Pellevoisin, 1876

Notre Dame de Pellevoisin en 1876, France

Notre-Dame de Pellevoisin est un vocable de la Vierge Marie telle qu’elle serait apparue à Estelle Faguette, jeune femme de 32 ans atteinte d’une maladie incurable, dans le village de Pellevoisin (Indre) à quinze reprises au cours de l’année 1876. Les apparitions portent essentiellement sur la prière et la dévotion au scapulaire du Sacré-Cœur.

La même année, Mgr de La Tour d’Auvergne, archevêque de Bourges autorise de placer une statue et de transformer en un petit oratoire privé le lieu des visions mais les apparitions en tant que telles n’ont jamais été reconnues.

Sanctuaire de Pellevoisin
Par Majella1851 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=63395469

Estelle Faguette est née le 12 septembre 1843 à Saint-Memmie (Marne) d’une famille extrêmement pauvre. Très attirée par les pauvres et les malades, elle entre en 1860 au noviciat des Augustines hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Paris. En 1863, une grave chute dans un escalier l’oblige à renoncer à la vie religieuse. En 1865, elle entre au service de la comtesse de La Rochefoucauld. Dès lors, elle suivit les allées et venues de ses employeurs, de Paris au château de Montbel, à 3 km de Pellevoisin..

Tout au long de 1876Notre-Dame de Pellevoisin apparaît quinze fois à Estelle Faguette, lui accorde la guérison et lui confie le scapulaire du Sacré-Cœur. Dès 1877, l’archevêque de Bourges autorise le culte public à Notre-Dame de Pellevoisin.

En 1875, Estelle Faguette, qui a 32 ans, est atteinte d’une péritonite chronique devenue tuberculeuse ayant atteint l’estomac et les poumons. Le 29 août 1875, le professeur Bucquoy, de la faculté de médecine de Paris, la déclare irrémédiablement perdue. Estelle écrit une lettre à la Vierge pour obtenir sa guérison et demande à une amie de la déposer à la petite réplique de la grotte de Notre-Dame de Lourdes que la famille de La Rochefoucauld a fait construire dans le parc du château de Montbel. L’état de santé d’Estelle devenant extrême, elle est ramenée auprès de ses parents dans une maison près de l’église de Pellevoisin. Le 14 février 1876, le médecin déclare qu’elle n’en a plus que pour quelques heures.

Le lundi 14 février 1876, Estelle est dans un état proche de la mort. Tout à coup Estelle aperçoit au pied de son lit la face grimaçante du diable, mais immédiatement Marie apparaît de l’autre côté du lit et dit au diable : « Que fais-tu là ? Ne vois-tu pas qu’elle porte ma livrée et celle de mon Fils ? » le diable disparaît et la Vierge se tourne vers Estelle en disant : « Ne crains rien, tu sais bien que tu es ma fille. Courage, prends patience, mon Fils va se laisser toucher. Tu souffriras encore cinq jours en l’honneur des cinq plaies de mon Fils. Samedi, tu seras morte ou guérie. Si mon Fils te rend la vie, je veux que tu publies ma gloire. »

Estelle demande comment faire et aussitôt, une plaque de marbre comme un ex-voto se dresse alors entre Marie et Estelle qui demande de nouveau : « Mais ma bonne Mère, où faudra-t-il le faire poser ? Est-ce à Notre-Dame des Victoires, à Paris ou à Pellevoi.. ? » L’apparition ne donne pas le temps d’achever le mot Pellevoisin. « À Notre-Dame des Victoires, ils ont bien assez de marques de ma puissance, alors qu’à Pellevoisin, il n’y a rien. Ils ont besoin de stimulant. » Estelle promet de faire ce qu’elle peut pour sa gloire. La vierge dit encore : « Courage, mais je veux que tu tiennes ta promesse. » 

Le 15 février, toujours la nuit, le diable se manifeste de nouveau mais la Vierge apparaît presque en même temps que lui et dit à Estelle : « N’aie donc pas peur, je suis là. Cette fois, mon Fils s’est laissé attendrir, il te laisse la vie. Tu seras guérie samedi. »

L’expression  » mon fils se laisse toucher » sera reprise par la Vierge lors de son Apparition aux enfants de Pontmain, en Mayenne ( France)

Estelle répond « Mais ma Bonne Mère, si j’avais le choix, j’aimerais mieux mourir pendant que je suis bien préparée. » Alors la Sainte Vierge dit en souriant : « Ingrate, si mon Fils te rend la vie, c’est que tu en as besoin. Qu’a-t-il donné à l’homme sur la terre de plus précieux que la vie ? En te rendant la vie, ne crois pas que tu seras exempte de souffrances ; non, tu souffriras et tu ne seras pas exempte de peines. C’est ce qui fait le mérite de la vie. Si mon fils s’est laissé toucher, c’est par ta grande résignation et ta patience. N’en perds pas le fruit par ton choix. Ne t’ai-je pas dit : S’il te rend la vie, tu publieras ma gloire ? Maintenant regardons le passé. » En disant cela son visage devient un peu plus triste, mais toujours doux puis elle disparaît sans rien dire.

Le mercredi matin 16 février, Estelle toujours malade, raconte à l’abbé Salmon qu’elle a reçu la visite de la Vierge et affirme qu’elle sera guérie le samedi suivant. Le curé ne la croit et pense que c’est la fièvre qui la trouble.

Nouvelle apparition de la Vierge pendant la nuit : « Allons, du courage mon enfant. Tout ceci est passé ; tu as, par ta résignation, racheté ces fautes. » puis « Je suis toute miséricordieuse et maîtresse de mon Fils. Ces quelques bonnes actions et quelques prières ferventes que tu m’as adressées ont touché mon cœur de mère, entre autres, cette petite lettre que tu m’as écrite, au mois de septembre. Ce qui m’a le plus touchée, c’est cette phrase : Voyez la douleur de mes parents, si je venais à leur manquer. Ils sont à la veille de mendier leur pain. Rappelez vous donc ce que vous avez souffert, quand Jésus votre fils fut étendu sur la Croix. J’ai montré cette lettre à mon fils ; tes parents ont besoin de toi. A l’avenir, tâche d’être fidèle. Ne perds pas les grâces qui te sont données, et publie ma gloire. »

Ex-voto dans l’église de Pellevoisin
Par Estelle Faguette — http://www.pellevoisin.net/sites/default/files/images/accueil_et_divers/thumb_ex_voto.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34713102

Le 18 février 1876, l’apparition reste silencieuse, Estelle se remémore les visions antérieurs ; avant de partir la Vierge lui dit : « Tu publieras ma gloire. Fais tous tes efforts. »

Le 19 février, la Vierge ne reste pas au pied du lit mais s’approche au milieu des rideaux du lit, la plaque de marbre est toujours là mais n’est plus tout blanche; aux quatre coins se trouvent des boutons de roses d’or et en haut, un cœur d’or enflammé avec une couronne de roses transpercé d’un glaive, selon la représentation classique du Cœur immaculé de Marie avec les mots : « J’ai invoqué Marie au plus fort de ma misère. Elle m’a obtenu de son Fils ma guérison entière. »

Estelle réitère sa volonté de publier la gloire de la Vierge qui lui répond : « Si tu veux me servir, sois simple et que tes actions répondent à tes paroles. » Estelle demande si elle doit changer de position (devenir religieuse) pour la servir. La vision répond : « On peut se sauver dans toutes les conditions. Où tu es, tu peux faire beaucoup de bien et tu peux publier ma gloire ». puis devenant plus triste : « Ce qui m’afflige le plus, c’est le manque de respect qu’on a pour mon Fils dans la sainte communion, et l’attitude de prière que l’on prend, quand l’esprit est occupé d’autres choses. Je dis ceci pour les personnes qui prétendent être pieuses. », puis reprenant son sourire « Publie ma gloire. Mais avant d’en parler, tu attendras l’avis de ton confesseur et directeur. Tu auras des embûches. On te traitera de visionnaire, d’exaltée, de folle. Ne fais pas attention à tout cela. Sois moi fidèle, je t’aiderai. »

A plusieurs reprises, durant ses apparitions, la Vierge regrette que beaucoup de personnes se contentent de prier « du bout des lèvres », en pensant à autre chose, et déplore également le fait de communier sans prendre conscience de l’importance de ce geste !

Dès que la vision est parti, Estelle souffre terriblement en particulier au cœur et au ventre, puis après un moment, tout se termine et se sent guérie, sauf du bras droit qui reste paralysé.

Des souffrances multiples affectent les voyants au cours des Apparitions. Estelle n’en est pas exempte.

Le curé arrive dès l’aube car il craint de ne plus la retrouver vivante et la trouve guérie ; sur son ordre, elle fait le signe de croix avec l’ancien bras paralysé. Elle annonce sa guérison aux religieuses qui entrent dans sa chambre et demande à manger.

Le samedi 1er juillet, elle est en prière dans la chambre mais contrairement aux précédentes visions, elle n’est pas dans son lit et voit la Vierge de la tête au pied. L’apparition est habillée de blanc avec la robe serrée à la taille par un cordon, elle a les bras tendus vers le bas et de ses mains tombe comme de la pluie. Elle reste un moment silencieuse en souriant avant de dire : « Du calme, mon enfant, patience, tu auras des peines, mais je suis là. » puis après un autre moment : « Courage, je reviendrai. » avant de disparaître.

« Les bras tendus vers le bas » est une posture fréquente chez la Vierge ; ici elle s’en sert pour faire tomber la pluie. Rue du Bac à Paris, sur la représentation qu’elle a demandé à Catherine Labouré de l’image miraculeuse, ses mains envoient des rayons, symbolisant les grâces qu’elle accorde aux personnes qui les lui demandent.

Le 2 juillet, Estelle est à genoux dans sa chambre et commence à réciter le Je vous salue Marie, elle n’a pas le temps d’achever sa prière que l’apparition est devant elle, comme la veille, elle a une sorte de pluie qui tombe des mains, mais dans le fond qui l’environne se trouve une guirlande de roses qui forme comme une mandorle* . Elle reste un moment comme cela puis croise les mains sur sa poitrine : « Tu as déjà publié ma gloire. Continue. Mon fils a aussi quelques âmes plus attachées. Son cœur a tant d’amour pour le mien qu’Il ne peut refuser mes demandes. Par moi il touchera les cœurs les plus endurcis. »

Le 25 Septembre 1983, à San Nicolas de Los Arroyos, en Argentine, Gladys Quiroga de Motta a vu des rosaires illuminés (couronnes de roses offertes à la vierge Marie). Apparition reconnue.

Le mot mandorle vient de l’italien mandorla qui signifie amande. Il désigne une figure en forme d’ovale ou d’amande dans laquelle s’inscrivent des personnages sacrés : le plus souvent le Christ, mais aussi la Vierge Marie ou les saints.

Puis Estelle se rappelle qu’elle a vu dans la vision du 16 février, comme du papier et demande ce qu’il faut en faire. Elle reçoit comme réponse « qu’il servira à publier ces récits comme l’ont jugé plusieurs de mes serviteurs. Il y aura bien des contradictions, ne crains rien, sois calme. » Ensuite la voyante veut lui demander une marque de sa puissance et celle-ci répond : « Est-ce que ta guérison n’est pas une des plus grandes preuves de ma puissance ? Je suis venue particulièrement pour la conversion des pécheurs. »

Pendant que la Vierge parlait, Estelle réfléchissait à différentes manières de faire éclater sa puissance et l’apparition répondit : « On verra plus tard. » Elle reste encore un moment puis disparaît, la guirlande de roses reste après elle et la clarté s’éteint doucement

Le 3 juillet, Estelle voit l’apparition de nuit qui lui dit : « Je voudrais que tu sois encore plus calme. Je ne t’ai pas fixé l’heure à laquelle je devais revenir, ni le jour. Tu as besoin de te reposer, je ne resterai que quelques minutes. Je suis venue pour terminer la fête. »

Estelle ne comprend pas de quelle fête il s’agit ; elle demande le lendemain au curé qui lui répond que c’était le couronnement de la statue de Notre-Dame de Lourdes. aux sanctuaires de Lourdes. Après le 8 juillet, Estelle cesse d’habiter dans la chambre des apparitions et reprend son service de domestique au château de Poiriers. Elle revient prier dans la chambre où elle a eu sa vision quand elle le peut.

Le 9 septembre, Estelle finit de réciter son chapelet dans la chambre quand la Vierge apparaît et lui dit : « Tu t’es privée de ma visite le 15 août ; tu n’avais pas assez de calme. Tu as bien le caractère du Français. Il veut tout savoir avant d’apprendre, et tout comprendre avant de savoir. Hier encore je serais venue ; tu en as été privée. J’attendais de toi cet acte de soumission et d’obéissance. »

Elle s’arrête de parler puis reprend : « Depuis longtemps les trésors de mon Fils sont ouverts. Qu’ils prient. » En disant ces mots, elle soulève une petite pièce de laine qu’elle porte sur la poitrine et Estelle aperçoit le Sacré-Cœur dessiné dessus et comprend qu’il s’agit d’un scapulaire. Elle dit en le soulevant : « J’aime cette dévotion. » Elle marque une pause puis reprend : « C’est ici que je serai honorée. » À partir de ce moment, la Vierge portera toujours le scapulaire dans les apparitions.

Détail du scapulaire du Sacré-Cœur
Par Michael Tav — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49918049

Etonnant, cette remarque de la Vierge, à propos du caractère des français. La Vierge  » connaît » bien les Français ; la France est le pays où elle s’est le plus manifestée.

Le choix du scapulaire signifiant l’amour et les souffrances du Christ constitue une constante dans les messages de la Vierge; en deux mots :  » Reprenez vous ! Car mon Fils a souffert et est mort pour vous et j’espère qu’il n’est pas mort pour rien ! »

L’appellation  » Notre Dame des douleurs » n’est pas usurpée car la Vierge, notamment à l’appui de sa revendication d’être reconnue comme co-rédemptrice à Amsterdam, invoque « sa » souffrance, avant, pendant et après la vie du Christ, comme une justification suffisante.

Le lendemain est le dimanche 10 septembrefête du Saint Nom de Marie, fixée à cette époque le dimanche pendant l’octave de la Nativité de Marie le 8 septembre. L’apparition ne dure que quelques instants, elle dit tout de suite en joignant ses mains : « Qu’ils prient, je leur en montre l’exemple » puis elle disparaît.

Prier, prier encore et toujours, est un leitmotiv constant venant à la bouche de la Vierge, au cours de ses apparitions.

Le 15 septembre, fête de Notre-Dame des Douleurs, l’apparition a toujours les bras tendus vers le bas avec de la pluie qui tombe de ses mains. Elle reste longtemps sans rien dire et avant de parler, tourne les yeux de tout les côtés et s’adresse enfin à la voyante : « Je te tiendrai compte des efforts que tu as faits pour avoir le calme. Ce n’est pas seulement pour toi que je le demande, mais aussi pour l’Église et pour la France. Dans l’Église, il n’y a pas ce calme que je désire. »

Rappelons nous que la Vierge est la « patronne » de l’Eglise; à ce titre, elle ne se prive pas de faire de nombreux commentaires y compris, parfois, très sévères !

Elle soupire et remue la tête, en disant : « Il y a quelque chose. » Elle s’arrête sans dire ce qu’il y avait, mais Estelle comprit tout de suite qu’il y avait quelque discorde. Puis elle reprit lentement : « Qu’ils prient et qu’ils aient confiance en moi. » Ensuite la Vierge dit tristement : « Et la France ! Que n’ai-je pas fait pour elle ! Que d’avertissements, et pourtant, encore, elle refuse d’entendre ! Je ne peux plus retenir mon fils. La France souffrira. »

Elle s’arrête un instant et reprend : « Courage et confiance. » puis comme Estelle pense intérieurement qu’on ne la croirait pas, l’apparition répond : « J’ai payé d’avance ; tant pis pour ceux qui ne voudront pas te croire, ils reconnaîtront plus tard la vérité de mes paroles. » 

Que signifie la Vierge par l’expression  » La France souffrira….Je ne peux plus retenir mon fils ! » Elle fait sans doute allusion à la guerre de 1870 qui opposera la France à l’Allemagne ; elle fera d’ailleurs une apparition à Pontmain en 1871, et conséquence ou circonstance, l’offensive allemande sur Laval aurait été stoppée.

Quant à la phrase :  » je ne peux retenir mon fils », elle sous-entend elle que la causalité des évènements de l’Histoire aurait un lien avec l’attitude d’un peuple à l’égard de Dieu ? Sans doute. Elle reprendra cette phrase lors de plusieurs apparitions.

Le Siège de Paris par Jean-Louis-Ernest Meissonier.
Par Ernest Meissonier — Histoire par l’Image, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6827618

Le 1er novembre, fête de la Toussaint, pour la première fois l’apparition reste silencieuse, regarde de tous côtés puis fixe la voyante avec beaucoup de bonté et s’en va. Le curé se demande si c’est un signe de la fin des apparitions.

Le dimanche 5 novembre, Estelle se rend dans la chambre vers deux heures et demie de l’après-midi pour dire son chapelet, lorsqu’elle a fini sa récitation, la Vierge apparaît et comme Estelle pense qu’elle est indigne et que d’autres mériteraient plus de telles faveurs, l’apparition la regarde et sourit en disant : « Je t’ai choisie. » Elle s’arrête un moment et reprend : « Je choisis les petits et les faibles pour ma gloire. » puis avec un nouveau temps d’arrêt : « Courage, le temps de tes épreuves va commencer. » Après ses mots, elle croise les mains sur sa poitrine et part.

Le  » choix » des petits et des faibles à qui elle apparaît est une constante forte des apparitions mariales. Des épreuves physiques leur sont souvent liées.

Le samedi 11 novembre, Estelle est dans la chapelle vers quatre heures de l’après-midi, elle dit son chapelet puis finit par un Souvenez-vous ; l’apparition se manifeste à ce moment et reste un bon moment sans parler puis dit : « Tu n’as pas perdu ton temps aujourd’hui. Tu as travaillé pour moi. » car Estelle avait fait un scapulaire. La Vierge sourit et ajoute : « Il faut en faire beaucoup d’autres. » Elle s’arrête assez longtemps et devient un peu triste en disant « Courage », puis part en croisant les mains sur sa poitrine.

L’image d’elle que donne la Vierge dans ses propos est celle d’une femme de caractère ; ce trait est constant dans les apparitions, bien loin de « l’image d’Epinal » que beaucoup de chrétiens se font d’elle : une femme soumise, timide et réservée !

Le 8 décembre, Estelle se rend à la chapelle après la messe de la fête de l’Immaculée Conception. La Vierge apparaît avec sa guirlande de roses comme au mois de juillet et reste sans rien dire comme les fois précédentes, puis commence à parler : « Ma fille, rappelle toi mes paroles. » Estelle se remémore tout ce qu’elle a entendu depuis février, et l’apparition continue : « Répète les souvent ; qu’elles te fortifient et te consolent dans tes épreuves. Tu ne me reverras plus. »

Estelle est attristée de cette parole et demande : « Qu’est ce que je vais devenir sans vous, ma bonne mère ? » et reçoit comme réponse : « Je serai invisiblement près de toi. » Estelle voit ensuite en vision comme des gens qui la menacent. En souriant la Vierge dit : « Tu n’as rien à craindre de ceux-ci. Je t’ai choisie pour publier ma gloire et répandre cette dévotion. » En disant cela, elle tient son scapulaire des deux mains. Estelle lui demande alors : « Ma bonne Mère, si vous vouliez me donner ce scapulaire ? » L’apparition lui dit en souriant : « Lève toi et baise le. » ce que la voyante s’empresse de faire.

Lorsque des voyants demandent à conserver un objet porté ou touché par la Vierge, elle refuse toujours. Sauf une fois ( de mémoire) à propos d’un foulard blanc.

La Vierge parle ensuite du scapulaire : « Tu iras toi-même trouver le prélat, et lui présenteras le modèle que tu as fait. Dis-lui qu’il t’aide de tout son pouvoir, et que rien ne me sera plus agréable que de voir cette livrée sur chacun de mes enfants, et qu’ils s’appliqueront tous à réparer les outrages que mon fils reçoit dans le sacrement de son amour. Vois les grâces que je répands sur ceux qui le porteront avec confiance et qui t’aideront à le propager. »

Les « outrages » dont parle la Vierge sont l’attitude des chrétiens au moment de la communion ( Eucharistie)

En disant cela, la Vierge étend les mains d’où il tombe une pluie abondante et dans chaque goutte, Estelle semble voir des mots comme piété, salut, confiance, conversion, santé. La vierge ajoute : « Ces grâces sont de mon Fils. Je les prends dans son Cœur. Il ne peut me refuser. » Alors Estelle lui dit : « Ma bonne Mère, que faudra-t-il mettre de l’autre côté de ce scapulaire ? » La sainte Vierge répond : « Je le réserve pour moi ; tu soumettras ma pensée, et l’Église décidera. »  puis continue « Courage« . Si le prélat ne pouvait t’accorder tes demandes et qu’il s’offre des difficultés, tu irais plus loin. Ne crains rien, je t’aiderai.” Ensuite l’apparition fait le demi-tour de la chambre et disparaît.

Marie se présente comme notre intercesseur auprès du Fils ; en la priant, Marie intervient auprès du Fils  » qui ne peut rien me refuser », pour obtenir des grâces de sa part. Rue du Bac, à Paris, à Catherine Labouré qui l’interrogeait à propos de rayons manquants, partant des mains de la Vierge en direction du monde, la Vierge répondit que  » c’étaient les grâces qu’on ne lui demandait pas ! »

Le 10 mai 1876Mgr de La Tour d’Auvergnearchevêque de Bourges autorise de placer une statue et de transformer la chambre d’Estelle en chapelle. Au printemps 1877, le pape Pie IX (18461878) approuve le projet d’une confrérie en l’honneur de Notre Dame de Pellevoisin. En 1893, les dominicaines construisent un couvent attenant à la maison des apparitions pour animer le sanctuaire.

Le 4 avril 1900, la congrégation des rites publie un décret approuvant le scapulaire du Sacré-Cœur. Le 22 décembre 1922, la congrégation des rites autorise une messe votive chaque 9 septembre à l’église du village et à la chapelle des apparitions dans le sanctuaire.

En 1983, Mgr Paul Vignancour, archevêque de Bourges, reconnaît le caractère miraculeux de la guérison d’Estelle, suite à une enquête médicale et théologique. En 1998, les dominicaines confient le sanctuaire aux sœurs contemplatives de la Communauté Saint-Jean, les frères de cette communauté assurent le service liturgique.

Les apparitions en tant que telles n’ont encore jamais été reconnues.

Jean Giraudoux qui a fréquenté l’école de Pellevoisin quand il était jeune, parle d’Estelle Faguette dans les Provinciales. Un musée « Giraudoux-Bernanos-Estelle Faguette » occupe la maison de Menou, où le père de Jean Giraudoux fut percepteur.

Hippolyte Jean Giraudoux est un écrivain et un diplomate français, né le 29 octobre 1882 à Bellac dans la Haute-Vienne et mort le 31 janvier 1944 (à 61 ans) à Paris.

Jean Giraudoux
Par Anonyme — http://archiv.ucl.cas.cz/index.php?path=RozAvn/2.1926-1927/16-17/189.png, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8982067

Brillant étudiant et soldat décoré pendant la Première Guerre mondiale, il occupe des fonctions diplomatiques et administratives tout en écrivant des romans (Suzanne et le Pacifique en 1921Siegfried et le Limousin en 1922) avant de se diriger vers le théâtre après sa rencontre avec le comédien Louis Jouvet qui mettra en scène et interprétera ses œuvres principales.

Il est aujourd’hui surtout connu pour son théâtre qui compte des pièces célèbres comme Amphitryon 38 (1929), La guerre de Troie n’aura pas lieu (1935), Électre (1937), Ondine (1939), ou encore La Folle de Chaillot jouée en 1945 après sa mort. Germanophile et diplomate de carrière, il est commissaire général à l’information en 1939-1940 et pendant l’Occupation sa situation est complexe et son rôle est contrasté.

Jean Giraudoux meurt à Paris le 31 janvier 1944, à l’âge de soixante et un ans, à la suite d’une intoxication alimentaire ou, selon une autre théorie, d’une inflammation du pancréas.

Georges Bernanos a voulu être enterré dans une tombe proche de celle d’Estelle Faguette.

Georges Bernanos est un écrivain français, né le 20 février 1888 dans le 9e arrondissement de Paris et mort le 5 juillet 1948 à Neuilly-sur-Seine.

Georges Bernanos passe sa jeunesse à Fressin, en Artois, et cette région du Pas-de-Calais constituera le décor de la plupart de ses romans. Il participe à la Première Guerre mondiale et y est plusieurs fois blessé, puis mène une vie matérielle difficile et instable en s’essayant à la littérature. Il obtient le succès avec ses romans Sous le soleil de Satan, en 1926, et Journal d’un curé de campagne, en 1936.

Georges Bernanos
Par Inconnu — http://www.citate-celebre-cogito.ro/20-februarie/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19674994

Dans ses œuvres, Georges Bernanos explore le combat spirituel du Bien et du Mal, en particulier à travers le personnage du prêtre catholique tendu vers le salut de l’âme de ses paroissiens perdus, ou encore par des personnages au destin tragique comme dans Nouvelle histoire de Mouchette.