau ont même été asséchées). Ce phénomène a également été observé par des témoins jusqu’à plus de dix kilomètres à la ronde. Pourtant l’observatoire astronomique n’a rien relevé de particulier à ce moment-là.

Dans l’assemblée, un témoin particulier : Avelino de Almeida, journaliste anticlérical et rédacteur en chef du quotidien de LisbonneO Século, publie dans l’édition du lundi 15 octobre d’O Século, un compte rendu qui fait sensation dans tout le pays, et attire à son auteur les vifs reproches des libres-penseurs, qui ne lui pardonnent pas d’avoir donné une telle publicité aux faits de Fátima, et de les avoir appuyés de son autorité.

Témoignage du docteur Manuel Formigao, prêtre et professeur au séminaire de Santarem 

« Comme un coup de tonnerre, les nuages ont été déchirés, et le soleil à son zénith est apparu dans toute sa splendeur. Il se mit à tourner vertigineusement sur son axe, comme la plus magnifique roue de feu que l’on puisse imaginer, en prenant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et envoyant des éclairs de lumière multicolores, produisant l’effet le plus étonnant. Ce spectacle sublime et incomparable, qui a été répété par trois fois, a duré pendant environ dix minutes. La foule immense, vaincue par un tel prodige extraordinaire, se jeta à genoux ». 

Le 18 décembre 1917, le Dr José Maria Proença de Almeida Garret, témoin direct, décrivit ainsi ce qu’il avait contemplé : 

«Quelques instants plus tôt, le soleil avait percé victorieusement l’épaisse couche de nuages qui l’avait caché, pour briller clairement et intensément. Je me suis retourné vers cet aimant qui attirait tous les regards et j’ai pu le voir semblable à un disque au bord net et à l’arête vive, lumineuse et luisante, mais qui ne faisait pas mal aux yeux… Il ne ressemblait en rien à la lune d’une nuit transparente et pure, parce que l’on voyait et sentait qu’il s’agissait d’un astre vivant… On ne pouvait pas non plus le confondre avec le soleil visible par temps de brouillard (d’ailleurs inexistant ce jour-là) puisqu’il n’était pas opaque, diffus ou voilé. À Fatima, le temps était chaud et ensoleillé.  Ce qui fut merveilleux, c’est que pendant un long moment, nous avons pu scruter l’astre, flamme de lumière et braise de chaleur, sans la moindre douleur oculaire et sans qu’aucun éblouissement ne nous aveugle. Ce disque nacré était animé d’un mouvement étourdissant… Il tournait sur lui-même à une vitesse vertigineuse.  Tout à coup, on entendit une clameur, comme un cri d’angoisse montant de la foule. Le soleil, conservant sa vitesse de rotation, se détacha du firmament et, sanguinaire, il prit la direction de la Terre, menaçant de nous écraser sous le poids de son énorme meule de feu. Ces secondes furent terrifiantes… 
Tous ces événements, je les ai observés personnellement et sereinement, sans émotion ni agitation… Ce phénomène a dû s’étaler sur environ dix minutes.»

E – Les visions de saint Joseph et de l’enfant Jésus. 

«Notre-Dame une fois disparue dans l’immensité du firmament, nous vîmes saint Joseph près du soleil avec l’Enfant-Jésus et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l’Enfant-Jésus paraissaient bénir le monde, avec les gestes en forme de croix qu’ils faisaient de la main. Peu après, une fois dissipée l’image de cette apparition, je vis Notre-Seigneur et Notre-Dame (qui pour moi ressemblait à Notre-Dame des Douleurs). Notre-Seigneur semblait bénir le monde de la même manière que saint Joseph. Cette apparition s’évanouit à son tour et il m’a semblé voir de nouveau Notre-Dame sous une forme proche de Notre-Dame du Carmel.»

Saint Joseph et l’enfant Jésus
Icône

F – Le secret de Fatima

Les secrets de Fátima sont trois révélations, ou visions, qui auraient été adressées en 1917 par la Vierge Marie à Lúcia dos Santos et ses cousins Jacinta et Francisco Marto, dans la petite ville de Fátima au Portugal. Le terme des trois secrets de Fátima est régulièrement utilisé, mais il s’agit en fait des trois parties d’une unique révélation (ou vision) donnée le 13 juillet 1917, révélation que la Vierge Marie aurait demandé de ne pas divulguer immédiatement.

En juillet-août 1941, rédigeant son troisième Mémoire sur les apparitions, Lúcia dos Santos (devenue sœur Lucie) précise, pour la première fois, que ce secret comprend trois éléments différents : « Le secret comprend trois choses distinctes, écrit-elle, et j’en dévoilerai deux ». Les deux premiers secrets sont officiellement publiés en 1941, le troisième n’est révélé qu’en l’an 2000 par le pape Jean-Paul II. Celui-ci, révélé tardivement, a entraîné de nombreux débats avant et après sa divulgation. Après sa tentative d’assassinat le 13 mai1981, le Pape Jean-Paul II demande l’enveloppe contenant la troisième partie du secret.

Le Cardinal Franjo Seper, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, remet le 18 juillet 1981, deux enveloppes : l’une blanche, avec le texte original de sœur Lucie en langue portugaise et l’autre de couleur orange, avec la traduction du texte en langue italienne. Le 11 août suivant, les deux enveloppes sont remises aux Archives du Saint-Office. En avril 2000, Lucie confirme au cardinal Bertone, que la lettre et le texte du « troisième secret » sont bien ceux qu’elle a rédigés en janvier 1944, et que ce texte est complet . En juin 2000, le Vatican publie officiellement la troisième et dernière partie du secret, livrant sa traduction ainsi qu’une copie de la lettre originale rédigée par sœur Lucie.

Les trois parties du secret de Fatima

La première partie est une vision de l’enfer. Notre Dame nous montra une grande mer de feu, qui paraissait se trouver sous la terre et, plongés dans ce feu, les démons et les âmes, comme s’ils étaient des braises transparentes, noires ou bronzées, avec une forme humaine. Ils flottaient dans cet incendie, soulevés par les flammes, qui sortaient d’eux-mêmes, avec des nuages de fumée. Ils retombaient de tous côtés, comme les étincelles retombent dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, avec des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur.

Les démons se distinguaient par leurs formes horribles et dégoûtantes d’animaux épouvantables et inconnus, mais transparents et noirs. Cette vision dura un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui auparavant nous avait prévenus, nous promettant de nous emmener au Ciel (à la première apparition). Autrement, je crois que nous serions morts d’épouvante et de peur. Puis nous avons levé les yeux vers Notre Dame qui nous a dit si gentiment et si tristement : « vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs, pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes seront sauvées et il y aura la paix. ».

La deuxième partie du secret

Cette partie concerne une révélation privée faite oralement par la Vierge aux trois enfants. Ce secret concerne la Russie et la consécration de la Russie au Cœur immaculé de Marie. « La guerre va finir – nous sommes en 1917 – Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le pontificat de Pie XI* en commencera une autre pire encore. Lorsque vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne, qu’Il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la faim et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père. Pour empêcher cette guerre, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis.

Si on accepte mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés ; le Saint-Père aura beaucoup à souffrir ; diverses nations seront détruites. À la fin, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera concédé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi, etc. »

Pie XI, né Ambrogio Damiano Achille Ratti le 31 mai 1857 à Desio, dans le royaume de Lombardie-Vénitie, dans la province de Monza et de la Brianza (Italie) est le 259e pape de l’Église catholique. Élu le 6 février 1922, son pontificat est marqué par le règlement de la question romaine, avec la reconnaissance et l’institution de l’État de la Cité du Vatican, par les accords du Latran, en 1929. Il est confronté à la montée du communisme, du fascisme et du nazisme en Europe. Il meurt au Vatican le 10 février 1939. Le 2 Février, Benito Mussolini accepte la proposition d’Adolf Hitler de transformer le pacte anti-Komintern en une alliance militaire défensive. Le 6 Février, Neuville Chalmberlain déclare aux Communes que toute menace contre les intérêts vitaux de la France entraînera l’assistance du Royaume-Uni.

Troisième partie du secret 

La troisième partie se présente comme une vision allégorique, susceptible de diverses interprétations. Concernant le troisième secret, sœur Lucie écrit au pape Jean-Paul II le 12 mai 1982, son interprétation du secret. Dans cette lettre, elle écrit : « La troisième partie du secret se réfère aux paroles de Notre Dame : « Sinon la Russie répandra ses erreurs à travers le monde, favorisant guerres et persécutions envers l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites » ».

La religieuse estime que cette vision (troisième secret) est donc « une révélation symbolique, qui se réfère à cette partie du message ». Pour elle cette vision était « conditionnée par le fait que nous acceptions » la demande de la Vierge de consacrer la Russie à son Cœur Immaculé. Sœur Lucie conclut : « Comme nous n’avons par tenu compte de cet appel du message, nous constatons qu’il s’est réalisé ».

Mais dans son courrier, elle précise bien que, pour elle, ce n’est pas Dieu qui a « puni le monde », mais que les malheurs sont les conséquences des actes des hommes. Elle écrit : « Et ne disons pas que c’est Dieu qui ainsi nous punit ; au contraire, ce sont les hommes qui préparent eux-mêmes leur châtiment. Dans sa sollicitude, Dieu nous avertit et nous incite à prendre le bon chemin, respectant la liberté qu’il nous a donnée ; c’est pourquoi les hommes sont responsables ». Le 27 avril 2000, le pape missionne le cardinal Bertone auprès de sœur Lucie pour discuter avec elle de l’interprétation de cette vision.

Au cours de cette réunion, « Lucie réaffirme sa conviction que la vision de Fatima concerne avant tout la lutte du communisme athée contre l’Église et les chrétiens, et elle décrit l’immense souffrance des victimes de la foi du XXe siècle ». À la question sur l’identité de « évêque vêtu de blanc », elle confirme sa certitude qu’il s’agit du pape, mais sans connaitre son identité (qu’il s’agisse de Benoît XVPie XIIPaul VIJean-Paul II ou d’un autre). À l’occasion de la béatification à Fatima de Francisco et Jacinta Marto, le pape Jean-Paul II fait lire une allocution qui va dans le même sens que l’interprétation de sœur Lucie .

Pour l’Église : « c’est donc une vision consolante qui veut qu’une histoire de sang et de larmes soit perméable à la puissance de guérison de Dieu. Ainsi, toute cette vision se produit afin de faire apparaître la liberté de l’homme et pour l’orienter dans une direction positive. Car le sens de la vision n’est donc pas de montrer un film sur l’avenir irrémédiablement figé, mais l’inverse : mobiliser les forces pour tout changer en bien ». C’est pourquoi la phrase de la Vierge « Mon Cœur immaculé triomphera » signifie que « le Cœur ouvert à Dieu, purifié par la contemplation de Dieu, est plus fort que les fusils et que les armes de toute sorte ». Il affirme : le message de Fatima nous invite à nous fier à cette promesse.

G – L’attentat contre le pape Jean Paul II 

Le mercredi 13 mai 1981, alors que 25 000 personnes sont massées place Saint-Pierre pour l’audience hebdomadaire, deux coups de feu claquent. Il est 17h17 et Mehmet Ali Agça vient de tirer sur Jean-Paul II, à trois mètres de distance ; l’attentat d’Ali Agça s’est produit le jour anniversaire de la première apparition de Fatima, le 13 mai 1917. (64 ans après) 

Par Inconnu — http://wf2.xcdn.pl/files/12/03/12/552196_28_4.jpg, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=58847943

Un an après l’attentat, Jean-Paul II s’est rendu à Fátima et, en action de grâce, a fait incruster une des balles qui faillit le tuer dans la couronne de la statue de Notre-Dame de Fátima.

H – La vision de Tuy du Jeudi 13 Juin 1929

Le 20 juillet 1926, sœur Lucie, l’un des trois voyants de Fatima et la seule survivante,  quitte le couvent de Pontevedra pour entrer au noviciat des Dorothées, installé à Tuy, petite cité espagnole. Après sa prise d’habit le 2 octobre 1926, elle prononçait ses premiers vœux le 3 octobre 1928. En 1929, l’humble Maria das Dores poursuit à Tuy sa vie cachée, si bien cachée que la plupart de ses compagnes ignorent encore qu’elle est la voyante de Fatima. Elle met en pratique le message de Notre-Dame, vivant sa règle à la perfection dans le don total aux saints Cœurs de Jésus et de Marie. La messagère était prête. Alors se réalisa la promesse du grand Secret  : «  Je viendrai demander la consécration de la Russie…  ».  Écoutons sœur Lucie raconter l’événement  :

«  (…) Ce fut à cette époque que Notre-Seigneur m’avertit que le moment était venu où il voulait que je fasse connaître à la sainte Église son désir de la consécration de la Russie et sa promesse de la convertir… La communication s’est produite ainsi  :

«  (13 / 6 / 1929). J’avais demandé et obtenu la permission de mes supérieures et de mon confesseur de faire une heure sainte de 11 heures à minuit, dans la nuit du jeudi au vendredi de chaque semaine. «  Me trouvant seule une nuit, je m’agenouillai près de la balustrade, au milieu de la chapelle, pour réciter, prosternée, les prières de l’Ange. Me sentant fatiguée, je me relevai et continuai à les réciter les bras en croix. La seule lumière était celle de la lampe [du sanctuaire].

Soudain, toute la chapelle s’éclaira d’une lumière surnaturelle et, sur l’autel, apparut une croix de lumière qui s’élevait jusqu’au plafond. Dans une lumière plus claire, on voyait sur la partie supérieure de la croix, une face d’homme, avec un corps jusqu’à la ceinture  ; sur sa poitrine une colombe, également lumineuse, et cloué à la croix, le corps d’un autre homme. Un peu en dessous de la ceinture (de celui-ci), suspendu en l’air, on voyait un calice et une grande hostie sur laquelle tombaient quelques gouttes de sang qui coulaient sur les joues du Crucifié et d’une blessure à la poitrine. Coulant sur l’Hostie, ces gouttes tombaient dans le Calice. 

Sous le bras droit de la Croix se trouvait Notre-Dame avec son cœur Immaculé dans la main… C’était Notre-Dame de Fatima avec son Cœur Immaculé,… dans la main gauche… sans épée ni roses, mais avec une couronne d’épines et des flammes… 

Sous le bras gauche [de la Croix], de grandes lettres, comme d’une eau cristalline qui aurait coulé au-dessus de l’autel, formaient ces mots  : “ Grâce et Miséricorde ”. Je compris que m’était montré le mystère de la très Sainte Trinité, et je reçus sur ce mystère des lumières qu’il ne m’est pas permis de révéler.

La vision de la Trinité dite vision de Tuy

«  Ensuite, Notre-Dame me dit  : “ Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. Elles sont si nombreuses les âmes que la justice de Dieu condamne pour des péchés commis contre moi, que je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie. ” «  Je rendis compte de cela à mon confesseur, qui m’ordonna d’écrire ce que Notre-Seigneur voulait que l’on fasse.  »

Dans les deux lettres qu’elle adressa en mai 1930 au P. Gonçalves, son confesseur, la voyante exprima les demandes du Ciel en unissant étroitement la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis à la consécration de la Russie  : «  Le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie, et si Sa Sainteté promet, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice indiquée ci-dessus.  »  

Hélas, c’était peine perdue… aucun pape ne fera rien ! Voilà pourquoi, plus tard (en août 1931), le Seigneur se plaignant, dit : « Ils n’ont pas voulu écouter ma demande. Comme le roi de France, ils s’en repentiront, et ils le feront, mais ce sera tard ! La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église : le Saint-Père aura beaucoup à souffrir ».(révélation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Sœur Lucie, en août 1931, lors d’un séjour de convalescence à Rianjo, une petite ville proche de Pontevedra).

Pourquoi Notre Seigneur fait-il référence au roi de France ? Tout simplement parce qu’en 1689, Jésus-Christ se révéla à sainte Marguerite-Marie en ces termes : »Fait savoir au fils aîné de mon Sacré-Cœur (donc, au roi Louis XIV) que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de gloire éternelle par sa consécration à mon Cœur adorable. Mon Cœur veut régner dans son palais, être peint sur ses étendards et gravé dans ses armes pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis et de tous ceux de la sainte Église. Mon Père veut se servir du roi pour l’exécution de Son dessein, qui est la construction d’un édifice public où serait placé le tableau de mon Cœur pour y recevoir les hommages de toute la France ». Notre Seigneur promettait donc à la France, Sa « fille aînée, comme Il l’appelait, sa toute puissante protection moyennant trois choses :

  1. – Mettre Son Sacré Cœur sur les armes du roi et les étendards de la France ;
  2. – Lui élever une Église nationale ;
  3. – Que dans cette Église la France Lui soit solennellement consacrée par son souverain
Vision de Marguerite-Marie, par Armand Cambon Cathédrale de Montauban
Par Didier Descouens — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=63403481

Marguerite Alacoque, en religion sœur Marguerite-Marie, née le 22 juillet 1647 à Verosvres, et morte le 17 octobre 1690 à Paray-le-Monial, est une religieuse de l’ordre de la Visitationmystique et inspiratrice du culte du Sacré-Cœur de Jésus et reconnue sainte par l’Église catholique. Elle a été béatifiée en 1864, puis canonisée en 1920.

Sainte Marguerite Marie
Sanctuaire du Sacré-coeur

Eléments conformes aux autres apparitions 

  • L’apparition dans un cadre paysager, près d’un arbre. 
  • La lumière qui entoure la vierge
  • La demande de construction d’une chapelle
  • La condition  très pauvre des enfants ; leur piété 
  • La difficulté et l’hostilité que rencontrent les voyants
  • Le contexte historique difficile

Eléments spécifiques

  • Les apparitions préalables de l’Ange et la prière qu’il communique aux enfants 
  • La confirmation de l’enfer 
  • Le miracle public le plus spectaculaire de toutes les Apparitions mariales. Fatima est probablement l’Apparition qui situe le mieux l’origine supra naturelle de la Vierge aux yeux des tiers, quand elle prévient d’un miracle et que celui ci se réalise effectivement à la date prévue devant des dizaines de milliers de personnes ; à travers ce qu’on a appelé le miracle ou la danse du soleil. Dieu, maître de l’Univers, donne une toute petite idée de son extraordinaire puissance ! A noter que le pape Pie XII aura également cette vision au Vatican.
  • La connaissance et le détail du sort réservé, dans l’autre vie, aux personnes citées par les enfants

Lien avec d’autres apparitions 

La voyante d’Amsterdam, Ida Peerdeman, qui a 12 ans à l’époque, eut sa première apparition de la vierge l’après-midi du 13 octobre 1917, qui fut aussi le jour du miracle du soleil de Fatima. Avec Lourdes et Tepeya (Notre Dame de Guadalupe), Fatima est l’un des sanctuaires le plus connu et l’un des plus fréquentés.  

V- Reconnaissance et sanctuaires 

Reconnaissance

L’évêque de Leiria, MgrJosé Alves Correia da Silva, après avoir mené une enquête canonique reconnaît officiellement les apparitions mariales en 1930, et approuve la dévotion à Notre-Dame de Fátima. François et Jacinthe Marto, atteints de la grippe espagnole meurent très vite (en 1919et 1920). Ils sont béatifiés le 13 mai 2000 par le pape Jean-Paul II. Lucie Dos Santos, entrée au noviciat des sœurs Dorothée, puis au Carmel de Coimbra, décède en 2005. Son procès en béatification est en cours. Jacinta et Francisco sont canonisés par le pape François, le 13 mai 2017 lors de son voyage à Fatima, pour centenaire des Apparitions mariales de Fátima.

Statue de Jean Paul II près de l’église de la sainte Trinirté
Par János Korom Dr. from Wien, Austria — Fatima 0239, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49989868

Sanctuaire (s)

Le 28 avril 1919 est construite la première chapelle sur le site des apparitions, par des pèlerins, sans le soutien de l’Église (le curé de Fátima ayant reçu la consigne de se tenir à l’écart de ces manifestations de dévotion). C’est une petite chapelle faite de pierres et de chaux, couverte de tuiles et mesurant 3,30 m de longueur, 2,80 m de largeur et 2,85 m de hauteur. La construction de la première grande église est entamée dès 1928 (avant la reconnaissance officielle des apparitions).

L’église Notre-Dame-du-Rosaire est terminée en 1953. Elle obtient l’année suivante le titre de basilique. Les tombes des trois enfants sont transférées dans le transept en 1951, 1952 et 2006. En dehors de la grande esplanade, utilisée pour les grands rassemblements et les processions, le sanctuaire compte plusieurs chapelles et deux grandes structures : le centre pastoral Paul VI (1979-1982), et la basilique de la Sainte Trinité (2004-2007) qui est la 4e église au monde en capacité, avec près de 9 000 places. 

Fátima est aujourd’hui un centre mondial de pèlerinages très connu. Chaque année, près de cinq millions de pèlerins et de touristes s’y rendent, ce qui en fait le quatrième lieu de pèlerinage catholique du monde (après la basilique de Notre-Dame de Guadalupe au Mexique, la basilique Saint-Pierre au Vaticanet les sanctuaires de Lourdes en France.

En 1942, un groupe de femmes portugaises décide d’offrir une couronne d’or à la vierge de Fátima en « action de grâce de la protection accordée au Portugal durant la Seconde Guerre mondiale » (et sa non-participation au conflit). Cette couronne, réalisée gratuitement par 12 artisans joaillers a été officiellement déposée sur la tête de la statue de la Vierge le 13 mai 1946 par le cardinal Benedetto Aloisi Masella, légat pontifical de Pie XII. Cette couronne « de reine » fait référence à la décision du roi Jean IV du Portugal, en 1646, de proclamer la Vierge Marie : « reine et patronne du Portugal ».

L’intérieur de la basilique Notre dame du sanctuaire à Fatima
Par Andreas Trepte — Travail personnel, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1860784
La basilique de la sainte Trinté
Par Therese C — Flickr: DSCN5574, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16091401

Pologne / 27 juin 1877 – 16 sept. 1877 Notre dame de Warmia

I – Généralités

Pays de l’apparition

Pologne

Site 

Gietrzwald village in Poland aerial view. Place of the apparitions of the Virgin Mary

Gietrzwald est un village, chef lieu d’un canton rural dans le powiat d’Olsztyn dans la voïvodie polonaise de Varmie-Mazurie. L’endroit est entouré de forêts de conifères et de forêts mixtes avec de nombreux lacs. Au XVe siècle Gietrzwald fut dévasté au cours des guerres entre la Pologne et l’Ordre Teutonique et pillé en 1455 par les chevaliers de l’Ordre. Le village fut cruellement dévasté en 1807 par les troupes françaises au cours de la Guerre de la Quatrième Coalition. Le plus grand événement dans ce petit village de Warmie, ce fut en 1877 plusieurs apparitions qui eurent lieu du 27 juin au 16 septembre. Depuis lors Gietrzwald est devenu un lieu de pèlerinage

Gietrzwald, La Chapelle au milieu du village
Par S.Czachorowski — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3329817

Désignation  

Notre-Dame de Warmia 

Contexte historique

Durant le XVIIe et surtout le XVIIIe, la République de Pologne est engagée dans des nombreux conflits militaires qui lui font perdre une grande partie de sa superficie, notamment sous le coup de l’expansion de l’Empire russe. À la fin du XVIIIe siècle, après trois partitions, la République des Deux Nations est partagée entre la Prusse, l’Autriche et l’Empire russe. Au cours du XIXe siècle, la majorité des territoires dont s’était emparé l’Autriche passent sous contrôle russe. La Pologne ne retrouve son indépendance qu’en 1918.

A la fin du XIXe siècle, on assiste dans la région à un phénomène de germanisation et des lois défavorables à l’Église catholique sont adoptées. En 1873, la langue polonaise est même interdite dans les écoles de la région de Warmie. À cause du Kulturkampf, un conflit qui oppose le royaume de Prusse puis l’Empire allemand à l’Église catholique romaine, de nombreux prêtres catholiques rebelles ainsi que les congrégations religieuses sont repoussés loin de Warmie.

II – Les voyantes 

Barbara Samulowska 

nom religieux Stanislaus Samulowska ) née le 21 janvier 1865 à Woryty , décédée le 6 décembre 1950 au Guatemala ) – religieuse polonaise , religieusemissionnaireservante de l’Église catholique et visionnaire à qui apparut en 1877, Notre-Dame, à Gietrzwałd , seul lieu des apparitions mariales reconnu par l’Église, en Pologne.

Elle est née dans une famille de paysans pauvres, nombreux et pieux, Józef et Karolina, née Barczewska; elle est leur plus jeune enfant (elle avait deux frères: Józef et Jana). Le lendemain (22 janvier 1865), elle fut baptisée à l’église de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie à Gietrzwałd et ses parrains et marraines étaient ses parents: Andrzej Barczewski et Gertruda Górska  . 

Le 28 juin 1877, elle fait sa première Communion à Gietrzwałd. Deux jours plus tard, sur l’érable à côté de l’église, lui apparait, ainsi qu’à sa parente, Justyna Szafryńska, la mère de Dieu, nimbée de lumière, vêtue de blanc, avec de longs cheveux, assise sur un trône d’or décoré de perles ;  ces révélations durèrent jusqu’au 16 septembre 1877. Les jeunes filles ont informé le prêtre, le prêtre Augustin Weichsl, qui à son tour informa l’évêque de Warmie, Philipp Krementz , qui nomma des comités spéciaux pour enquêter sur cet événement extraordinaire. 

Justyna Szafrynsk, qui avait 13 ans à l’époque et Barbara Samulowska qui en avait 12, étaient toutes les deux issues de familles pauvres, entrèrent toutes les deux chez les Filles de la Charité (Sœurs de saint Vincent de Paul)

Le 2 février 1889, elle prononce des voeux religieux solennels en prenant le nom religieux de Stanislaus Samulowska.  Au début de 1884, elle se rend à Paris où, le 19 janvier, elle commence son noviciat rue du Bac 140, à la chapelle des apparitions de la médaille miraculeuse. Après un séjour d’un an au Séminaire des Soeurs, elle a commence à travailler dans la crèche de la rue Maré, s’occupant des enfants. En  1895, elle est envoyée au Guatemala en Amérique centrale , en tant que professeur de jeunes sœurs de la miséricorde, les préparant au service hospitalier et aux soins pour les pauvres 

Barbara Samulowska,
soeur Stanislaus Samulowska en religion

En 1907, en raison de son état de santé, elle est transférée à Antigua , où elle soigne les malades à l’hôpital local . Deux ans plus tard, elle se rend à Paris pour un court repos, puis retourne à Antigua au Guatemala, s’occupant des pauvres de la ville et préparant les enfants à la première communion en tant que catéchiste. En 1913, elle est temporairement envoyée à l’hôpital de Quetzaltenango pour aider sa soeur malade, Thonluc. 

Après son retour à Antigua, elle tome malade de la fièvre typhoïde , mais après le traitement, elle récupère et revient des années plus tard comme supérieure à un hôpital de la capitale guatémaltèque . Elle y contribue à la reprise et à la renaissance du culte du Sauveur crucifié. Dans la chapelle de l’hôpital, il y avait une image grandeur nature du Christ crucifié, vénéré par les fidèles comme un « Jésus miséricordieux ». Au cours de cette période, au tournant des années 1917 et 1918, la capitale guatémaltèque subit des tremblements de terre après lesquels elle organisa l’ aide aux victimes.

En 1923, elle se rend de nouveau à Paris, puis se rend à Chełmno, d’où elle retourne au Guatemala où elle dirige également l’orphelinat pendant quelque temps. Elle décède le 6 décembre 1950 dans un hôpital du Guatemala à la suite d’un cancer malin au visage. Elle repose au cimetière au Guatemala.

Le 2 février 2005, l’archevêque Edmund Piszcz de Warmie inaugure le procès en béatification de sœur Stanisława Barbara Samulowska dans la basilique de Gietrzwałd.  

Justyna  Szafryńska,

justyna szafryńska,

Justyna, quant à elle, quitta la congrégation en 1897 et retourna à la vie laïque. En 1899, elle épousa Raymond Étienne Bigot à Paris. Après 1904, elle disparut sans laisser de traces et on ne sait rien de la suite de sa vie ni de l’endroit où elle repose.  Les visionnaires furent persécutées par le gouvernement local. 

III – L’Apparition (généralités) 

Date

Le 27 Juin 1877 marque le début des apparitions de la Vierge à Gietrzwałd ; apparitions qui prendront fin le 16 septembre de la même année. Une nouvelle apparition se déroule le 30 Juin. À partir du mois de juillet, la Vierge apparaîtra tous les soirs aux deux jeunes filles, durant la récitation du Rosaire.

Nombre et durée des apparitions

La «Dame Blanche» est apparue plusieurs fois pendant trois mois, en 1877 à deux fillettes

Tonalité 

La Vierge apparaît à Gietrzwald avec tous les signes de sa royauté céleste : un trône en or constellé de diamants, une kyrielle d’anges, un sceptre et une couronne. Mais c’est l’enfant Jésus, tenu sur le genoux de la Vierge, qui tient le globe dans sa main. La croix, sans le corps du crucifié, que montre un ange, rappelle que c’est par le sang que Jésus a permis aux hommes de retrouver l’accès à son royaume. 

Emplacement des apparitions

Le 27 juin 1877, la jeune Justyna Szafryńska, 13 ans, entendant sonner les cloches de l’Angélus, récite la prière quand soudain elle voit une grande lumière et une silhouette vêtue de blanc au niveau de l’érable du presbytère.

Récit 

Le 27 juin 1877. La jeune Justyna Szafryńska, 13 ans, une adolescente qui prépare sa communion, rentre chez elle après un rendez-vous avec le curé de la paroisse. Entendant les cloches sonner l’Angélus, elle récite la prière quand soudain elle voit une grande lumière et une silhouette vêtue de blanc au niveau de l’érable du presbytère. La silhouette siège sur un trône orné d’or et de diamants.

Justyna voit aussi apparaître la silhouette éblouissante d’un ange, tout de blanc vêtu, avec des ailes en or. Aussitôt l’adolescente récite le « Je vous salue Marie ». Après cette prière, la silhouette se lève de son trône et monte au ciel aux côtés de l’ange. C’est le début des apparitions de la Vierge à Gietrzwałd, apparitions qui prendront fin le 16 septembre de la même année.  

Dès le début, la jeune fille raconte tout ce qu’elle a vu au prêtre, qui lui enjoint de retourner au même endroit le lendemain. Et une nouvelle fois, quand l’Angélus sonne, l’érable s’illumine à nouveau d’une grande lumière. Cette fois, il est entouré d’un cercle d’or, et un trône apparaît. Deux anges escortent la Vierge Marie à son trône où elle s’assoit.

Deux autres anges amènent l’Enfant Jésus rayonnant de lumière et le placent sur le genou gauche de la Vierge. L’Enfant tient un globe terrestre dans sa main gauche. D’autres anges encore tiennent une couronne scintillante au-dessus de la tête de la Vierge. Un ange apporte un sceptre en or et le brandit de la main droite au-dessus de la couronne. Un autre ange enfin surplombe la scène et indique de la main une grande croix sur laquelle la figure du Christ crucifié est absente.

Le 30 juin, la Vierge apparaît cette fois seule, sans être escortée par des anges. Elle apparaît aussi à Barbara Samulowska, 12 ans, qui accompagne Justyna. Barbara demande : « Que désirez-vous, Sainte Vierge ? » Elle reçoit cette réponse de Marie dans un dialecte local proche du polonais : « Je souhaite que vous puissiez prier tous les jours le chapelet. »

Le 1erjuillet, Justyna lui demande : « Qui êtes-vous ? » La Vierge lui répondit : « Je suis la Très Sainte Vierge Marie Immaculée. » Il est important de rappeler que les apparitions de Gietrzwałd ont eu lieu une vingtaine d’années seulement après celles de Lourdes, où la Mère de Dieu avait dit à Bernadette Soubirous : « Je suis l’Immaculée Conception », et à peine 23 ans après la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception par le pape Pie IX.  

À partir du mois de juillet, la Vierge apparaît tous les soirs aux deux jeunes filles durant la récitation du Rosaire. Parmi les questions diverses et variées qu’elles lui posent, certaines concernent la santé et le salut de certaines personnes. Mais il y eut aussi celle-ci : « L’Église du royaume de Pologne sera-t-elle libérée ? ».

Il faut savoir qu’au moment des apparitions, la Pologne actuelle était divisée entre la Prusse, l’Autriche et la Russie. A la fin du XIXe siècle, on assiste dans la région à un phénomène de germanisation et des lois défavorables à l’Églises catholiques sont adoptées. En 1873, la langue polonaise est même interdite dans les écoles de la région de Warmie. À cause du Kulturkampf, un conflit qui oppose le royaume de Prusse puis l’Empire allemand à l’Église catholique romaine, de nombreux prêtres catholiques rebelles ainsi que les congrégations religieuses sont repoussés loin de Warmie. Si bien que la rumeur des apparitions attire de nombreux pèlerins à Gietrzwałd.

Pendant les trois jours de la célébration de la Nativité de la Vierge, pas moins de 50 000 pèlerins affluent dans le village. Le 8 septembre 1877, la Vierge bénit une source où les pèlerins vont, depuis, se procurer de l’eau pour les personnes souffrantes ; ce qui occasionne un certain nombre de guérisons miraculeuses. Le 16 septembre, on installe une chapelle ainsi qu’une statue de la Vierge à l’endroit des apparitions. A l’époque, les relations avec la Prusse sont compliquées et les apparitions sont considérées comme un signal fort pour la défense du catholicisme et de la communauté polonaise en général.

De fait, les apparitions contribuent à un renouveau du sentiment national polonais. Mais elles ont aussi une portée universelle sur le plan religieux. Les fruits seront une authentique renaissance de la vie religieuse. Bien vite, on a vu chaque année à Gietrzwałd un grand nombre de fidèles aux 29 juin, 15 août et  8 septembre. Si bien qu’on a songé songer à agrandir le sanctuaire.

IV – Analyse de l’Apparition

Apparence de la Vierge

La silhouette siège sur un trône orné d’or et de diamants. Au même endroit le lendemain, cette fois, deux anges escortent la Vierge Marie à son trône où elle s’assoit. D’autres anges encore tiennent une couronne scintillante au-dessus de la tête de la Vierge. Un ange apporte un sceptre en or et le brandit de la main droite au-dessus de la couronne. Le 30 juin, la Vierge apparaît cette fois seule, sans être escortée par des anges. 

Attitudes de la Vierge

Après cette prière, la silhouette se lève de son trône et monte au ciel aux côtés de l’ange. Le 8 septembre 1877, la Vierge bénit une source où les pèlerins vont, depuis, se procurer de l’eau pour les personnes souffrantes.

Entendant les cloches sonner l’Angélus, elle récite la prière quand soudain elle voit une grande lumière et une silhouette vêtue de blanc au niveau de l’érable du presbytère.

Paroles de la Vierge

Barbara demande : « Que désirez-vous, Sainte Vierge ? » Elle reçoit cette réponse de Marie dans un dialecte local proche du polonais : « Je souhaite que vous puissiez prier tous les jours le chapelet. » Le 1erjuillet, Justyna lui demande : « Qui êtes-vous ? » La Vierge lui répondit : « Je suis la Très Sainte Vierge Marie Immaculée. » 

Messages de la Vierge  

La prière est la condition pour que les « choses aillent mieux ! » Le 30 juin 1877, l’apparition dit, en polonais : « je désire que vous récitiez le rosaire*  tous les jours ». La réponse de la Vierge Marie fut toujours : « Priez et récitez le rosaire ; ( à cette condition…) les prêtres seront libérés ; les malades guériront ; la Pologne regagnera son indépendance. » 

Autres Visions et/ou éléments supra-naturels

Deux anges escortent la Vierge Marie à son trône où elle s’assoit. Deux autres anges amènent l’Enfant Jésus rayonnant de lumière et le placent sur le genou gauche de la Vierge. L’Enfant tient un globe terrestre dans sa main gauche. D’autres anges encore tiennent une couronne scintillante au-dessus de la tête de la Vierge. Un ange apporte un sceptre en or et le brandit de la main droite au-dessus de la couronne. Un autre ange enfin surplombe la scène et indique de la main une grande croix sur laquelle la figure du Christ crucifié est absente. 

Eléments conformes aux autres apparitions 

Barbara voit une grande lumière et une silhouette vêtue de blanc.  Justyna voit aussi apparaître la silhouette éblouissante d’un ange, tout de blanc vêtu, avec des ailes en or. La vierge apparaît avec l’enfant Jésus ; notre Dame demande aux fidèles de construire sur le lieu de son apparition une chapelle avec la statue de l’Immaculée Conception. Elle promet de bénir une source à l’orée de la forêt et encourage les gens à boire de l’eau miraculeuse qui génère des guérisons.Elle apparaît à proximité d’un arbre. Le corps des voyantes présente des caractéristiques spécifiques pendant les apparitions : leurs pouls ralentit, les extrémités de leur corps refroidissent et elles ont le regard totalement fixe. 

Eléments spécifiques

La silhouette siège sur un trône orné d’or et de diamants. Le lendemain, et une nouvelle fois, quand l’Angélus sonne, l’érable s’illumine à nouveau d’une grande lumière. Cette fois, il est entouré d’un cercle d’or, et un trône apparaît. Deux anges escortent la Vierge Marie à son trône où elle s’assoit. Deux autres anges amènent l’Enfant Jésus rayonnant de lumière et le placent sur le genou gauche de la Vierge. L’Enfant tient un globe terrestre dans sa main gauche. D’autres anges encore tiennent une couronne scintillante au-dessus de la tête de la Vierge. Un ange apporte un sceptre en or et le brandit de la main droite au-dessus de la couronne. Un autre ange indique de la main une grande croix sur laquelle la figure du Christ crucifié est absente. 

Lien avec d’autres apparitions 

A cause de la source et des guérisons miraculeuses, on dit que Gietrzwald est le Lourdes de la Pologne. Les deux voyantes entrent dans la même congrégation que celle de Catherine Labouré ( Apparition de la rue du Bac à Paris ) : les soeurs de Saint Vincent de Paul.

V- Reconnaissance et sanctuaires 

Reconnaissance

10 septembre 1967, au nom du pape Paul VI, les cardinaux Wyszynski et Wojtyla, couronnent solennellement l’image sacrée. Le 1er septembre 1977, le centenaire de des apparitions est célébré par l’archevêque métropolitain de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyła, futur pape Jean Paul II. Ce jour-là, l’évêque de Warnie, Józef Drzazga, reconnait solennellement la vénération de la Vierge Marie à Gietrzwałd. Il publie un décret validant la crédibilité des apparitions et proclame qu’elles sont conformes avec la foi et la morale chrétienne. Le 27 Juin est le jour anniversaire des apparitions de Gietrzwald.

Saint Jean Paul II

Le 2 février 2005 s’est déroulé à Gietrzwałd, une messe solennelle célébrée par l’archevêque Edmund Piszcz, pour le processus de béatification de Sr Stanisława Samulowska, à l’initiative de la Province polonaise de l’ ordre des chanoines du Latran , qui reprend le sanctuaire de Gietrzwałd. Un tribunal diocésain a été mis en place pour entendre 21 témoins en Pologne, en Allemagne et au Guatemala, et une commission historique et théologique, pour examiner la sainteté de la vie de Soeur Stanisława . 

Elle a désormais droit au titre de Servante de Dieu . Après près de deux ans de procédure, le 8 septembre 2006, dans la basilique de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie à Gietrzwałd, la cérémonie de clôture du processus de béatification au niveau diocésain, été clôturée par l’archevêque Wojciech Ziemba ; après quoi les dossiers du procès ont été transférés à la Congrégation pour la Cause des Saints à Rome.

Sanctuaire 

Le Sanctuaire de Gietrzwald a été construit entre 1878-1884. L’église a été érigée en 1970 par Paul VI en basilique mineure. Chaque année à Gietrzwałd un grand nombre de fidèles se rassemble les 29 juin, 15 août et  8 septembre.Le sanctuaire est sous la tutelle, depuis 1945, des prêtres chanoines. 

Le sanctuaire de Notre Dame de Warmia

Notre dame de Pontmain

I – Généralités

Pays de l’apparition

France

Site 

Pontmain est une commune française, située dans le département de la Mayenne en région Pays de la Loire, peuplée de 894 habitants (les Pontaminois).Le village de Pontmain est un lieu important de pèlerinage à Notre-Dame de Pontmain qui est apparue à plusieurs enfants le 17 janvier 1871. Une nouvelle église a été édifiée sur la commune à la suite de cette apparition, entre 1873 et 1877. En 1872, la commune de Pontmain est créée par scission du territoire de Saint-Ellier-du-Maine, longtemps simple hameau de la commune de Saint-Ellier-du-Maine, Pontmain est érigé en commune en 1876.

De 1914 à 1918, un camp de concentration existe à Pontmain. Il accueillait des internés civils originaires de nations ennemies, qui y vivaient avec leur famille. Plusieurs centaines de personnes vécurent ainsi les années de guerre. On y retrouve des Allemands, mais aussi des Autrichiens, des Alsaciens-Mosellans, des Flamands et des Luxembourgeois, des Ottomans, etc.

Désignation  

Notre-Dame de Pontmain est le vocable sous lequel est appelée la Vierge Marie à l’occasion d’une apparition survenue le 17 janvier 1871 dans le petit village de Pontmain, en Mayenne.

Contexte historique

L’apparition de la Vierge à Pontmain se situe dans le contexte de la guerre contre la Prusse. Les armées françaises sont défaites. Metz, la plus importante forteresse d’Europe, assiégée en août, a dû se rendre à l’ennemi en octobre, Paris est assiégée et ses habitants meurent de faim. Le Second Empire est tombé et les troupes prussiennes et alliées occupent une grande partie du territoire français. Le 12 janvier 1871, les Prussiens sont au Mans et progressent vers l’ouest (donc vers la Mayenne). Les populations locales, dont de nombreux hommes partis en guerre sans donner de nouvelles, sont effrayées, et se tournent alors vers la religion, priant pour être épargnés. Outre les désordres liés à la guerre, une épidémie de typhoïde et de variole se déclenche.


La bataille de saint Privat illustre la défaite française
Par Alphonse-Marie-Adolphe de Neuville — scan of a painting, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14571240

II – Le ou les voyants (es) 

Le 2 février 1872, Mgr Wicart, évêque de Laval, reconnaît quatre voyants officiels : Eugène Barbedette est né le 4 novembre 1858.  Il meurt le 2 mai 1927.  Il est enterré dans le cimetière de Châtillon-sur-Colmont.

Joseph Barbedette est né le 20 novembre 1860. Il meurt le 3 novembre 1930. Il est enterré dans le cimetière de Pontmain.

Françoise Richerest née en 1861. Elle meurt le 28 mars 1915. Elle est enterrée dans le cimetière de Châtillon-sur-Colmont.

Jeanne-Marie Lebossé, orpheline de père et ayant sa mère paralysée, meurt le 12 décembre 1933. Elle est enterrée dans le cimetière central de Bordeaux, dans le caveau de sa communauté.

Destinée des voyants (es) 

Eugène Barbedette devient prêtre et est ordonné en 1883. Curé dans plusieurs paroisses du diocèse de Laval, il a laissé le souvenir d’un prêtre « droit, zélé, fervent et intransigeant ». Il meurt le 2 mai 1927. Joseph Barbedette désire devenir missionnaire et entre chez les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Il est ordonné prêtre en 1884. Il meurt le 3 novembre 1930. Françoise Richerest est une âme profondément chrétienne, accomplissant simplement sa tâche de chaque jour « pour faire plaisir au Bon Dieu et à la Bonne Vierge ».  

Elle gagne sa vie comme domestique, puis comme institutrice dans plusieurs petites écoles de campagne.  Vers 1900, elle devient gouvernante de l’abbé Eugène Barbedette. Elle meurt le 28 mars 1915.  Jeanne-Marie Lebossé, orpheline de père et ayant sa mère paralysée, est recueillie par sa tante Sœur Timothée, directrice de l’école de Pontmain.  En 1881, elle entre chez les Sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux.  Pendant dix ans, elle sera paralysée, et en mars 1933 elle sera réduite à une impuissance absolue.  Elle meurt le 12 décembre 1933.

III – L’Apparition (généralités) 

Date

La nuit du 17 janvier 1871

Nombre et durée des apparitions

Une seule 

Tonalité de l’apparition

La tonalité générale de l’apparition est « grave » et tient compte du contexte difficile du moment : le voile noir qui recouvre la tête de la Vierge, sa tristesse, le crucifix rouge, les petites croix blanches et les cierges allumés rappellent une cérémonie funéraire.

Nature de l’Apparition (privée ou publique)

Les grandes personnes ne voient rien sinon les trois étoiles. Ne voyant que les étoiles, la religieuse retourne à l’école et en revient avec une autre sœur. 

Emplacement des apparitions

Eugène sort de la grange pour « voir le temps ». C’est alors qu’il déclare avoir aperçu au-dessus de la maison d’en face, une belle Dame. 

Récit 

Le témoignage du Père Henri-Michel Ledauphin

Pontmain, le 17 janvier 1871. Une journée qui commence comme les autres. Ce matin, l’église était remplie de fidèles, comme les autres jours. Il y a beaucoup de neige et il fait un froid glacial « à fendre les pierres ». Vers midi et demi, la terre a tremblé ; ce qui a fortement impressionné tous les habitants, surtout en cette période troublée. C’est la guerre franco-prussienne. Depuis le 23 septembre dernier, 38 jeunes de la paroisse sont partis à la guerre et l’on est sans nouvelles. On vit dans l’angoisse et dans la peur.

Et puis il y a cette épidémie de typhoïde qui commence à reprendre. Malgré tout, on prie avec ferveur car il en est ainsi à Pontmain. Depuis l’arrivée de notre curé, l’abbé Michel Guérin, le 24 novembre 1836, dans chaque famille, on prie le chapelet tous les jours. Ce soir, deux enfants, Eugène et Joseph Barbedette, aident leur père, dans la grange, à piler les ajoncs pour la nourriture de la jument. La nuit est tombée. Il est environ 5 h ½. (17H30) Jeannette Détais, une vieille femme, vient donner quelques nouvelles qu’elle a pu glaner un peu plus loin, près des fuyards de l’armée de la Loire en déroute.

Eugène profite de l’arrêt du travail pour sortir à la porte pour voir le temps. Et voilà que tout à coup, en plein ciel, au dessus de la maison d’en face, il voit une ‘Belle Dame’ qui tend les bras comme dans un geste d’accueil et qui lui sourit. Elle est vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles d’or (comme la voûte de l’église peinte ainsi en 1860). Sur la tête, elle a un voile noir surmonté d’une couronne d’or avec un liseré rouge au milieu. Aux pieds, elle porte des chaussons bleus avec une boucle d’or. Elle est au milieu d’un triangle formé de trois grosses étoiles.

La Belle Dame sourit à l’enfant. Ce sourire sera le seul dialogue car, de toute l’apparition, la Belle Dame ne dira pas un seul mot.Le jeune frère Joseph, venu à la porte, voit lui aussi la ‘Belle Dame’ tandis que les grandes personnes ne voient rien, sinon les trois étoiles. Victoire, leur mère, ne verra rien non plus, malgré qu’elle soit retournée à la maison chercher ses lunettes. Elle se rend à l’école demander à sœur Vitaline de venir devant la grange. Ne voyant que les étoiles, la sœur retourne à l’école et en revient avec une autre sœur, Marie-Edouard, et trois petites pensionnaires.

A leur arrivée, les deux plus jeunes, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé s’écrient : « Oh ! La belle Dame ! Qu’elle est belle ! » Et la décrivent à leur tour. Sœur Marie-Edouard s’en va prévenir monsieur le curé tandis que sœur Vitaline commence à prier avec les gens qui accourent de plus en plus nombreux. « Monsieur le curé, dit sœur Marie-Edouard depuis la porte du presbytère, venez vite chez les Barbedette, il y a un prodige : les enfants voient la Sainte Vierge ! » Le curé, saisi par la surprise, répond : « Un prodige ! La Sainte Vierge ! La Sainte Vierge ! Mais, ma sœur, vous me faites peur ! » La vieille servante, Jeannette Pottier, intervient : « Faut aller voir, monsieur le curé ! »

Et elle allume la lanterne pour sortir dans la nuit. Lorsqu’il arrive au milieu de ses paroissiens, les enfants, que l’on avait séparés pour éviter qu’ils puissent communiquer entre eux, s’écrient : « V’là d’qué qui s’fait ! » (voilà quelque chose qui se fait) et ils décrivent un grand ovale bleu qui est venu entourer la Belle Dame. A l’intérieur quatre bobèches* sont fixées portant quatre bougies éteintes. Ces bougies rappellent celles que l’abbé Guérin allumait sur l’autel de la Sainte Vierge depuis le 8 décembre 1854, à tous les offices de la paroisse. En même temps apparaît une petite croix rouge sur la robe, à l’endroit du cœur.

Bobèche :petite pièce concave à rebord, percée à son milieu d’un trou cylindrique, qu’on adapte aux chandeliers, aux lustres, aux girandoles, afin de recueillir leur cire fondue.

Et puis voilà que l’attention se relâche. On commence à parler, à discuter. La Belle Dame devient triste : « V’là qu’elle tombe en humilité » dit Eugène. « Prions ! » ajoute monsieur le curé. Sœur Marie-Edouard commence le chapelet. Aussitôt, la Dame sourit à nouveau. Tout au long du chapelet, au rythme des Ave Maria, la Belle Dame grandit lentement. L’ovale grandit dans les mêmes proportions et les étoiles se multiplient sur sa robe et autour d’elle. « C’est comme une fourmilière, ça se tape sur sa robe, disent les enfants. Oh ! Qu’elle est belle ! »

Après le chapelet, on chante le Magnificat. Au début du chant, les enfants s’écrient : « V’là cor’de qué qui s’fait » (voilà encore quelque chose qui se fait). Une grande banderole vient se dérouler entre le bas de l’ovale et le toit de la maison. Des lettres commencent alors à s’écrire, en majuscule, couleur d’or. « C’est un M » – « Un A » – « un I » – « un S ». Le mot MAIS qui va rester tout seul jusqu’au moment où arrive Joseph Babin, un charretier, qui revient d’Ernée, à 20 km de là, et qui lance à la foule : « Vous pouvez bien prier, les Prussiens sont à Laval ». Le mot PRIEZ vient s’écrire alors après MAIS.

Le message continue de s’écrire lettres après lettres. A la fin des litanies que l’on chante après le Magnificat, les enfants peuvent lire une première ligne se terminant par un gros point : MAIS PRIEZ MES ENFANTS DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS. Au début de l’Inviolata* qui va suivre, des lettres commencent une seconde ligne : MON. Au moment où l’on chante « O Mater alma Christi carissima », le mot FILS vient s’écrire à la suite. « MON FILS » lisent les enfants.

Alors c’est un cri de joie général : « C’est Elle ! C’est bien Elle ! C’est la Sainte Vierge ! » Jusque là, on pensait que ce pouvait être Elle. Mais maintenant, on en est sûr. C’est bien écrit : MON FILS. Pendant que l’on termine l’Inviolata* et que l’on chante le Salve Regina, le message continue et se termine MON FILS SE LAISSE TOUCHER. Il n’y a pas de point final mais cette deuxième ligne est soulignée par un gros trait d’or comme les lettres.

* Inviolata : Hymne à la vierge Marie 

« Chantons notre cantique à Marie » dit alors M. le curé ; et les paroles s’élèvent joyeuses vers le ciel, alors que, dimanche dernier, on l’avait chanté la gorge serrée : « Mère de l’Espérance dont le nom est si doux, Protégez notre France. Priez, priez pour nous. » Au début, la Vierge lève les mains à hauteur de ses épaules et agite les doigts au rythme du cantique. Puis un rouleau « couleur du temps » passe et efface la banderole et le message. Suit un autre cantique « Mon doux Jésus » avec le refrain « Parce Domine, parce populo tuo ». (Pardonnez Seigneur, pardonnez à votre peuple). Les enfants, joyeux jusque là, deviennent subitement tout tristes. C’est que la Vierge elle aussi est devenue toute triste.

Elle ne pleure pas, mais un frémissement au coin des lèvres marque l’intensité de sa douleur. C’est alors qu’une croix d’un rouge vif apparaît devant la Vierge. Sur la croix, Jésus, d’un rouge plus foncé. Au sommet de la croix, sur une traverse blanche, est écrit : JESUS CHRIST. La Vierge prend la croix à deux mains et la présente aux enfants pendant qu’une petite étoile vient allumer les quatre bougies de l’ovale avant d’aller se placer au dessus de la tête de la Vierge. La foule prie en silence et beaucoup pleurent. Puis sœur Marie-Edouard chante l’Ave Maris Stella*. Le crucifix rouge disparait et la Vierge reprend l’attitude du début. Le sourire « un sourire plus grave » revient sur ses lèvres et une petite croix blanche apparaît sur chacune de ses épaules. Il est 8 h ½.

Ave Maris Stella est une hymne catholique à la Vierge Marie, qui appartient au répertoire grégorien. Son titre latin signifie « Salut, étoile de la mer »

« Mes chers amis, dit M. le curé, nous allons faire tous ensemble la prière du soir ». Tout le monde se met à genoux, là où il est, qui dans la neige, qui dans la grange pour ceux qui ont voulu s’abriter du froid glacial. Jeannette Pottier, la vieille servante, commence la prière : « Mettons-nous en présence de Dieu et adorons-le. » Au moment de l’examen de conscience, les enfants signalent la présence d’un voile blanc qui vient d’apparaître aux pieds de la Vierge et qui monte lentement en la cachant à leurs yeux.

Le voile arrive à hauteur de la couronne, s’arrête un instant et, brusquement, tout disparaît : le voile, la couronne, l’ovale, les bougies et les trois étoiles. « Voyez-vous encore ? » Demande M. le curé. « Non, M. le curé, tout a disparu, c’est tout fini ! ». Il est près de 9 h. ( 21H) Le 26 janvier, l’armistice est signé avec la Prusse (dont le roi a été proclamé empereur allemand). Les habitants de Pontmain et des alentours y voient une grâce de l’apparition, d’autant plus que les Prussiens ne sont pas entrés à Laval. Les pèlerins affluent alors à Pontmain

IV – Analyse de l’Apparition

Apparence de la Vierge

Il est environ 5 h ½. Eugène profite de l’arrêt du travail pour sortir à la porte voir le temps.Tout à coup, en plein ciel, au dessus de la maison d’en face, il voit une ‘Belle Dame’. Elle est vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles d’or (comme la voûte de l’église peinte ainsi en 1860). Sur la tête, elle a un voile noir surmonté d’une couronne d’or avec un liseré rouge au milieu. Aux pieds, elle porte des chaussons bleus avec une boucle d’or. 

La statue de Notre Dame de Pontmain sur le parvis de la cathédrale
Par GO69 — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14840977

Le Magnificat désigne le cantique chanté par la Vierge Marie après l’Annonciation, lors de la visite qu’elle rend à sa cousine Élisabeth âgée et enceinte (épisode couramment appelé la Visitation). Également appelé Cantique de Marie, ainsi que Cantique de la Vierge, ce chant est tiré de l’Évangile de Luc, 1, 46-56

Attitudes de la Vierge

Eugène voit une ‘Belle Dame’ qui tend les bras comme dans un geste d’accueil et qui lui sourit. « Prions ! » ajoute M. le curé. Sœur Marie-Edouard commence le chapelet. Aussitôt, la Dame sourit à nouveau. « Chantons notre cantique à Marie » dit alors M. le curé et les paroles s’élèvent joyeuses vers le ciel. Au début, la Vierge lève les mains à hauteur de ses épaules et agite les doigts au rythme du cantique. Mais les enfants, joyeux jusque là, deviennent subitement tout tristes.

C’est que la Vierge elle aussi est devenue toute triste. Elle ne pleure pas mais un frémissement au coin des lèvres marque l’intensité de sa douleur. C’est alors qu’une croix d’un rouge vif apparaît devant la Vierge. Sur la croix, Jésus, d’un rouge plus foncé. La Vierge prend la croix à deux mains et la présente aux enfants. Puis sœur Marie-Edouard chante l’Ave Maris Stella*. Le crucifix rouge disparait et la Vierge reprend l’attitude du début. Le sourire, un sourire plus grave, revient sur ses lèvres.

Paroles de la Vierge

Le sourire de la Vierge sera le seul dialogue car, de toute l’apparition, la Belle Dame ne dira pas un seul mot mais les messages visuels sont forts : une grande banderole vient se dérouler entre le bas de l’ovale et le toit de la maison. Des lettres commencent alors à s’écrire : «  Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera ; en peu de temps, mon fils se laisse fléchir ».Une croix d’un rouge vif apparaît devant la Vierge. Au sommet de la croix, sur une traverse blanche, est écrit : « Jésus Christ ».

Messages de la Vierge  

Une fois de plus, la vierge demande de prier et atteste de l’efficacité de la prière : si on le prie, son fils nous exaucera en peu de temps ! La croix brandie devant les enfants par la Vierge rappelle l’importance du sacrifice de son fils et, sans doute, la nécessité de commémorer ce sacrifice en pratiquant le rite de l’Eucharistie et la prière du Vendredi de la Passion. Ce geste signifie aussi que le sacrifice de son fils Jésus sur la croix a toujours tout son sens, au cas où les hommes sembleraient l’oublier. 

La phrase écrite « mon fils se laisse toucher » insiste sur la capacité de compassion de son Fils Jésus à l’égard de ceux qui invoquent son pardon. L’émotion et les attitudes de la Viergenous rappellent qu’elle est profondément humaine. Elle sourit à plusieurs reprises et bat même des mains en mesure au rythme du cantique ; puis, elle devient triste avant de sourire à nouveau et redevenir triste un peu plus tard elle ne pleure pas, mais un frémissement au coin des lèvres marque l’intensité de sa douleur.

Autres Visions et/ou éléments supra-naturels

L’apparition de Pontmain donne lieu à une véritable scénographie autour de la Vierge : la vierge est vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles d’or comme la voûte de l’église peinte ainsi en 1860. Les enfants décrivent un grand ovale bleu qui est venu entourer la Belle Dame. A l’intérieur quatre bobèches* sont fixées portant quatre bougies éteintes. En même temps apparaît une petite croix rouge sur la robe, à l’endroit du cœur. Tout au long du chapelet, au rythme des Ave Maria, la Belle Dame grandit lentement. L’ovale grandit dans les mêmes proportions et les étoiles se multiplient sur sa robe et autour d’elle. Une croix d’un rouge vif apparaît devant la Vierge.

La Vierge prend la croix à deux mains et la présente aux enfants pendant qu’une petite étoile vient allumer les quatre bougies de l’ovale avant d’aller se placer au dessus de la tête de la Vierge. Le crucifix rouge disparait et la Vierge reprend l’attitude du début. Une petite croix blanche apparaît sur chacune de ses épaules. Il est 8 h ½. ( 20H30) Au moment de l’examen de conscience, les enfants signalent la présence d’un voile blanc qui vient d’apparaître aux pieds de la Vierge et qui monte lentement en la cachant à leurs yeux. Le voile arrive à hauteur de la couronne, s’arrête un instant et, brusquement, tout disparaît : le voile, la couronne, l’ovale, les bougies et les trois étoiles

Les phases visuelles de l’apparition 

1- Marie  apparaît dans un triangle formé par trois grosses étoiles d’or en plein ciel.

2- Un ovale bleu avec quatre bougies éteintes vient entourer la Dame.

3- Une petite croix rouge apparaît sur sa poitrine à l’endroit du cœur. Pendant le chapelet, la Belle Dame grandit lentement au fur et à mesure des Ave Maria. L’ovale grandit aussi et les étoiles se multiplient sur sa robe et autour d’elle. 

5- Au début du Magnificat*, une banderole blanche se déroule en dessous de l’ovale et des lettres d’or viennent s’écrire tour à tour. 

6- Au début du cantique « Mère de l’espérance », Marie va lever les mains à hauteur de ses épaules et remuer les doigts au rythme du cantique. Après un autre cantique dont le refrain est « Parce Domine » son visage est empreint d’une tristesse indicible. 

7- Une croix rouge vif apparaît devant elle, portant le crucifié d’un rouge foncé. 

8- Au sommet de la croix, une traverse blanche avec un nom écrit en lettres rouges couleur sang : Jésus-Christ. 

9 – Marie prend la croix à deux mains et la présente aux enfants. 

10 – Une petite étoile vient allumer les bougies de l’ovale. 

11 – Le crucifix rouge disparaît ; 

12 – Marie reprend l’attitude du début et sourit à nouveau.

13 – Deux petites croix blanches apparaissent sur ses épaules.

Outre l’apparition elle-même mettant en ordre des étoiles,on peut s’étonner d’un étrange concours de circonstance : les Prussiens qui devaient prendre Laval ce soir-là n’y sont pas entrés. Le lendemain, ils se sont repliés. L’armistice est signé le 25 janvier. (La Vierge est apparue le 17 Janvier) Les 38 jeunes de Pontmain reviennent tous sains et saufs. »

Eléments conformes aux autres apparitions 

Marie garde le silence comme à Rome devant Alphonse Ratisbonne et lors de 7 des 18  apparitions de Lourdes. 

La vision du crucifix accompagne l’apparition comme à Amsterdam. La Vierge apparaît dans un environnement priant : depuis l’arrivée de notre curé, l’abbé Michel Guérin, le 24 novembre 1836, dans chaque famille, on prie le chapelet tous les jours.

La Vierge rappelle l’importance de la prière pour recevoir une réponse positive de son fils Jésus.

La vierge apparaît à des enfants.

Eléments spécifiques

Les principaux voyants sont deux garçons. 

La scénographie autour de la Vierge

Lien avec d’autres apparitions / Notre Dame de Bechouate 

Dans les années 1900, quelqu’un apporte une copie de la statue de la Vierge de Pontmain au Liban, dans le village de Béchouate. Lorsque la Vierge apparaîtra dans ce village, en 1976 et 2004, le père Claude Poussier, recteur du sanctuaire de Pontmain, rappellera l’origine française de cette statue, en faisant lui même le pèlerinage à Béchouate, en janvier 2005. À cette occasion, le message de la Vierge de Pontmain, traduit en arabe, sera inscrit sur le sanctuaire de Béchouate.

Notre Dame de Bechouate

V- Reconnaissance et sanctuaires 

Reconnaissance

Monseigneur Casimir Wicart, évêque de Laval, ordonne une enquête sur les apparitions. Il vient lui-même interroger les quatre enfants ayant déclaré voir la « dame » (Joseph et Eugène Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé). Selon la procédure habituelle, l’enquête est fouillée, mais rapidement (le 2 février 1872), il reconnaît l’authenticité de l’apparition et approuve le culte de la Vierge de Pontmain : « Nous jugeons que l’Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, a véritablement apparu le 17 janvier 1871, à Eugène et Joseph Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé dans le hameau de Pontmain ».

Sanctuaire 

L’affluence des pèlerins à Pontmain a été rapide. Pour le premier anniversaire des apparitions, le 17 janvier 1872, on comptait déjà 8 000 personnes.. En 1903, les oblats sont expulsés de France, à la suite de la politique de séparation de l’Église et de l’État. Ils ne reviendront qu’après la Première Guerre mondiale. Pendant cet intervalle, c’est le curé du village qui s’occupe des pèlerins. Ils sont toujours présents aujourd’hui et accueillent les pèlerins à la maison des Oblats de Pontmain, ancien juniorat et noviciat de la congrégation. Le magazine Pèlerin, dans son numéro spécial 15 août 2016, indique une fréquentation moyenne de 250.000 pèlerins par an. 

La Basilique Notre Dame de l’Espérance de Pontmain est édifiée entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, à proximité du site de l’apparition de Notre-Dame de Pontmain le 17 janvier 1871. Monseigneur Wicart, évêque de Laval, pose la première pierre de la basilique de Pontmain le 17 juin 1873, mais meurt peu après. Ses successeurs suivent sa voie. L’édifice est de style néo-gothique. Il n’est pas orienté est-ouest mais vers la maison de l’Apparition. Les deux flèches de la basilique, qui abritent 39 cloches, sont visibles à plus de 10 km de Pontmain.

À l’intérieur, dix grandes verrières représentant les apparitions mariales en France et des scènes de la vie de Jésus-Christ. La basilique est achevée en 1890, mais en raison de la vacance du siège de Laval, n’est consacrée que le 15 octobre 1900 par Mgr Pierre Geay. Le 21 février 1905, le pape Pie X élève le sanctuaire de Pontmain au rang de basilique et la rattache à Sainte-Marie-MajeureLes 22, 23 et 24 septembre 1908, l’église est proclamée solennellement « Basilique Notre Dame de l’Espérance de Pontmain », en présence de 2 archevêques, 4 évêques, 600 prêtres et 15 000 pèlerins. En 1946  se déroulent les cérémonies du 75e anniversaire de l’apparition, présidées par le nonce apostolique Mgr Roncalli, futur pape Jean XXIII.

Basilique Notre Dame de Pontmain
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Notre-Dame de Pont main à Béchouate (Liban)

Etoile Notre Dame
Le sanctuaire de Bechouate ( Liban)

Mais que se passe-t-il donc à Bechouate ?

Une statue représentant la Sainte Vierge telle qu’Elle est apparue à Pontmain en 1871, s’anima en août 2004 et opéra des guérisons miraculeuses au Sanctuaire de Notre-Dame de Béchouate situé à Deir El-Ahmar, à une centaine de kilomètres de Beyrouth, dans la plaine de la Bekaa, zone frontalière où les différentes factions belligérantes commercialisent du cannabis et du pavot, dans une enclave chrétienne isolée au milieu de villages chiites. Le 21 août 2004, deux touristes jordaniens, musulmans sunnites, et un enfant de 9 ans, Muhammad al-Hawadi, pénétrèrent dans l’église de Béchouate, un village maronite de la plaine de la Bekaa, au Liban. Ils étaient accompagnés d’un ami de la famille, chrétien maronite. L’objet de leur visite n’était pas religieux : ils n’étaient pas venus là pour prier, mais pour visiter une église de petite dimension construite en 1830. Incontestablement ils se comportaient comme des touristes, tout en maintenant la distance nécessaire à ceux qui venaient prier.

Soudain, devant la statue représentant la Vierge Marie de Pontmain, l’enfant demanda: « Ammo François,c’est–à-dire oncle François, qui est cette femme qui me sourit?Puis, l’enfant ajouta : cette statue est-elle électriquement animée? L’ami de la famille répondit d’abord qu’il ne s’agissait « que d’une statue de plâtre, qui ne bouge, ni ne sourit »,mais, s’approchant, il aperçut un mouvement du chapelet passé autour des mains jointes de la statue. Un fidèle, originaire du village, présent dans l’église se joignit au groupe et s’exclama que lui aussi voyait « les yeux de la Vierge s’animer comme pour faire le signe de croix ». C’est alors qu’une prière, « plus grande que son âge, sortit des lèvres »du jeune garçon musulman : Salut à toi, Vierge Marie, Reine du monde, de la paix et de l’amour. Des vieillards, des enfants et des femmes tombent de par le monde. Instaure la paix, l’amour et la liberté sur la face de la terre, ô Reine du monde.

Les “signes”

Quelques instants plus tard, les visiteurs virent une « huile odorante »s’écouler de la statue de la Vierge. (Voir plus loin un phénomène identique avec la vierge d’Akita au Japon). Un habitant du village s’empressa de faire sonner les cloches. Le soir même, les premiers pèlerins affluaient, et de nombreux fidèles constatèrent que la statue exsudait une huile odorante. Le lendemain, une foule de dévots se pressait dans la chapelle. L’événement transforma, en quelques jours, un village isolé en un vaste centre de pèlerinages interreligieux réunissant des dévots de différentes confessions, chrétiens et musulmans. Des dizaines de milliers de pèlerins de tout le Liban et des pays voisins arrivèrent et continuent à arriver. Mais ce n’est pas tout. Le 29 août 2004 soit huit jours seulement après le miracle précédent, le Ciel envoya un nouveau signe, encore plus fort. Un jeune étudiant, Serge Nakhlé, paralysé à 75% à la suite d’une chute depuis un balcon, et devenu complètement insensible du côté droit, venu en pèlerinage avec une partie de sa famille, se mit à prier devant la statue de la Sainte Vierge et demanda : donne-moi seulement un signe que ce que je demande n’est pas impossible à Dieu. Immédiatement, la statue de la Vierge Marie fit un signe de croix avec le crucifix qu’elle tenait dans ses deux mains et ses yeux s’animèrent, évoquant à nouveau le signe de croix.

Immédiatement la famille de Serge s’éloigna de la foule pour rejoindre sa voiture, mais avant de partir, la mère du jeune homme, inquiète, lui demanda s’il ne souhaitait pas retourner devant la statue. Serge répondit affirmativement et entra à l’intérieur de la petite église, et, comme en extase, se rendit à nouveau devant la statue, mais sans utiliser son déambulateur. Bientôt il se rendit compte que sa famille pleurait, mais des larmes de joie. En effet, Serge se tenait debout, sans son déambulateur et sans aucune aide ; de plus, la sensibilité de tout son côté droit était revenue. Notons ici que toute cette scène fut filmée. Rentré à la maison, le jeune homme poursuivit sa rééducation, bien qu’il ait retrouvé tout son sens de l’équilibre qu’il avait perdu suite à l’accident. Son médecin ne comprit pas cette extraordinaire guérison. Notons ici que depuis le mois d’août 2004, d’autres guérisons physiques ont été évoquées, notamment un cas d’hémiplégie et un autre relatif à de graves problèmes articulaires. Face à l’affluence des fidèles, et sous la direction de l’Évêque du lieu, les responsables de l’église de Béchouate s’organisèrent.

Il y a aujourd’hui huit Messes quotidiennes, une toutes les heures et demi. Les prêtres conduisent une procession autour de l’église et assurent la confession de très nombreux pèlerins. Peu à peu, la population locale favorisa l’accueil des fidèles : restauration et distribution d’eau potable notamment. Des services de premiers secours ont été mis en place. Le Père Claude Poussier, qui était en 2004, recteur du Sanctuaire marial de Pontmain, se rendit à Béchouate du 22 janvier au 3 février 2005 afin de s’entretenir avec les autorités religieuses locales. Monseigneur Mounged El Hachem lui parla de l’extraordinaire affluence des pèlerins au sanctuaire de Béchouate-Pontmain : plus d’un million de personnes en 5 mois à peine. Les pèlerins, venant du Liban, de Syrie, de Jordanie et d’Égypte, étaient des chrétiens et des musulmans. Pendant la présence du recteur français de Pontmain, 35 cas de guérison furent enregistrés. De plus, l’Évêque libanais précisa qu’on assistait à “d’extraordinaires améliorations de santé et des guérisons intérieures en grand nombre.”

La position de l’Église

Aujourd’hui, les autorités religieuses cherchent à comprendre le sens des manifestations de la Sainte Vierge à Béchouate. L’Évêque du lieu pense que, “le monde étant en train de vivre des événements extrêmement graves du fait de la tension entre Orient et Occident, entre Christianisme et Islam, les manifestations de la Sainte Vierge à Béchouate sont un appel à ne pas vivre dans la peur et à créer l’entente entre chrétiens et musulmans.”Le Père Claude Poussier estime que « pour le Liban qui vit actuellement un moment crucial de son histoire, le message de Notre-Dame de Pontmain… est un signe qui est donné à tous, un appel à la fraternité et à l’entente entre des communautés différentes. » 

Il faut rappeler que la Vierge Marie lors de son apparition à Pontmain le 17 janvier 1871, ne parla jamais, mais une grande banderole apparut sur laquelle était inscrite la phrase suivante: “Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher.” L’apparition de Pontmain montre que notre Mère à tous exauce ceux qui ont recours à Elle et que la prière possède le pouvoir d’arrêter les guerres et le mal. Si de nombreux fidèles s’étant rendus dans la Mayenne ont fait état de grâces reçues à l’occasion de pèlerinages, Notre-Dame de Pontmain réalise aujourd’hui encore des prodiges, cette fois-ci au Liban.

FRANCE / 1664 à 1718 Notre dame du Laus

I – Généralités

Pays de l’apparition

France

Site 

Saint-Étienne-le-Laus est une commune française située dans le département des Hautes-Alpes en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Notre-Dame du Laus (prononcé « Lô ») est un hameau de la commune de Saint-Étienne-le-Laus, célèbre pour son sanctuaire d’apparitions mariales situé dans le diocèse de Gap et d’Embrun. Jean Guitton a dit de ce lieu qu’il est « un des trésors les plus cachés et les plus puissants de l’histoire de l’Europe ». La hameau de Notre-Dame du Laus est situé à la fois sur la Via Domitia (actuel GR 653 D), antique chemin de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle et sur la via Alta qui relie les chemins vers Compostelle et la Via Francigena qui permet de se rendre à Rome.

Désignation  

Notre Dame du Laus

Contexte historique

Les campagnes militaires de Louis XIV et le train de la Cour à Versailles grèvent le budget de la France ; la noblesse de robe renforce son pouvoir ; l’édit de Nantes est révoqué. La France implante ses comptoirs commerciaux en Amérique, Antilles et Inde. Le pays connaît deux années de grande famine en 1693 et 1694. Le 17 avril 1664, la Compagnie du Saint Sacrement se réunit en secret et décide d’empêcher par tous les moyens la représentation de la pièce de Molière Tartuffe.

Le 12 mai : représentation du premier Tartuffe ou l’Imposteur (en trois actes) de Molière. Le22 juin : une déclaration royale inaugure une grande enquête sur les usurpations de noblesse. Chaque famille doit fournir la preuve de son état noble antérieur à un siècle et en fournir les titres écrits. Cette mesure favorise la noblesse de robe au détriment de celle d’épée. Le1er août : 6 000 Français, que commande le comte de Coligny, se distinguent aux côtés de la Ligue du Rhin au cours de la bataille livrée sur le Raab, près du monastère de Saint-Gothard ; brillante victoire chrétienne sur les Turcs.

À la mort de Mazarin, en 1661, Le règne de Louis XIV marque une centralisation extrême du pouvoir royal. La noblesse perd tout pouvoir politique. Elle est domestiquée à Versailles où son plus grand souci est de se faire remarquer du roi. Pour cela, elle doit faire des dépenses excessives et en est réduite à quémander des pensions au roi pour assurer son train de vie fastueux. Louis XIV pense que la guerre est la vocation naturelle d’un roi. Les efforts faits pour moderniser et discipliner l’armée permettent à Louis XIV de remporter d’éclatantes victoires dans la première partie de son règne personnel.

La guerre de Dévolution (1667-1668) lui permet de conquérir de nouvelles places fortes au nord de la France parmi lesquelles Dunkerque, Lille et Douai. Le traité de Nimèguede 1678 met fin à la guerre de Hollande. Louis XIV n’a pu réduire les Pays-Bas mais acquiert la Franche-Comté au détriment de l’Espagne. En 1685, Louis XIV s’aliène les États protestants en révoquant l’édit de Nantes. La France commence à peupler la Nouvelle-France entre 1635 et 1654. La Guadeloupeest conquise par Léonard de l’Olive et Duplessis d’Ossonville ; en 1682,Cavelier de la Salle découvre ce qu’il appelle la Louisiane ; les Français fondent des comptoirs commerciaux en Inde, ce qui concurrence les projets britanniques.

La guerre de la Ligue d’Augsbourg, dirigée par Guillaume d’Orange, est indécise et coûte très cher alors que la France connaît une période de disette. La guerre de Succession d’Espagne, menée par une coalition européenne pour empêcher le comte d’Anjou, second fils du dauphin, de devenir roi d’Espagne, commence en 1701. La France après quelques victoires connaît de nombreux revers. La paix est signée à Utrecht, en 1714, et confirme l’accession d’une branche des Bourbon sur le trône d’Espagne. Le vieux roi qui meurt en 1715, voit son fils et son petit-fils mourir avant lui. Son héritier est donc son arrière-petit-fils né en 1710.

II – La voyante

Benoîte Rencurel (Saint-Étienne d’Avançon, 16 septembre 1647- 28 décembre 1718) dite messagère de la réconciliation. C’est dans un hameau des Alpes à Saint-Étienne-le-Laus, où quelques familles à peine vivaient au XVIIe siècle, que Benoîte Rencurel voit le jour le 16 septembre 1647. Elle sera baptisée le lendemain dans l’église paroissiale. La pauvreté des Rencurel devient une profonde misère à la mort du père de famille en 1654 ; Benoîte, alors âgée de sept ans, est chassée avec les siens du logis où elle avait passé ses premières années.

Tableau représentant Benoîte Rencurel, peint de son vivant. Ce tableau se trouve dans la chapelle derrière le chœur de la basilique.
Par AntonyB — https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/94/Notre-Dame-du-laus_%28sanctuaire_-7%29-_Portrait_de_Beno%C3%AEte_Rencurel.jpg, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49699243

Elle doit bientôt gagner son pain comme gardienne de troupeaux. À partir de l’âge de douze ans, elle travaille chez deux maîtres : Jean Roland, cultivateur brutal que Benoîte convertit par sa douceur et Louis Astier, homme de bien. Avant de commencer à parcourir les montagnes avec ses troupeaux, elle avait demandé à sa mère un chapelet. Ne sachant ni lire ni écrire, elle prie à longueur de journées. Simple et pleine de vie, elle est proche des gens de son village et n’hésite pas à donner sa nourriture aux enfants plus pauvres qu’elle.

Mai 1664 : après avoir entendu une homélie de son curé, Benoîte ressent le profond désir de rencontrer la Mère de miséricorde. Peu après, saint Maurice lui apparaît et lui annonce que son vœu sera exaucé. À partir du lendemain, une « belle dame » lui apparaît quotidiennement pendant quatre mois au Vallon des fours, à proximité de Saint-Etienne. Puis, sur les indications de la Vierge, Benoite se rend au hameau du Laus tout proche et trouve une chapelle, la chapelle de Bon-Rencontre, grâce aux parfums qui s’en dégagent. Elle confie à Benoîte la mission de faire construire une église et une maison pour les prêtres, afin qu’ils reçoivent et confessent les pèlerins.  Benoîte remplit auprès d’eux son ministère d’accueil, de prière et de pénitence.

Ayant reçu le don de pouvoir lire dans les consciences, elle éclaire leur démarche de conversion et les envoie vers les prêtres émerveillés par la qualité des confessions. Les guérisons et les conversions sont très nombreuses. Entièrement vouée à sa mission, Benoîte vient résider à plein temps au Laus en 1672.  Pendant 54 ans, Marie continue de lui apparaître pour la soutenir dans son apostolat et poursuivre son éducation.

Recouvrant la chapelle de Bon-Rencontre, l’église est édifiée entre 1666 et 1669. Le jour de sa bénédiction, Benoîte devient membre du tiers-ordre de saint Dominique, d’où le titre de « sœur Benoîte » qui lui sera donné.

Benoîte meurt le 28 décembre 1718, en la fête des saints Innocents, laissant la réputation d’une sainte dont la vie fut entourée de faits merveilleux. Elle aura vécu jusqu’à 71 ans malgré de cruelles souffrances et les plus grandes austérités. Elle subira aussi une mise à l’écart par des prêtres de tendance janséniste pendant 20 ans.Benoîte a d’abord été enterrée au cimetière du Laus qui, alors, jouxtait l’église. Son corps fut ensuite déposé dans le caveau actuel dans le chœur même de la basilique. Benoîte Rencurel a été reconnue « vénérable » par le pape Benoît XVI, le 3 avril 2009

III – L’Apparition (généralités) 

Date

De Mai 1664 à 1714 (50 ans) 

Nombre et durée des apparitions

Quatre mois durant jusqu’au 29 août 1664, jour de la fête du martyre de saint Jean-Baptiste, la merveilleuse apparition se renouvela, laissant chaque fois Benoîte dans l’extase. À partir de 1664, et pendant plus de cinquante ans, Benoîte Rencurel verra la Vierge.

Emplacement des apparitions

La première fois dans la grotte dite « des fours », puis, sur l’autre versant de la vallée, à Pindreau.

Chapelle de Notre-Dame-des-Fours
Par Antony B — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7870371

Récit 

En mai 1664, alors que Benoîte conduit ses chèvres le long d’un bois, sur la montagne de Saint-Maurice, un vieillard s’approcha d’elle, se présentant comme saint Maurice lui-même et annonçant à la bergère qu’elle verrait la Mère de Dieu dans un vallon voisin. Benoîte guide dès lors son troupeau dans une autre vallée, s’arrêtant dans la grotte dite « des fours » pour y réciter son chapelet. C’est en ce lieu que la Vierge Marie lui apparut un jour, son fils dans les bras.

Quatre mois durant, jusqu’au 29 août 1664, l’apparition se renouvela. Fin septembre, après un mois d’absence, la Vierge se manifesta à nouveau sur l’autre versant de la vallée, à Pindreau. Elle ordonna à Benoîte de chercher, au Laus, une petite chapelle, où flottent de suaves odeurs, et de venir l’y prier. Là elle lui parle et la rencontre très souvent. Le lendemain, Benoîte découvre sur la colline du Laus, située de l’autre côté de l’Avance, un oratoire couvert de chaume, dédié à Notre-Dame de Bonne-Rencontre, et dont il ne reste guère que des ruines.

De merveilleux parfums s’y font sentir. Et voici que la Vierge apparaît sur le pauvre autel de plâtre, à droite du tabernacle. Le geste qu’a Benoîte, à cette vue, est exquis de naïveté : « Permettez que je mette mon tablier sous vos pieds », dit-elle, à celle qu’elle appelait sa Bonne mère : « Il est tout blanc de lessive ». La Vierge, en refusant, lui sourit, puis lui annonce qu’une grande église sera bâtie, en ce lieu destiné à la conversion des pécheurs. Benoîte indique que Marie a voulu « bâtir une église en l’honneur de son très cher Fils et au sien, où beaucoup de pécheurs et de pécheresses se convertiront ».

À partir de 1664, et pendant plus de cinquante ans, Benoîte Rencurel voit la Vierge Marie.Ces apparitions entraînent en quelques années la venue d’une foule de pèlerins. Dès 1666, on édifie un sanctuaire contenant, à l’intérieur, la petite chapelle où la Vierge est apparue à Benoîte Rencurel. Entre 1665 et 1667, 130 000 personnes s’y rendent. Conformément au vœu de Marie, ce lieu est devenu un « refuge pour les pécheurs ». Benoîte exerce au Laus sa mission d’accueil, de prière et de pénitence en mettant en œuvre son charisme de connaissance des cœurs. Des centaines de guérisons physiques opèrent au Laus, notamment par les onctions de l’huile de la lampe du sanctuaire, appliquées avec foi, selon le conseil de la Vierge Marie.

Le bruit de ses faveurs divines s’étant répandu alentour, les magistrats et les théologiens cherchent à constater leur exactitude. Ainsi l’avocat Grimaud, juge de paix de la baronnie d’Avançon vient au Laus, à plusieurs reprises : il ne découvre ni supercherie ni illusion dans les merveilles de la petite chapelle. Bien mieux, sa relation, tenue pendant les deux premières années du pèlerinage, signale soixante guérisons miraculeuses. Le chanoine Pierre Gaillard, docteur en théologie, conseiller et aumônier du Roi, qui remplit à Gap les fonctions d’archidiacrevicaire général et official de l’évêché, se rend au Laus le 17 août 1665.

L’autorité diocésaine d’Embrun ne pouvait manquer d’établir une enquête. Cette enquête, faite avec une extrême rigueur, constate à trois reprises des prodiges indéniables. C’est d’abord le chanoine Antoine Lambert, administrateur du diocèse, vicaire général et official de l’archevêché d’Embrun qui, le 14 septembre 1665, se rend au Laus, accompagné du père André Gérard, plus tard grand pénitencier à Rome. Après un interrogatoire au cours duquel Benoîte ne peut être trouvée en défaut, l’éclatante guérison de Catherine Vial donne lieu à la constatation juridique du 18 septembre 1665, actuellement conservée aux archives du Laus. Le successeur du chanoine Lambert, M. Javelli fait plus tard venir Benoîte à Embrun et la tient au secret pendant les quinze jours d’interrogatoire; on s’aperçoit alors que la bergère ne prend aucune nourriture pendant cette réclusion, sans en paraître aucunement souffrir.

À l’automne 1666, Benoîte entre dans le Tiers-Ordre dominicain, sans doute le jour de la pose de la première pierre de la basilique. Le chanoine Gaillard, aidé par l’arrivée en 1669 de l’abbé Peythieu, attaché au pèlerinage pendant vingt ans et du frère Aubin, ermite de Notre-Dame de l’Érable arrivé en 1680, va rédiger pendant quarante-trois ans un journal consacré à faire le récit de ce qu’il voit au Laus, notant ainsi les événements du vivant de la bergère. Chaque nouveau récit est soumis à Benoîte afin de le valider. C’est enfin l’archevêque Charles Brûlart de Genlis, qui – nommé à Embrun en 1672 – part au Laus. Nettement incrédule avant ce voyage, il est, sur place, émerveillé, tant par la solidité des réponses obtenues de Benoîte que par la protection vraiment miraculeuse accordée à un domestique au cours d’un terrible accident.

Il revient plusieurs fois et obtient par lettres patentes du roi, enregistrées le 19 décembre 1679, d’établir au Laus un séminaire. L’invasion savoyarde en août 1692 oblige Benoîte à quitter le Laus. Elle se réfugie à Marseille pendant 2 mois. Torturée alors par le démon, elle vit des années terribles, consolée seulement par ses apparitions. Le 15 août 1698, la Vierge lui apparaît entourée par des anges qui emportent Benoîte jusqu’au ciel puis la rapportent ensuite dans son hameau. Lisant dans les âmes, elle ramène au bien les pécheurs en leur disant le nombre et la gravité de fautes qu’ils croyaient ignorées de tous. À Marseille, elle montre à M. de Coulonge, alors vicaire général, qu’elle connaît sa pensée et le doute qu’il garde en l’écoutant. Cette traversée du désert, due au clergé janséniste, qui n’accepte pas les événements du Laus, ne cessera qu’en 1712, grâce à l’arrivée des pères de Sainte-Garde, ce qui amène un renouveau du pèlerinage. 

IV – Analyse de l’Apparition

Apparence de la Vierge

L’apparition du Laus est l’une des rares où la voyante ne fait pas la description de la Vierge. 

Attitudes de la Vierge

« Permettez que je mette mon tablier sous vos pieds » dit Benoite à celle qu’elle appelait sa Bonne mère, en ajoutant : « Il est tout blanc de lessive ». La Vierge, en refusant, lui sourit.

Paroles de la Vierge

Le 29 août 1664, la belle dame révèle son identité : « Je suis Dame Marie, la Mère de mon très cher Fils. » Fin septembre, après un mois d’absence, Marie se manifeste à nouveau, mais de l’autre côté de la vallée, à Pindreau : « Allez au Laus, vous y trouverez une chapelle d’où s’exhaleront de bonnes odeurs, et là très souvent vous me parlerez ». « J’ai demandé ce lieu à mon Fils pour la conversion des pécheurs et Il me l’a accordé ».

Messages de la Vierge  

Marie demande la construction d’un lieu de prière « pour la conversion des pécheurs » et prône la réconciliation : « Laissez vous réconcilier ! »

Autres visions et/ou éléments supra-naturels

En mai 1664, alors que Benoîte conduit ses chèvres le long d’un bois, sur la montagne de Saint-Maurice, un vieillard s’approcha d’elle, se présentant comme saint Maurice lui-même et annonçant à la bergère qu’elle verrait la Mère de Dieu dans un vallon voisin. Benoîte Rencurel verra aussi le Christ en Croix, saint Maurice, sainte Barbe, saint Joseph, saint Gervais et saint Protais, l’enfant Jésus, sainte Catherine de Sienne, les anges et le diable. Entre 1669 et 1684, elle est gratifiée 5 fois de la vision du Christ crucifié sur la croix d’Avançon. Ainsi unie à lui, elle vit une « crucifixion mystique » chaque vendredi pendant plusieurs années. 

Elle se trouve brusquement raidie, chaque semaine dans la pose de crucifiée et reste ainsi du jeudi au samedi, sans pouvoir faire un geste. Elle s’effare, dans son humilité, de l’attention générale qu’attire sur elle ce prodige et demanda que d’autres souffrances, moins visibles, lui soient accordées. C’est à partir de 1689 qu’elle subira des sévices nocturnes et combattra spirituellement le démon toutes les nuits jusqu’à sa mort. L’huile du Laus (huile de la la lampe du saint sacrement utilisée en onction à la demande de la Vierge) occasionnera de nombreuses guérisons. Pour information, Padre Pio, capucin et prêtre italien né le 25 mai1887 à Pietrelcina  en CampanieItalie) et mort le 23 septembre1968, canonisé le 16 Juin 2002, confessait ses visiteurs en voyant leurs fautes y compris celles qu’ils ne souhaitaient pas avouer…

Padre Pio de Pietrelcina
Par Roberto Dughetti — Lucia Dughetti (original: http://it.wikipedia.org/wiki/Immagine:Padre_Pio.jpg), CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1831974

Eléments conformes aux autres apparitions 

Dans cette chapelle abandonnée flottent de suaves odeurs.

La voyante est une jeune bergère « confiante et simple », une chevrière

Le décor des apparitions est campagnard (vallonneux) 

La voyante souffrira beaucoup et deviendra une sainte.

La vierge apparaît dans une grotte, son fils dans les bras.

Des centaines de guérisons s’y produisent

Pendant les 15 jours d’interrogatoire, la voyante ne prend aucune nourriture.

Les attaques du Démon 

Une partie du clergé lui est hostile et nie les apparitions.

La vision du Christ crucifié.

Eléments spécifiques

Saint Maurice prévient de l’apparition de la Vierge ; Marie n’apparaît pas « brutalement ». 

Des centaines de guérisons physiques opèrent par les onctions de l’huile de la lampe du sanctuaire, appliquées avec foi, selon le conseil de la Vierge Marie.

Le 15 août 1698, la Vierge lui apparaît entourée par des anges qui emportent Benoîte jusqu’au ciel puis la rapportent ensuite dans son hameau. 

Lisant dans les âmes, Benoîte ramène au bien les pécheurs en leur disant le nombre et la gravité de fautes qu’ils croyaient ignorées de tous. À Marseille, elle montre à M. de Coulonge, alors vicaire général, qu’elle connaît sa pensée et le doute qu’il garde en l’écoutant.

Crucifixion mystique en juillet 1673, Benoîte voit Notre-Seigneur fixé à la Croix et se sent inondée de son sang. Elle se trouve brusquement raidie, chaque semaine dans la pose de crucifiée et reste ainsi du jeudi au samedi, sans pouvoir faire un geste. 

Lien avec d’autres apparitions 

La Vierge ordonna à Benoîte de chercher au Laus une petite chapelle ; ceci nous rappelle la statue oubliée dans le clocher, lors de l’apparition à Gladys Quiroga de Motta, à San Nicolas de Los Arroyos en Argentine.

V- Reconnaissance et sanctuaires 

Reconnaissance

Les premières démarches en vue de l’introduction de sa cause furent faites par Mgr Bernadou, mort cardinal-archevêque de Sens, alors évêque de Gap. Le procès s’ouvrit le 11 septembre 1864. Benoîte Rencurel est la première voyante d’apparition mariale à voir sa cause de béatification introduite en cour de Rome. Le 7 septembre 1871, le pape Pie IX déclare Benoîte Rencurel « Vénérable servante de Dieu ». Le décret sur les écrits a été promulgué le 7 juillet 1896. Arrêtée en 1913, la cause a été reprise en 1981. Un miracle est maintenant nécessaire pour obtenir sa béatification. Le 28 août 1966, alors qu’il se trouvait à Notre-Dame du Laus en la fête de saint Augustin, Jean Guitton a dit de Benoîte Rencurel qu’elle est « un des ressorts les plus cachés et les plus puissants de l’Europe ».

Le 4 mai 2008, 3 500 pèlerins et une trentaine d’évêques assistent à la messe au cours de laquelle Mgr di Falco Léandri, représentant l’Église catholique, proclame la reconnaissance officielle du caractère surnaturel des apparitions de Marie à Benoîte Rencurel : « Je reconnais l’origine surnaturelle des apparitions et des faits vécus et relatés par la jeune bergère, Benoîte Rencurel, survenus entre 1664 et 1718 ». Ce sont les premières apparitions reconnues en France par l’Église catholique depuis celles de Lourdes, il y a 146 ans.

Par ailleurs, Mgr di Falco Léandri soutient le procès en béatification de Benoîte Rencurel. C’est lui qui en 2003 entame la démarche jamais entreprise de reconnaissance des apparitions, nécessaire au dossier de béatification de Benoîte Rencurel, relancé en 1996. Sous l’égide de Mgr René Combal, six experts (un théologien, un historien, un spécialiste de la Bible, un psychanalyste, un psychologue et un magistrat) ont étudié durant trois ans la véracité biologique, historique et scientifique des faits, à partir des manuscrits et des témoignages d’époque. Benoîte Rencurel a été reconnue « vénérable » par le pape Benoît XVI le 3 avril 2009.

Sanctuaire 

Le sanctuaire de Notre-Dame du Laus vu de la montée à l’oratoire de l’Ange
Par AntonyB — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7870571

Vue extérieure de la Basilique

Vue extérieure de la Basilique
Par AntonyB — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7864919

Dès 1666, on édifie un sanctuaire contenant à l’intérieur la petite chapelle où la Vierge est apparue à Benoîte Rencurel. Entre 1665 et 1667, 130 000 personnes s’y rendent. Georges d’Aubusson de La Feuilladearchevêque d’Embrun, fait construire l’église et fonde un couvent où il établit les jésuites. Son successeur, Charles Brûlart de Genlis, place en 1712 cette maison sous la direction des missionnaires de Notre-Dame-de-Sainte-Garde. En octobre 1791 durant la Révolution française, les prêtres de Notre-Dame-de-Sainte-Garde sont expulsés, les bâtiments sont vendus. En 1805, l’évêque de Digne, Mgr Bienvenu de Miollis, achète à ses frais l’église et le presbytère, l’abbé Peix achetant le couvent ; puis en 1818, il demande au père Eugène de Mazenod, fondateur de la société des Missionnaires de Provence (qui deviendra les Oblats de Marie-Immaculée) de prendre la direction du sanctuaire.

Le père de Mazenod donne son accord et signe un bail avec l’abbé Peix, propriétaire du couvent. Les Missionnaires de Provence deviennent alors curés de Notre-Dame du Laus, chargés de la direction du sanctuaire et de la prédication des missions dans les Hautes et Basses-Alpes. On compte 20 000 pèlerins en 1818 et 50 000 en 1833. En octobre 1841, la direction du sanctuaire est reprise par le diocèse de Gap. Depuis cette date, le recteur est un prêtre du diocèse de Gap, devenu diocèse de Gap et d’Embrun, depuis 2008. Le sanctuaire appartient à ce diocèse.

Une bulle pontificale du 18 mars 1892, émise par le pape Léon XIII, permet l’attribution du titre de basilique mineure à l’église de Notre-Dame-du-Laus. Depuis le 12 octobre 2008, pour aider les prêtres dans leur ministère, une équipe de sœurs Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre, assurent également les chants des offices (laudes, messe, vêpres et complies) durant lesquels les psaumes sont accompagnés par le psalmodion, instrument de musique dérivé de la cithare. 

Le psalmodions
Par moi-même — Travail personnel, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7948741

Dès 1865, on signale que 13 processions, venues de régions différentes, se trouvèrent à la fois dans la vallée du Laus. La chapelle fut, dans cette même année, visitée par 135 000 fidèles. La rapide célébrité du pèlerinage ne devait pas faiblir par la suite. Depuis deux siècles, 100 000 pèlerins y viennent prier chaque année et le couronnement de la statue par Mgr Depèry, s’est fait, le 23 mai 1855 en présence de 40 000 personnes.

La Chapelle de Bon -Rencontre, à l’intérieur de la Basilique
Par moi-même — Travail personnel, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7948698

Aujourd’hui, Notre-Dame du Laus accueille chaque année entre 150 000 et 170 000 personnes. Les pèlerins sont accueillis par une équipe de prêtres du diocèse de Gap et d’Embrun où se situe le sanctuaire. Le 15 août 2013, le chanteur Grégory Turpin participe à l’animation des chants lors de la messe solennelle de l’Assomption de la Vierge Marie.

C’est lui que le chanteur Grégoire avait choisi en 2012 pour interpréter l’album Thérèse, vivre d’amour de sa composition, inspiré par les plus beaux poèmes de sainte Thérèse de Lisieux. Le soir de ce même jour, le chanteur Grégoire vient lire et chanter Thérèse de Lisieux dans un site qu’il qualifie de « magique ». À l’occasion du 350e anniversaire des premières apparitions, le sanctuaire vit une année jubilaire du 1er mai 2014 au 1er mai 2015.

Wisconsin / Etats Unis / 1859 Notre Dame du bon secours

Après son apparition à Lourdes en 1858, Marie a honoré de sa présence le petit village de Champion aux États-Unis en 1859, dans le nord-est du Wisconsin, tout près des Grands Lacs. Une jeune paysanne belge de 28 ans, nommée Adèle Brise, eut l’honneur de rencontrer à trois reprises la Sainte Vierge. Au cours de ces rencontres, la Vierge lui confia la mission suivante : « Enseigne la foi catholique aux enfants des habitants qui perdent leur foi par négligence. » Adèle, prenant sa mission à cœur, dédia sa vie entière à l’évangélisation des enfants avec le catéchisme et les sacrements.

I – Généralités

Pays de l’apparition

Etats Unis / Wisconsin 

Site 

Green Bay est une ville de 102 313 habitants située dans l’État du Wisconsin, aux États-Unis. Elle est historiquement la première colonie de l’État actuel du Wisconsin et fut fondée par l’explorateur français Jean Nicolet, en 1634, sous le nom de « la Baie des Puants ». 

La ville basse de Green Bay, le long de Fox River
Looking east at downtown / Champion / Royalbroil / Own Work / CC BY SA 30

Champion est une zone non incorporée dans la ville de Green Bay dans le comté de BrownWisconsinÉtats-Unis

Désignation  

Notre Dame du Bon Secours

Contexte historique en 1859

Aux Etats Unis le commerce des esclaves bat son plein tandis qu’on découvre du pétrole. Colonisations et guerres suivent leur cours,en Europe et ailleurs. 

Mars : la plus grande enchère d’esclave dans l’histoire des États-Unis a lieu, appelé The Weeping Time (Le temps des pleurs). Pierce M Butler vend 436 hommes, femmes, enfants, et enfants en bas âge, qui restent dans des boxes destinés à des chevaux dans l’hippodrome de Savannah (Géorgie) pendant des semaines, avant que l’enchère ait lieu.

Printempsruée vers l’or de Pikes PeakJohn H. Gregory, un mineur expérimenté originaire de Géorgie qui avait participé à la ruée vers l’or de Californie découvre le premier filon aurifère du Colorado. D’autres découvertes du genre suivirent rapidement dans la région.

27 Août : découverte de pétrole à Titusville en Pennsylvanie aux États-Unis par un cheminot, Edwin Drake, qui marque traditionnellement le début de l’âge du pétrole.

23 septembre : une éruption solaire atteint la Terre dans la nuit du 2 au 3 septembre, illuminant le ciel nocturne sur tout l’hémisphère nord ; des témoignages indiquent que jusqu’à des latitudes aussi basses que Panama il était possible de lire un journal en pleine nuit du fait de la lumière aurorale.

2 décembre : John Brown est pendu par l’État de Virginie pour avoir tenté de fomenter une révolte générale des esclaves du Sud.

Dans le reste du monde

22 octobre : l’Espagne déclare la guerre au Maroc (fin en 1860). Le 1er janvier 1860, une armée de 40 000 hommes passe au Maroc.

2528 juin : une nouvelle offensive franco-britannique sur Tianjin, en Chine, échoue devant les forts de Dagu.

31 juillet2 août : intervention destinée à protéger les intérêts américainsà Shanghai.

15 septembre : engagement de Cam. Le corps expéditionnaire français de l’amiral Rigault de Genouillyattaque les retranchements repris par l’armée annamite à Touraneet la rejette sur la route de Hué.

Les Britanniques envahissent le Balouchistan et encerclent l’Afghanistan.

3 mai : La France déclare la guerre à l’Autriche et intervient en Italie.

24 juin : bataille de Solférino. Le Suisse Jean Henri Dunant arrive sur le champ de bataille après l’affrontement. Il improvise les secours aux blessés et lance l’idée de la Croix-Rouge, crée en 1863.

II – La voyante : 

Soeur Adèle Brise
Source Wikipedia / Aleteia

En 1859, Adèle et sa famille vivaient dans une petite ferme du Wisconsin, qui était devenu un État américain seulement 11 ans plus tôt. Adèle Brise était née en Belgique en 1831. Avec ses parents, elle avait émigré au Wisconsin en 1855.Après les apparitions, Adèle, qui avait alors 28 ans, obéit à Notre-Dame et commença tout de suite, dès la fin de l’année 1859 à enseigner les enfants. Au début, elle allait de maison en maison, mais ses trop nombreux trajets finirent par l’épuiser. Heureusement, en 1865, un nouveau curélui conseilla de chercher de l’aide ; plusieurs personnes se présentèrent et Adèle devint Tertiaire franciscaine. Le Père Crud lui demanda de faire construire un couvent et une école afin que, selon le document de Sœur Pauline, « ceux qui avaient besoin d’instruction religieuse puissent venir à Adèle, et non Adèle à eux. »

Mais pour réaliser cela, il fallait des fonds importants. Où les trouver ?  Le Père Crud prépara pour Adèle une lettre de recommandation afin qu’elle puisse solliciter des dons. Elle partit donc avec une compagne anglophone, Sœur Marguerite Allard, pour solliciter des fonds autour de la péninsule de Green Bay. D’autres femmes se joignirent à Adèle. Adèle et les personnes qui s’étaient engagées pour l’aider constituèrent une sorte d’association qui ne fut jamais un ordre religieux puisque les vœux ne se pratiquaient pas. La vie de Sœur Adèle était un témoignage convaincant, car, dit Mgr Ricken, « elle avait vraiment un esprit d’évangélisation, et elle avait vécu le message qu’elle avait reçu durant toute sa vie.  » et ce, jusqu’à sa mort, le 5 juillet 1896. 

Sanctuaire de Notre Dame de Bon secours à Champion, Wisconsin USA
Par Royalbroil — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11658081

III – L’Apparition (généralités) 

Date

La première apparition de la Vierge a eu lieu le 2 octobre 1859. 

Nombre et durée des apparitions

3 apparitions très rapprochées dont deux le même jour. 

Emplacement des apparitions

«  Ce jour-là, Adèle se dirigeait vers un moulin situé à l’extérieur du village. Soudain, elle vit une dame vêtue de blanc ; elle se tenait debout entre deux arbres : un érable et une pruche, c’est-à-dire un conifère canadien très décoratif.

La ville de champion se situe en bordure du lac Michigan, le plus au sud des grands lacs

Récit 

Le compte rendu de sœur Pauline La Plante, amie d’Adèle Brise.

Sœur Pauline La Plante, à qui Adèle avait souvent raconté son histoire, écrivit un compte rendu de ce qui s’était passé ; compte-rendu qui nous donne quelques précisions sur Adèle et sur les apparitions. 

« Ce jour-là, Adèle se dirigeait vers un moulin situé à l’extérieur du village, avec un sac de blé sur sa tête. Soudain, alors qu’elle arrivait près du moulin, elle vit une dame vêtue de blanc, un blanc aveuglant. Cette femme portait une ceinture jaune autour de la taille et une couronne d’étoiles sur la tête. Elle se tenait debout entre deux arbres : un érable et une pruche, c’est-à-dire un conifère canadien très décoratif. Adèle eut très peur et s’arrêta,tandis que la vision disparaissait lentement. Très émue, Adèle fit ce qu’elle avait à faire et rentra chez elle. Quand elle fut avec ses parents, elle leur raconta ce qui s’était passé, et tout d’abord son père crut qu’il s’agissait peut-être d’une âme du purgatoire qui avait besoin de prières.

Le dimanche suivant, 9 octobre 1859, Adèle, pour se rendre à la messe à Bay Settlement suivait la même route, mais elle n’était pas seule : sa sœur Isabelle et une voisine, Madame Vander Niessen l’accompagnaient. Lorsqu’elles arrivèrent près des arbres, la même Dame en blanc apparut, au même endroit que précédemment. De nouveau, Adèle prit peur, et s’écria : Oh, voilà encore cette dame! Les deux personnes qui l’accompagnaient ne voyaient rien d’autre que le regard épouvanté d’Adèle. Elles aussi pensèrent qu’il s’agissait d’une âme du Purgatoire qui avait besoin de prières. Toutes les trois attendirent quelques minutes, jusqu’à ce qu’Adèle leur eût dit que l’apparition était partie. La Dame avait disparu comme la première fois, laissant un peu de brouillard blanc derrière elle.

Après la messe, Adèle se confessa et dit au prêtre combien elle avait été effrayée à la vue de la femme en blanc. Le père William Verhoef lui dit de ne pas avoir peur, car, s’il s’agissait d’une messagère céleste ; elle la verrait à nouveau et elle ne lui ferait pas de mal. Mais le prêtre insista pour qu’Adèle demandât à l’apparition, « au nom de Dieu, qui elle était et ce qu’elle désirait d’elle. » Adèle, apaisée, retourna chez elle avec ses deux compagnes ; de plus, un homme, qui avait défriché la terre pour les Pères de Sainte-Croix à Bay Settlement, les accompagnait. Mais voici que, alors qu’ils approchaient du lieu de l’apparition, Adèle vit pour la troisième fois la belle Dame vêtue de blanc. Sa robe tombait à ses pieds en plis gracieux. Elle avait toujours la couronne d’étoiles autour de sa tête, et ses longs cheveux clairs et ondulés tombaient sur ses épaules. Une lumière céleste rayonnait autour d’elle. Adèle tomba à genoux et dit, conformément à ce que lui avait conseillé son confesseur : 

– Au nom de Dieu, qui êtes-vous et que voulez-vous de moi ?

La Dame lui répondit : « Je suis la Reine du Ciel qui prie pour la conversion des pécheurs, et je désire que tu fasses de même. Tu as reçu la sainte communion ce matin et c’est bien, mais tu dois faire davantage. Fais une confession générale et offre ta Communion pour la conversion des pécheurs. S’ils ne se convertissent pas et ne font pas pénitence, mon Fils se verra obligé de les punir. » Les personnes qui accompagnaient Adèle, ne voyant rien, mais l’entendant parler, lui demandèrent : Adèle, qui est-ce ? Pourquoi ne pouvons-nous pas la voir comme toi ? Adèle répondit : « Agenouillez-vous. La dame dit qu’elle est la Reine du Ciel. »  

La Vierge posa son regard sur les amis d’Adèle et dit : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Et la Dame en blanc continua, s’adressant à Adèle : « Que fais-tu ici à ne rien faire alors que tes compagnes travaillent dans la vigne de mon Fils? » En pleurant, Adèle demanda : -« Que puis-je faire, chère Dame ? » : « Rassemble les enfants de ce pays sauvage et enseigne-leur ce qu’ils doivent savoir pour leur salut. » Mais comment les enseignerai-je. J’en sais si peu moi-même ? répondit Adèle. La radieuse et rayonnante Visiteuse poursuivit : « enseignez-leur le catéchisme et comment faire le signe de la Croix. Et qu’ils aient recours aux sacrements ; tel est mon souhait. Va et ne crains rien. Je t’aiderai. » Notre-Dame éleva les mains comme pour implorer une bénédiction sur les personnes présentes, et disparut lentement, laissant Adèle prosternée sur le sol.

Pour aider sa fille à répondre à la demande de la Sainte Vierge, Lambert Brise, le père d’Adèle, éleva, en 1861, sur le lieu de l’apparition, une petite chapelle en bois, dédiée à Notre-Dame de Bon Secours. Quant à Adèle, qui avait alors 28 ans, elle obéit à Notre-Dame et commença tout de suite, dès la fin de l’année 1859 à enseigner les enfants. Au début, elle allait de maison en maison, mais ses trop nombreux trajets finirent par l’épuiser. Heureusement, en 1865, un nouveau curé, le révérend Philip Crud, fut nommé responsable de la colonie belge.

Impressionné par la sincérité d’Adèle, son dévouement et le succès de son travail, mais considérant aussi son immense fatigue, le père Crud lui conseilla de chercher de l’aide, tout particulièrement auprès de personnes pouvant l’accompagner dans sa mission. Plusieurs personnes se présentèrent et Adèle devint Tertiaire franciscaine. De plus, le Père Crud lui demanda de faire construire un couvent et une école afin que, selon le document de Sœur Pauline, « ceux qui avaient besoin d’instruction religieuse puissent venir à Adèle, et non Adèle à eux. » Ainsi, elle aurait moins de déplacements à effectuer et elle conserverait la santé et les forces dont elle avait besoin.

Mais pour réaliser cela, il fallait des fonds importants. Où les trouver ?  Le Père Crud prépara pour Adèle une lettre de recommandation afin qu’elle puisse solliciter des dons. Elle partit donc avec une compagne anglophone, Sœur Marguerite Allard, pour solliciter des fonds autour de la péninsule de Green Bay. Adèle qui avait déjà beaucoup voyagé, souvent à pieds, catéchisant les enfants, leur apprenant à faire le signe de la Croix et à prier, dut encore poursuivre ses voyages, alors qu’elle aurait pu rester tranquille dans son couvent, afin de quêter des dons, des légumes et d’autres sortes de vivres, car elle ne demandait rien pour la pension des enfants.

D’autres femmes se joignirent à Adèle. Adèle et les personnes qui s’étaient engagées pour l’aider constituèrent une sorte d’association qui ne fut jamais un ordre religieux puisque les vœux ne se pratiquaient pas. Elles avaient pourtant un costume religieux, et on les appelait souvent « les Sœurs Franciscaines séculières. » Elles appartenaient toutes au Tiers-Ordre de Saint François. 

Saint François
François d’Assise né sous le nom de Giovanni di Pietro Bernardone à Assise (Italie) en 1181 est le fondateur de l’ordre des frères mineurs (OFM, communément appelé Ordre franciscain). Il est canonisé dès 1228 par le pape Grégoire IX et commémoré le 4 octobre
Saint François a fondé trois ordres:
le premier ordre: les frères mineurs (1209)
le deuxième ordre: les clarisses ou Pauvre Dames (1212)
le Tiers-Ordre (1221)

IV – Analyse de l’Apparition

Apparence de la Vierge

Adèle raconte avoir vu une femme vêtue de blanc, un blanc aveuglant, portant une ceinture jaune autour de la taille et une couronne d’étoiles sur la tête. Alors qu’ils approchaient du lieu de la troisième apparition, Adèle vit à nouveau la belle Dame vêtue de blanc. Sa robe tombait à ses pieds en plis gracieux. Elle avait toujours la couronne d’étoiles autour de sa tête, et ses longs cheveux clairs et ondulés tombaient sur ses épaules. Une lumière céleste rayonnait autour d’elle. 

Représentation de Notre Dame du bon secours

Attitudes de la Vierge

La Vierge pose son regard sur les amies de la jeune femme et dit : « Heureux ceux qui croient sans voir ! » La Dame dit : « Vas et ne crains rien. Je t’aiderai ». Juste avant de partir, Notre-Dame éleva les mains comme pour implorer une bénédiction sur les personnes présentes, et disparut lentement, laissant Adèle prosternée sur le sol. 

Paroles de la Vierge

Sur le chemin de retour chez elle, la Vierge lui apparaît à nouveau et Adèle lui pose ses questions. La Vierge lui répond alors : « Je suis la Reine du Ciel qui prie pour la conversion des pécheurs, et je désire que tu fasses comme moi ». « Tu as reçu la communion ce matin et c’est bien mais tu dois faire davantage. Fais une confession générale et offre la Communion pour la conversion des pécheurs. S’ils ne se convertissent pas et ne font pas pénitence, mon Fils se verra obligé de les punir ». Une des femmes qui se trouvaient avec Adèle lui demande à qui elle parle et pourquoi elles ne voient personne. « Agenouillez-vous », leur dit Adèle, « la dame dit qu’elle est la Reine du Ciel ».

La désignation de Marie comme « Reine du Ciel » (ou des Cieux) est symbolisée par sa couronne et sa robe étoilées. Ici est représentée la Vierge telle qu’elle apparaitra aux enfants de Pontmain

Devant cette scène, la Vierge pose son regard sur les amies de la jeune femme et dit : « Heureux ceux qui croient sans voir ». La Dame en blanc continue : « Que fais-tu ici à ne rien faire alors que tes amies travaillent dans la vigne de mon Fils ? ». « Que puis-je faire d’autre, ma bien aimée Dame ? », Demande Adèle. « Réunis les enfants de ce pays sauvage et apprends-leur ce qu’ils devraient savoir pour avoir la vie sauve ». « Comment puis-je leur apprendre ce que je connais si peu moi-même? », réplique Adèle. « Enseigne-leur le catéchisme, à faire le signe de la croix et à avoir recours aux sacrements ; tel est mon souhait », dit la dame. « Vas et ne crains rien. Je t’aiderai ». 

Messages de la Vierge  

La Vierge se présente comme la Reine du Ciel. Elle confirme sa mission à Adèle : prier pour la conversion des pécheurs. Elle demande à Adèle (et à nous) de faire plus que de communier : il nous faut travailler à la vigne du Seigneur (dont il est question dans la parabole de la vigne (Mt 20, 1-16a), c’est à dire se mettre à son service, collaborer à son œuvre, afin de recevoir notre salaire : la vie éternelle. Car « le patron » ne tolère pas que nous ne travaillions pas à ouvrir les portes du Royaume à tous nos semblables.

Jésus disait cette parabole : « Le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. » Mt20, 1-16a

Marie rappelle la parole de Jésus à Thomas qui voulait vérifier qu’il était bien ressuscité : « Heureux ceux qui croient sans voir ». Elle demande à Adèle de se faire catéchiste et d’inciter ses semblables à recourir aux sacrements, nous rappelant que c’est par les sacrements que l’Esprit de Dieu nous pénètre et travaille à notre perfection. Elle promet de nous apporter son  aide. Si les hommes « n’apprennent pas ce qu’ils devraient savoir », ils n’auront pas la vie sauve. 

The Incredulity of Saint Thomas by Caravaggio Par Caravage Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=136562

Autres Visions et/ou éléments supra-naturels

Parlons maintenant un peu des miracles qui accompagnèrent Adèle.  Tout d’abord, il faut savoir que lorsque « les Sœurs » ne savaient plus comment nourrir leurs pensionnaires le lendemain, Adèle les réunissait à la chapelle pour implorer le secours de Marie. Et chaque fois, le lendemain matin, elles trouvaient à leur porte les provisions nécessaires qu’un bienfaiteur avait laissées là pendant la nuit.  En 1871, le climat avait été si sec que les incendies furent nombreux et très destructeurs.

Ainsi, un jour, un très violent incendie ravagea la zone proche du lieu de l’apparition, le 8 octobre 1871. Tout fut brûlé, à l’exception de la chapelle en bois, de l’écoleet du couvent : c’est ce que l’on a appelé le grand feu de Peshtigo, dans le Wisconsin. En effet, une grande tempête qui débuta près de Peshtigo propagea un violent incendie à travers les bois et les villes. Il y aurait eu 2 000 victimes. Mais lorsque le feu menaça la chapelle, Adèle Brise refusa de partir et organisa une procession pour implorer la protection de Marie. Tout fut détruit alentour, mais le sanctuaire fut épargné ainsi que les personnes qui s’y étaient réfugiées. Notons que cet incendie qui dura plusieurs semaines détruisit environ 4900 KM2 de terres.

Il y eut beaucoup d’autres miracles rapportés par Mgr Ricken qui, après une enquête de deux ans, proclama, le 8 décembre 2010, les apparitions « dignes de foi. » De plus, la vie de Sœur Adèle était un témoignage convaincant, car, dit Mgr Ricken, « elle avait vraiment un esprit d’évangélisation, et elle avait vécu le message qu’elle avait reçu durant toute sa vie.  » et jusqu’à sa mort, le 5 juillet 1896. Tout ceci nous fait comprendre qu’en raison de son obéissance aux demandes de la Vierge Marie et de sa confiance en Dieu, Sœur Adèle est toujours un exemple remarquable pour tous les catéchistes et toutes les familles catholiques. 

Eléments conformes aux autres apparitions 

L’apparition sur la route dans un environnement campagnard. 

L’appel à recourir aux sacrements 

La menace de la punition 

La proposition de la Vierge d’apporter son secours et son aide

L’apparence de la Vierge 

Eléments spécifiques

La Dame avait disparu comme la première fois, laissant un peu de brouillard blanc derrière elle. Le 8 octobre 1871 un grand incendie ravage la région. C’est ce que l’on a appelé le grand feu de Peshtigo, dans le Wisconsin. Il y aurait eu 2 000 victimes. Tout fut brûlé, à l’exception de la chapelle en bois, de l’écoleet du couvent : lorsque le feu menaça la chapelle, Adèle Brise refusa de partir et organisa une procession pour implorer la protection de Marie. Tout fut détruit alentour, mais le sanctuaire fut épargné ainsi que les personnes qui s’y étaient réfugiées.L’apparition de Champion est la seule reconnue en Amérique du Nord. C’est la première fois où une voyante se voit clairement confier une mission d’apostolat débordant le cadre de la prière et de la pénitence. 

V- Reconnaissance et sanctuaires 

Reconnaissance

Le sanctuaire de Notre-Dame du Bon Secours à Champion est un lieu d’apparitions mariales qui a été approuvé officiellement au niveau diocésain. Le décret a été prononcé le 8 décembre 2010 par l’évêque du lieu, Mgr David Ricken : « Je déclare avec certitude morale et conformément aux normes de l’Église que le contenu des faits, des apparitions et des propos reçus par Adèle Brise en octobre 1859 sont de nature surnaturelle, et par la présente, approuve ces apparitions comme dignes de foi – bien que non obligatoires – pour les fidèles chrétiens ». Le sanctuaire de Notre-Dame du Bon Secours est le seul aux États-Unis où une apparition de la Vierge Marie a été approuvée officiellement.

Sanctuaire

Une chapelle est bâtie sur le lieu de l’apparition, à Champion (dans le Wisconsin) sous l’invocation de Notre Dame du Bon Secours (Our Lady of Good Help) 

Intérieur de l’église de Notre Dame du Bon secours à Champion
Source : site Notre histoire avec Marie

Le Vendredi 10 Décembre 2010, à Rome, au cours de la fête de l’Immaculée Conception, a été approuvé officiellement au niveau diocésain le culte des apparitions de la Vierge dans le Wisconsin, déclarée patronne des Etats Unis. Depuis 160 ans les pèlerinages se poursuivent au sanctuaire et attirent toujours de très nombreux fidèles. Le plus grand de ces pèlerinagesa lieu le 15 août.

Récapitulatif des 9 Apparitions mariales du 19 ème siècle

1830 : Rue du Bac, Paris, à Catherine Labouré

1842 : Rome, à Alphonse Ratisbonne

1846 : La Salette à Maximin Giraud et Mélanie Calvat

1858 : Lourdes, à Bernadette Soubirous

1859 : Champion (Wisconsin,Usa) à Adèle Brise

1871 : Pontmain (France) à Eugène Barbedette et son frère joseph

1876 : Pellevoisin

1879 : Knock (Irlande) 

1877 : Gietrzwald (Pologne) à Justyna Szafrynska et Barbara Samulowska

Soit une apparitiion tous les 5 ans, en moyenne. 

Avant  le 19ème : 

Tepeyac (Mexique) en 1531 (Notre Dame de Guadalupe) à Juan Diego Cuauhtlatoatzin. Le Laus (France), de 1664 à 1718, à Benoîte Rencurel.