1- TEPEYAC, 1531

Mexique 1531 Notre Dame de Guadalupe

I – Généralités 

Pays de l’apparition

Mexique

Site 

Le Tepeyac (appelé anciennement Tepeyacac et Tepeaquilla) est une colline située au nord de la ville de Mexico. Elle forme l’extrémité orientale de la chaîne montagneuse de la Sierra de Guadalupe, qui ferme la limite septentrionale de la vallée de Mexico. À l’époque précolombienne, il y avait au Tepeyac un petit oratoire dédié à Tonantzin et un petit village relié à Tenochtitlán par une chaussée qui traversait l’ancien lac Texcoco et rejoignait l’île principale à Tlatelolco. Le Tepeyac est célèbre pour avoir été, suivant la foi catholique, l’endroit où Notre-Dame de Guadalupe apparut à l’Indigène Juan Diego Cuauhtlatoatzin.

Au pied du coteau se trouve la basilique Notre-Dame de Guadalupe qui reçoit chaque année, et tout particulièrement le 12 décembre, des millions de pèlerins. Sur le haut de la colline, l’esplanade de la chapelle du Cerrito offre, par temps clair, l’une de la plus belle vue sur la vallée de Mexico. Le parc national El Tepeyac, qui comprend aussi une partie des collines de Santa Isabel et de Guerrero, couvre les flancs nord et ouest de la colline.

Désignation

Notre Dame de Guadalupe, patronne des Amériques (Guadalupe veut dire en langue aztèque celle qui écrase le serpent) 

Le contexte

En 1487, durant une longue cérémonie qui dura 4 jours lors de la consécration d’un nouveau temple à Tenochtitlan, quelque 80.000 captifs furent tués en sacrifice humain. Chaque année les Aztèques offraient au moins 20.000 hommes, femmes et enfants en sacrifice humain à leurs dieux féroces et assoiffés de sang. Francisco Hernández de Córdoba et Juan de Grijalva explorèrent les côtes méridionales du Mexique, respectivement en 1517 et 1518. Le conquistador Hernán Cortés envahit le pays sous bannière espagnole en 1519, après avoir débarqué à proximité de l’actuelle Veracruz.

Il baptisa de fait cette ville le long de la côte Villa Rica de la Vera Cruz. À cette époque, les Aztèquesétaient le groupe dominant dans la population locale. Ils prirent d’abord les conquistadors espagnols, conformément aux anciennes légendes toltèques, pour des envoyés des dieux. Pour cette raison, les Aztèques n’opposèrent initialement que peu de résistance à l’avance des conquistadors, mais plus tard, ils marquèrent leur opposition lorsqu’ils se rendirent compte qu’ils n’étaient pas les messagers divins d’abord admirés.

Après plusieurs batailles, au cours desquelles les armées espagnoles furent plusieurs fois proches de la défaite (notamment lors de la Noche Triste du 30 juin 1520), la capitale aztèque de Tenochtitlan fut attaquée par une alliance entre les Espagnols et les Tlaxcaltèques (les principaux ennemis des Aztèques), qui entamèrent le siège. Les Aztèques furent défaits en 1521 et leur capitale rasée. Moins de 20 ans plus tard, neuf millions d’habitants qui avaient professé pendant des siècles une religion polythéiste et prônant des sacrifices humains les plus cruels, sont convertis au christianisme.

On estime qu’avant l’arrivée des Européens, le Mexique central comptait 25 millions d’habitants. Il n’en restait plus qu’un million vers 1650. Les Espagnols étendirent rapidement leur domination au-delà des frontières de l’empire aztèque. Les Tarasques, effrayés par le sort des Aztèques, se soumirent sans combattre. En 1530, les Espagnols exécutèrent leur dernier souverain. Dans certaines régions, la conquête fut fragile. L’apparition eut lieu en, Décembre 1531.

II – Le voyant  

Par Hajor — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=130002

Juan Diego Cuauhtlatoatzin, né en 1474 et décédé le 30 mai 1548 à Mexico, est le premier chrétien amérindien déclaré saint par l’Église catholiqueCanonisé par le pape Jean-Paul II en 2002, il est liturgiquement commémoré le 9 décembre par l’Église dont la tradition en fait un Indien mexicain de la tribu des Nahuas qui aurait assisté en 1531 à l’apparition de la Vierge Marie sous la forme de la Vierge de Guadalupe. Selon la tradition, il est né en 1474 dans l’État de Mexico, à Cuautitlán, une ville aztèque à 20 km au nord de Tenochtitlan (aujourd’hui Mexico). Le nom donné à sa naissance – Cuauhtlatohuac – signifie « aigle parlant », en langue nahuatl. Lors de l’arrivée des conquistadors espagnols et de la chute de l’empire aztèque, il se convertit au catholicisme vers 1524 ou 1525 et prend le nom de Juan Diego.

Il se retire alors dans une mission catholique de frères franciscains à Tolpetlac. Juan Diego meurt à Mexico, le 30 mai 1548, à l’âge de 74 ans. Il est béatifié en 1990 et canonisé en 2002 par le pape Jean-Paul II. Aujourd’hui, Notre-Dame de Guadalupe est considérée comme la sainte patronne du Mexique et est toujours vénérée par de nombreux catholiques au Mexique et en Amérique latine. Le lieu des apparitions mariales est un centre de pèlerinage très fréquenté.

III – L’apparition (généralités) 

Date 

Le 12 décembre 1531

Nombre et Durée

Quatre fois à Juan Diego et une fois à son oncle Juan Bernardino. 

Emplacement des apparitions

Le Mexique, pays de l’apparition
Fontaine commémorative des apparitions de Tepeyac
L’auteur n’a pas pu être identifié automatiquement. Il est supposé qu’il s’agit de : Mnts (étant donné la revendication de droit d’auteur). « Travail personnel » supposé (étant donné la revendication de droit d’auteur)., CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=567266

Récit 

Lors d’une promenade le 12 décembre 1531, la Vierge Marie lui serait apparue sur la colline de Tepeyac, et lui aurait parlé en langue nahuatl. Elle lui aurait alors demandé de construire une église en ce lieu. Juan Diego va en parler à un évêque espagnol, Juan de Zumárraga, mais celui-ci ne le croit pas, et lui demande un signe probant de la demande mariale. La Vierge Marie apparaît alors une deuxième fois à Juan Diego et l’invite à aller cueillir les roses sur la colline (alors qu’on était en plein hiver). Juan Diego trouve les roses et les présente à l’évêque.

Lorsque celles-ci tombent de la tunique, une icône de la Vierge reste imprimée sur son tilma (vêtement de pauvre qualité fait à base de cactus qui aurait dû se détériorer en 20 ans).L’évêque est alors convaincu de l’authenticité de la démarche du religieux amérindien. En 2018, après 487 ans, il ne montre aucun signe de détérioration et défie toutes les explications scientifiques de son origine.  Apparemment, l’image reflète même dans ses yeux ce qui était en face d’elle en 1531. 

Traduction française du récit 

Dix ans après la prise de Mexico, la guerre prit fin et la paix régna parmi le peuple ; en ce temps là, en l’année quinze cent trente et un, dans les premiers jours du mois de décembre, vivait un pauvre Indien appelé Juan Diego, connu comme étant un natif de Cuautitlan. 

Première apparition 

Un samedi, tout juste avant l’aube, il était en route pour le culte divin et pour ses propres affaires. Lorsqu’il arriva au pied de la colline connu sous le nom de Tepeyacac, le jour parut et il entendit chanter sur la colline, comme un chant de différents beaux oiseaux. Occasionnellement la voix des chanteurs s’arrêtait et il semblait que l’écho répondit. Le chant, très doux et délicieux, était plus beau que celui du coyoltotol, du tzintizcan et d’autres beaux oiseaux. Juan Diego s’arrêta pour voir et se dit à lui-même : “Par chance, suis-je digne de ce que j’entends? Peut-être suis-je en train de rêver? Suis-je réveillé?

Où suis-je ? Peut-être suis-je dans ce paradis terrestre dont nous parlaient nos ancêtres? Peut-être suis-je maintenant au ciel?” Il regardait vers l’est, vers le haut de la colline d’où venait ce précieux chant céleste ; puis, subitement le chant s’arrêta et le silence régna. Il entendit alors une voix venant de la colline qui lui disait : “Juanito, Juan Dieguito” ; il s’aventura alors vers l’endroit où on l’appelait. Il n’était pas le moindrement effrayé ; au contraire, il jubilait.

Il grimpa alors la colline pour voir d’où on l’appelait. Quand il atteignit le sommet il vit une Dame qui s’y tenait debout et qui lui dit de s’avancer. S’approchant d’elle, il s’émerveilla de sa grandeur surhumaine ; ses vêtements brillaient comme le soleil ; la falaise sur laquelle reposaient ses pieds étincelait de lumière comme entourée d’un bracelet de pierres précieuses, et la terre resplendissait comme un arc en ciel. Les mezquites, nopales et autres mauvaises herbes qui poussent à cet endroit, paraissaient comme des émeraudes, leurs feuillages comme des turquoises, leurs branches et leurs épines brillaient comme de l’or. Il s’inclina devant elle et entendit sa parole, douce et courtoise, comme quelqu’un qui vous charme et vous enchante profondément.  Elle lui dit : “Juanito, le plus humble de mes fils, où vas-tu?” Il lui répondit : “Madame et enfant, je dois atteindre ton “église à Mexico, Tlatilolco, afin de poursuivre les choses divines qui nous sont enseignées et données par nos prêtres et nos délégués et Notre Seigneur. » 

Elle lui parla alors ainsi : « Sache et comprends bien, le plus humble de mes fils, que je suis la toujours vierge Sainte Marie, Mère du Vrai Dieu pour qui nous existons, du Créateur de toutes choses, Seigneur du ciel et de la terre. J’aimerais qu’une église soit érigée ici, rapidement, afin que je puisse vous montrer et vous donner mon amour, ma compassion, mon aide et ma protection, parce que je suis votre mère miséricordieuse, à vous, à tous les habitants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’invoquent et ont confiance en moi. J’écoute leurs lamentations et je remédie à leurs misères, leurs détresses et leurs peines.

Afin d’accomplir ce qu’exige ma clémence, va au palais de l’évêque de Mexico et tu lui diras que je manifeste un grand désir qu’ici, sur cette plaine, une église soit construite en mon honneur ; tu lui raconteras dans les moindres détails tout ce que tu as vu et admiré et ce que tu as entendu. Sois assuré que je te serai extrêmement reconnaissante et que je te récompenserai, parce que je te rendrai heureux et digne de récompense pour les efforts et la fatigue que tu vas endurer pour cette mission. Voilà, tu as entendu mes instructions, mon humble fils, va et fais tous tes efforts. » A cet instant, il s’inclina devant elle et dit : “ Madame, Je vais obéir à tes instructions ; maintenant je dois te quitter, moi, ton humble serviteur. » 

Deuxième apparition

Ayant pénétré dans la ville, il se rendit directement et sans délai, au palais épiscopal ou venait d’être nommé un nouveau prélat, le Père Juan de Zumarraga, un religieux Franciscain. A son arrivée, il essaya de le voir ; il plaida auprès des serviteurs afin qu’ils annoncent sa visite, et après une longue attente il fut informé que l’évêque avait ordonné de le faire entrer. En entrant, il s’inclina et s’agenouillant devant l’évêque, lui transmit le message de la Dame du ciel. Il lui raconta aussi tout ce qu’il avait admiré, vu et entendu. Après avoir écouté son bavardage et son message l’évêque trouva cela incroyable ;

il lui dit alors : ” Tu repartiras, mon fils et je t’écouterai à mon gré. Je reprendrai tout depuis le début et réfléchirai sur les voeux et les désirs pour lesquels tu es venu.” Il s’en alla et paraissait triste car le message n’avait pas été accompli sous toutes ses formes. Il rentra le même jour et revint directement au haut de la colline et rencontra la Dame du ciel qui l’attendait à la même place où il l’avait vue la première fois. La voyant, il se prosterna devant elle et lui dit : “Madame, la plus petite de mes filles, mon enfant, j’ai été là où tu m’as envoyé afin de me conformer à tes instructions. Avec beaucoup de difficultés j’ai pénétré dans le bureau du prélat. Je l’ai vu et lui a fait part de ton message, comme tu me l’avais commandé. 

Il m’a dit : “Tu reviendras et je t’entendrai à mon gré. Je reprendrai tout depuis le début et réfléchirai sur le voeu et le désir qui t’ont amené. ” J’ai parfaitement compris de par la façon dont il m’a répondu qu’il pensait que ton désir d’avoir une église qui te soit consacrée est une invention de ma part, et que ce n’est pas ton ordre, aussi je te supplie fortement, Madame, de confier l’accomplissement de ton message à quelqu’un d’important, de connu qui inspire le respect et l’estime, afin qu’on le croie ; parce que je ne suis rien, je suis une petite ficelle, une minuscule échelle, une queue, une feuille et toi, mon enfant, la plus petite de mes enfants, ma Dame, tu m’as envoyé à une place que je ne fréquente jamais ni ne m’y repose. Je t’en prie, pardonne moi ce grand désagrément et ne sois pas irritée, Madame. » 

La Vierge Marie répondit : ” Ecoute, ô le moindre de mes fils, tu dois comprendre que j’ai de nombreux serviteurs et messagers à qui je peux confier l’accomplissement de mon message et l’exécution de mon désir, mais c’est toi précisément que je sollicite et demande de m’aider afin que par ta médiation mon voeu soit accompli. Je t’implore ardemment, toi le moindre de mes fils, et avec fermeté je t’ordonne d’aller demain voir l’évêque. Tu y vas en mon nom et tu lui fais connaître mon vœu intégral selon lequel je lui demande de commencer la construction d’une église. Dis-lui aussi que c’est Moi, en personne, la toujours-vierge, Sainte Marie, Mère de Dieu qui t’ai envoyé”.

Juan Diego répondit : “Madame, mon enfant, je ne veux pas te faire de la peine. Joyeusement et de plein gré j’obéirai à tes instructions. Sous aucune condition je ne manquerai de le faire ; j’irai accomplir ton désir car non seulement le chemin est pénible mais peut-être que je ne serai pas écouté avec plaisir, ou si on m’écoute on ne me croira peut-être pas. Demain après-midi, au coucher du soleil, je reviendrai te porter la réponse de ton message au prélat. Je prends maintenant congé de toi, le plus petite de mes enfants, mon Enfant et Madame. » Il descendit alors afin de s’acquitter de sa tâche et prit l’allée qui mène tout droit à Mexico. 

Troisième apparition 

Le jour suivant, il quitta la maison avant l’aube, et prit le chemin de Tlatilolco, afin d’être instruit des choses divines et d’être présent à l’appel, après quoi il irait voir le prélat. Vers dix heures, rapidement, après avoir assisté à la Messe et avoir inscrit sa présence, il s’en alla quand la foule se fut dispersée. Sur l’heure Juan Diego se rendit au palais de l’évêque. A peine fut-il arrivé qu’il essaya ardemment de voir l’évêque. Après encore beaucoup de difficultés il parvint à le voir. Il s’agenouilla à ses pieds. Il s’attrista et pleura pendant qu’il exposait les instructions de la Dame du ciel, demandant à Dieu de lui accorder qu’on croie à son message et au voeu de l’Immaculée pour qu’un temple soit construit là où elle le voulait. 

L’évêque, afin de se rassurer, lui posa beaucoup de questions, lui demandant où il l’avait vue et comment elle était. Il décrivit le tout à la perfection à l’évêque. Malgré les explications précises de son apparence et de tout ce qu’il avait vu et admiré, qui, en soi, indiquait qu’elle était la toujours-vierge sainte Mère du Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ, il ne lui accorda néanmoins aucun crédit lui disant que pour sa requête il lui fallait faire ce qui lui était demandé mais de plus qu’un signe était nécessaire afin qu’il puisse croire qu’il était vraiment envoyé par une Dame du ciel. Juan Diego dit alors à l’évêque : 

Quatrième apparition

Il m’a reçu bienveillamment et m’a écouté attentivement mais sa réponse laissait entendre qu’il ne me croyait pas.  Repose-toi entre-temps”. Il s’en alla se reposer chez lui.  “Monseigneur, écoutez ! Quel doit être le signe que vous demandez? Car j’irai le demander à la Dame du ciel qui m’a envoyé vers vous.” L’évêque voyant qu’il acceptait sans aucun doute et ne se rétractait pas, le renvoya. Il ordonna immédiatement à quelques personnes de son entourage, en qui il pouvait avoir confiance, de le suivre et de surveiller où il allait, qui il voyait et avec qui il parlait. Ceux qui le suivirent le perdirent de vue alors qu’il traversait la ravine près du pont de Tepeyac. Ils cherchèrent partout mais ne purent le retrouver.

Ils revinrent donc non seulement parce qu’ils étaient fatigués mais aussi parce que leurs desseins avaient été déjoués, et cela les avait mis en colère. Et c’est ce qu’ils racontèrent à l’évêque. Pour l’influencer afin qu’il ne crut pas en Juan Diego, ils dirent à l’évêque que Juan Diego le trompait et inventait ce qu’il racontait ou qu’il avait seulement rêvé ce qu’il racontait.  Finalement ils s’arrangèrent pour que, si jamais il retournait, il fût retenu et durement puni afin qu’il cessât de mentir et de tromper. Entre temps, Juan Diego était avec la Bienheureuse Vierge lui rapportant la réponse de Monseigneur l’évêque. 

La Dame, après l’avoir écouté, lui dit : ”Très bien, mon petit, tu repartiras là-bas demain afin de porter à l’évêque le signe qu’il a demandé. Avec cela il te croira et dans son regard il n’y aura ni doute ni soupçon. Et sache, mon petit, que je te récompenserai pour ta sollicitude, tes efforts et ta fatigue à mon égard. Je t’attendrai ici demain.” C’est le jour suivant, un lundi, que Juan Diego devait porter un signe pour qu’on le croie, mais il n’y revint pas parce que, en rentrant chez lui, son oncle, Juan Bernardo, était tombé malade et son état était grave. Il appela d’abord un docteur qui l’aida mais c’était trop tard, son état empirait. A la tombée de la nuit son oncle lui demanda d’aller à l’aube à Tlatilolco et de ramener un prêtre pour le préparer et entendre sa confession, car il était certain qu’il allait mourir et qu’il ne se lèverait plus ni ne guérirait. 

Le mardi, avant l’aube, Juan Diego partit de sa maison pour Tlatilolco pour ramener un prêtre et comme il s’approchait de la route qui rejoint la pente qui mène au sommet de la colline de Tepeyac, vers l’ouest, et où il avait l’habitude de traverser la route, il se dit : “ Si je continue ce chemin, la Dame va sûrement me voir, et je pourrais être retenu afin que je puisse porter le signe au prélat comme convenu ; mais mon premier souci est d’aller rapidement appeler un prêtre car mon oncle l’attend certainement”. Il fit donc le tour de la colline afin qu’il ne puisse être vu par elle qui voit bien partout. Il la vit descendre du haut de la colline et regarder vers là où ils s’étaient  rencontrés précédemment. 

Elle s’approcha de lui au bas de la colline et lui dit” : “Qu’y a-t-il, le moindre de mes fils? Où vas-tu? ” Il s’inclina devant elle et la salua, disant :” Mon enfant, la plus tendre de mes filles, Madame, que Dieu veuille que tu sois satisfaite. Comment vas-tu ce matin? Est-ce que ta santé est bonne, Madame et mon enfant? Je vais te faire de la peine. Sache, mon enfant, qu’un des tes serviteurs, mon oncle, est très malade.

Il a attrapé la peste et est sur le point de mourir. Je dois me hâter vers ta maison à Mexico afin d’appeler un de tes prêtres, aimé de Dieu, pour qu’il entende sa confession et lui donne l’absolution car, depuis notre naissance, nous sommes venus au monde pour nous préserver des oeuvres de la mort. Mais si je pars, je reviendrai ici rapidement afin d’aller porter ton message. Madame, mon Enfant, pardonne moi, sois patiente avec moi pour le moment. Je ne te décevrai pas, la plus petite des mes filles. Demain je viendrai en toute hâte. » 

Après avoir écouté les paroles de Juan Diego, la Très Sainte Vierge répondit : « Ecoute moi et comprends bien, le moindre de mes fils, rien ne doit t’effrayer ou te peiner. Que ton coeur ne soit pas troublé. N’aies pas peur de cette maladie, ni d’aucune autre maladie ou angoisse. Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère? N’es-tu pas sous ma protection? Ne suis-je pas ta santé? Ne reposes-tu pas heureux en mon sein? 

Que désires-tu de plus? Ne sois pas malheureux ou troublé par quoi que ce soit. Ne sois pas affligé par la maladie de ton oncle, il n’en mourra pas. Sois assuré qu’il est maintenant guéri. » Et à ce moment son oncle fut guéri comme il devait l’apprendre par la suite. Quand Juan Diego entendit ces mots de la Dame du ciel, il était grandement consolé. Il était heureux. Il la supplia de l’excuser afin qu’il aille voir l’évêque et lui porter le signe ou la preuve afin qu’on le croie. La Dame du ciel lui ordonna de grimper au haut de la colline où ils s’étaient précédemment rencontrés. 

Elle lui dit : « Grimpe, ô le moindre de mes fils jusqu’au haut de la colline ; là où tu m’as vue et où je t’ai donné des instructions, tu verras différentes fleurs. Coupe-les, cueille-les, rassemble-les et puis viens les porter devant moi. »Juan Diego grimpa sur la colline immédiatement, et comme il atteignait le sommet il fut stupéfait de voir qu’une telle variété de merveilleux rosiers de Castille était en floraison bien avant la saison où les roses devraient bourgeonner, car hors de saison elles gèleraient. Elles étaient parfumées et recouvertes des gouttes de rosée de la nuit qui ressemblaient à des perles précieuses. 

Il commença immédiatement à les cueillir. Il les assembla et les plaça dans son tilma. Le haut de la colline n’était pas une place où pourrait fleurir n’importe quelle fleur car il y avait beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites. Occasionnellement, de l’herbe poussait mais c’était au mois de décembre quand la végétation n’était pas gelée. Il descendit la colline immédiatement et porta les différentes roses qu’il avait cueillies à la Dame du ciel qui, en les voyant les prit entre ses mains et les plaça à nouveau dans son tilma, lui disant : « ô toi, le moindre de mes fils, cette variété de roses est une preuve et un signe que tu porteras à l’évêque. 

Tu lui diras en mon nom qu’il y verra là mon voeu et qu’il doit s’y conformer. Tu es mon ambassadeur, le plus digne de ma confiance. Je te l’ordonne rigoureusement de ne déplier ton manteau qu’en présence de l’évêque et de lui montrer ce que tu portes. Tu lui raconteras bien tout ; tu lui diras que je t’ai ordonné de grimper au haut de la colline et de cueillir les fleurs ; et aussi tout ce que tu as vu et admiré afin que tu puisses persuader le prélat d’accorder son soutien à ma demande qu’une église soit construite.”Après les conseils de la Dame du ciel, il prit le chemin qui mène directement à Mexico, heureux et sûr du succès, portant avec beaucoup de précaution le contenu de son tilma afin que rien ne s’échappe de ses mains et s’enivrant du parfum de cette variété de belles fleurs. 

Le miracle 

La Vierge de Guadalupe imprimée miraculeusement sur le Tilda de
Juan Diego Cuauhtlatoatzin,
Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1436070

Quand il arriva au palais épiscopal, le majordome vint à sa rencontre ainsi que d’autres serviteurs du prélat. Il les supplia de dire à l’évêque qu’il voulait le voir, mais personne ne voulait le faire ; ils faisaient semblant de ne pas l’entendre, probablement parce qu’il était trop tôt ou parce qu’ils le connaissaient comme étant un importun et qu’il les harcelait ; de plus, leurs collègues leur avaient raconté qu’ils l’avaient perdu de vue quand ils l’avaient suivi. Il attendit longtemps. Quand ils virent qu’il avait attendu longtemps, debout, abattu, ne faisant rien, attendant d’être appelé et paraissant avoir quelque chose dans son tilma, ils s’approchèrent de lui afin de savoir ce qu’il portait. 

Juan Diego voyant qu’il ne pouvait cacher ce qu’il portait et sachant qu’il serait molesté, bousculé, lacéré, ouvrit un peu son tilma là où se trouvaient les fleurs. En voyant cette variété de roses de Castille hors saison, ils furent complètement stupéfaits parce qu’elles étaient si fraîches, en pleine floraison, si parfumées et si belles. Ils essayèrent de s’en emparer et d’en tirer quelques unes mais ne réussirent à aucune des trois fois qu’ils osèrent le faire. Ils ne réussirent pas parce qu’à chaque fois qu’ils essayaient de les prendre, ils ne purent voir les fleurs réelles. A la place elles paraissaient peintes, imprimées ou cousues sur la toile. 

Ils allèrent alors dire à l’évêque ce qu’ils avaient vu, l’informant que l’Indien qui était venu à plusieurs reprises voulait le voir et qu’il avait sûrement une raison pour l’avoir attendu avec anxiété si longtemps et être si désireux de le voir. En entendant cela l’évêque comprit qu’il avait apporté la preuve pour confirmer ses dires afin qu’il se conformât à la requête de l’Indien. Il ordonna de le faire entrer immédiatement. 

Dès son entrée Juan Diego s’agenouilla devant lui comme à l’accoutumée et raconta à nouveau ce qu’il avait vu et admiré ainsi que le message. Il lui dit : ” Monseigneur, j’ai fait ce que tu as commandé, je suis allé dire à mon Ama, ma Dame du ciel, Sainte Marie, précieuse Mère de Dieu que tu as demandé un signe et une preuve afin que tu puisses croire qu’il faut construire une église là où elle l’a demandé ; je lui ai aussi dit que je t’avais donné ma parole que je rapporterais un signe et une preuve de son désir comme tu l’as demandé. Elle se montra sensible et agréa à ta requête. Tôt ce matin elle m’a envoyé te voir à nouveau ; je lui demandais une fois encore le signe afin que tu puisses me croire et elle me dit qu’elle me le donnerait et elle s’y conforma. 

Elle m’envoya au haut de la colline, là où j’avais l’habitude de la voir, pour cueillir une variété de roses de Castille. Après les avoir cueillies je les lui ai portées, elle les a prises de sa main et les a placées dans mon vêtement afin que je te les porte et te les donne en personne. Même si je savais que le haut de la colline n’était pas un endroit où pousseraient des fleurs car il y a beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites, j’avais encore des doutes. Quand je me suis approché du haut de la colline, je vis que j’étais au paradis où il y avait une variété d’exquises roses de Castille, couvertes de brillante rosée et je les ai cueillies immédiatement. Elle m’a dit que je devais te les porter et je me suis exécuté afin que tu puisses voir en elles le signe que tu m’as demandé et te conformer à son vœu ;

Voilà. Reçois les.” Il déplia son vêtement blanc où il avait mis les fleurs et quand toutes les différentes variétés de roses de Castille tombèrent à terre apparut soudain le dessin de la précieuse imagede la toujours vierge Sainte Marie, Mère de Dieu, comme on la voit aujourd’hui dans l’église de Tepeyac, nommé Guadalupe. 

Gros plan de l’image de la Vierge imprimée sur le Tilda de Juan Diego

Quand l’évêque vit l’image, lui et tous ceux présents tombèrent à genoux. On l’admira beaucoup. Ils se levèrent pour la voir, ils tremblèrent et, avec tristesse, ils démontrèrent qu’ils la contemplaient avec leur coeur et leur esprit. L’évêque, avec des larmes de tristesse, pria et implora son pardon pour n’avoir pas accompli son voeu et sa requête. Quand il se releva, il détacha du cou de Juan Diego le vêtement sur lequel apparaissait l’Image de la Dame du ciel. Il le prit et le plaça dans sa chapelle. Juan Diego demeura un jour supplémentaire à l’évêché à la requête de l’évêque. Le jour suivant l’évêque lui dit: « Montre nous où la Dame du ciel désire qu’une église soit construite” Et il invita immédiatement tous ceux présents à s’y rendre. 

IV – Analyse des apparitions 

Apparence de la Vierge 

Quand il atteignit le sommet il vit une Dame. S’approchant d’elle, il s’émerveilla de sa grandeur surhumaine ; ses vêtements brillaient comme le soleil ; la falaise sur laquelle reposaient ses pieds étincelait de lumière comme entourée d’un bracelet de pierres précieuses, et la terre resplendissait comme un arc en ciel. Les mezquites, nopales et autres mauvaises herbes qui poussent à cet endroit, paraissaient comme des émeraudes, leurs feuillages comme des turquoises, leurs branches et leurs épines brillaient comme de l’or. Il s’inclina devant elle et entendit sa parole, douce et courtoise, comme quelqu’un qui vous charme et vous enchante profondément.  « Un grand signe apparut dans le ciel : une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et, sur la tête, une couronne de douze étoiles. » (Apocalypse 12,1-2 )

Attitudes de la Vierge

Quand il atteignit le sommet il vit une Dame qui s’y tenait debout et qui lui dit de s’avancer. Il descendit la colline immédiatement et porta les différentes roses qu’il avait cueillies à la Dame du ciel qui, en les voyant les prit entre ses mains et les plaça à nouveau dans son tilma. 

Paroles de la Vierge

Elle lui dit : “Juanito, le plus humble de mes fils, où vas-tu?” Elle lui parla alors ainsi : « Sache et comprends bien, le plus humble de mes fils, que je suis la toujours vierge Sainte Marie, Mère du Vrai Dieu pour qui nous existons, du Créateur de toutes choses, Seigneur du ciel et de la terre. J’aimerais qu’une église soit érigée ici, rapidement, afin que je puisse vous montrer et vous donner mon amour, ma compassion, mon aide et ma protection, parce que je suis votre mère miséricordieuse, à vous, à tous les habitants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’invoquent et ont confiance en moi. J’écoute leurs lamentations et je remédie à leurs misères, leurs détresses et leurs peines.

Afin d’accomplir ce qu’exige ma clémence, va au palais de l’évêque de Mexico et tu lui diras que je manifeste un grand désir qu’ici, sur cette plaine, une église soit construite en mon honneur; tu lui raconteras dans les moindres détails tout ce que tu as vu et admiré et ce que tu as entendu. Sois assuré que je te serai extrêmement reconnaissante et que je te récompenserai, parce que je te rendrai heureux et digne de récompense pour les efforts et la fatigue que tu vas endurer pour cette mission. Voilà, tu as entendu mes instructions, mon humble fils, va et fais tous tes efforts. »

Après avoir entendu Juanito raconter son entrevue avec l’évêque pour lui faire part de la demande de la Vierge de construire une église,  la Vierge Marie répondit : ” Ecoute, ô le moindre de mes fils, tu dois comprendre que j’ai de nombreux serviteurs et messagers à qui je peux confier l’accomplissement de mon message et l’exécution de mon désir, mais c’est toi précisément que je sollicite et demande de m’aider afin que par ta médiation mon voeu soit accompli. Je t’implore ardemment, toi le moindre de mes fils, et avec fermeté je t’ordonne d’aller demain voir l’évêque. Tu y vas en mon nom et tu lui fais connaître mon vœu intégral selon lequel je lui demande de commencer la construction d’une église. Dis-lui aussi que c’est Moi, en personne, la toujours-vierge, Sainte Marie, Mère de Dieu qui t’ai envoyé”.

Une nouvelle fois, Juan Diego rapporta à la Vierge la demande de l’évêque de lui donner un signe. La Dame, après l’avoir écouté, lui dit : « Très bien, mon petit, tu repartiras là-bas demain afin de porter à l’évêque le signe qu’il a demandé. Avec cela il te croira et dans son regard il n’y aura ni doute ni soupçon. Et sache, mon petit, que je te récompenserai pour ta sollicitude, tes efforts et ta fatigue à mon égard. Je t’attendrai ici demain.” Après avoir écouté les paroles de Juan Diego courant chercher un prêtre pour donner le dernier sacrement à son oncle mourant, la Très Sainte Vierge lui apparut et dit : « Ecoute moi et comprends bien, le moindre de mes fils, rien ne doit t’effrayer ou te peiner. Que ton coeur ne soit pas troublé. N’aies pas peur de cette maladie, ni d’aucune autre maladie ou angoisse. Ne suis-je pas là, moi qui suis ta mère? N’es-tu pas sous ma protection? Ne suis-je pas ta santé? Ne reposes-tu pas heureux en mon sein? 

Que désires-tu de plus? Ne sois pas malheureux ou troublé par quoi que ce soit. Ne sois affligé pas la maladie de ton oncle, il n’en mourra pas. Sois assuré qu’il est maintenant guéri. »La Dame du ciel lui ordonna alors de grimper au haut de la colline où ils s’étaient précédemment rencontrés. Elle lui dit : « Grimpe, ô le moindre de mes fils jusqu’au haut de la colline ; là où tu m’as vue et où je t’ai donné des instructions, tu verras différentes fleurs. Coupe-les, cueille-les, rassemble-les et puis viens les porter devant moi. »Il descendit la colline immédiatement et porta les différentes roses qu’il avait cueillies à la Dame du ciel qui, en les voyant les prit entre ses mains et les plaça à nouveau dans son tilma, lui disant : « ô toi, le moindre de mes fils, cette variété de roses est une preuve et un signe que tu porteras à l’évêque. Tu lui diras en mon nom qu’il y verra là mon voeu et qu’il doit s’y conformer. 

Tu es mon ambassadeur, le plus digne de ma confiance. Je te l’ordonne rigoureusement de ne déplier ton manteau qu’en présence de l’évêque et de lui montrer ce que tu portes. Tu lui raconteras bien tout; tu lui diras que je t’ai ordonné de grimper au haut de la colline et de cueillir les fleurs; et aussi tout ce que tu as vu et admiré afin que tu puisses persuader le prélat d’accorder son soutien à ma demande qu’une église soit construite.”

Messages de la Vierge  

  • Marie se déclare mère aimante, attentive à nos peines. « …parce que je suis votre mère miséricordieuse, à vous, à tous les habitants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’invoquent et ont confiance en moi. J’écoute leurs lamentations et je remédie à leurs misères, leurs détresses et leurs peines. » 
  • Elle souhaite que soit édifié un lieu de prière, lieu « d’échange d‘amour réciproque » avec « nous ». « Afin d’accomplir ce qu’exige ma clémence, va au palais de l’évêque de Mexico et tu lui diras que je manifeste un grand désir qu’ici, sur cette plaine, une église soit construite en mon honneur afin que je puisse vous montrer et vous donner mon amour.»
  • Marie a choisi « un petit » pour porter sa demande de construction d’une église. « Tu dois comprendre que j’ai de nombreux serviteurs et messagers à qui je peux confier l’accomplissement de mon message et l’exécution de mon désir, mais c’est toi précisément que je sollicite et demande de m’aider afin que par ta médiation mon voeu soit accompli. »
  • Marie insiste sur « sa » Virginité (qui lui est parfois contestée) : « Dis-lui aussi que c’est Moi, en personne, la toujours-vierge, Sainte Marie, Mère de Dieu qui t’ai envoyé”…Il devrait lui révéler ce qu’il avait vu et lui expliquer de quelle façon elle l’avait guéri miraculeusement et elle voulait être appelée « La toujours vierge Sainte Marie de Guadalupe »

Autres Visions ou phénomènes para normaux

Après que Juan Diego eut montré l’endroit où la dame du ciel voulait que son église soit construite, il demanda la permission de prendre congé. Il voulait rentrer chez lui pour voir son oncle Juan Bernardino qui était gravement malade quand il l’avait quitté pour aller à Tlatilolco, appeler un prêtre afin d’entendre sa confession et lui donner l’absolution. La Dame du ciel lui avait dit que son oncle était guéri. Mais ils ne le laissèrent pas partir seul et l’accompagnèrent jusqu’à chez lui. Comme ils arrivèrent, ils virent que son oncle était heureux et en bonne santé.

Il était très stupéfait de voir son neveu ainsi accompagné et honoré, et demandait la raison d’un tel honneur. Son neveu répondit que lorsqu’il partit chercher le prêtre pour entendre sa confession et lui donner l’absolution, la Dame du ciel lui apparut à Tepeyac lui disant de ne pas être triste, que son oncle allait bien, ce qui l’a consolé. Elle l’a envoyé à Mexico voir l’évêque afin que ce dernier lui construise une maison à Tepeyac. L’oncle témoigna de ce que c’était vrai qu’à cette occasion il fut guéri et qu’il l’avait vue de la même manière que son neveu, apprenant d’elle qu’elle l’avait envoyé à Mexico pour voir l’évêque. La Dame lui dit aussi que, lorsqu’il irait voir l’évêque, il devrait lui révéler ce qu’il avait vu et lui expliquer de quelle façon elle l’avait guéri miraculeusement et elle voulait être appelée « La toujours vierge Sainte Marie de Guadalupe »et que son image bénie soit aussi ainsi connue.

Juan Bernardino fut conduit en la présence de l’évêque afin qu’il l’en informe et lui donne un témoignage.  Son neveu et lui furent les invités de l’évêque chez lui jusqu’à ce que l’église consacrée à la Reine de Tepeyac soit construite là où Juan Diego l’avait vue. L’évêque transféra l’image sacrée de la belle dame du ciel de sa chapelle privée à l’église principale afin que tout le peuple puisse voir l’image bénie et l’admire. La cité tout entière était sous le coup d’une grande émotion. Tous vinrent la voir, admirer l’image pieuse et prier. Ils s’émerveillèrent de son apparition dans ce divin miracle car aucune personne humaine de ce monde n’avait peint cette image précieuse. 

Eléments conformes aux autres apparitions 

  • La demande de construction d’une église
  • Marie s’adresse à un « petit », un indien très pauvre et très religieux. 
  • Les évènements miraculeux : l’impression des fleurs sur le Tilma de Juan Diego et sa non altération à l’usure du temps ; 
  • Les fleurs qui s’épanouissent en décembre. 
  • La guérison de l’oncle. 
  • La Vierge apparaît sur une colline. 
  • Ses vêtements brillent comme le soleil. 

Eléments spécifiques

Marie laisse une trace ineffaçable de son passage : son image imprimée sur le maillot de corps de Diego ; événement rare dans les apparitions. Les seules autres traces persistantes connues sont la présence d’une source dont on ne sait si elle a été seulement « découverte » par la voyante ou due à l’intervention de la Vierge.  

V – Reconnaissance et sanctuaires

Reconnaissance

Les plus importants documents approuvés par l’Église Catholique lors du procès en canonisation de Juan Diego sont : le Nican mopohua, le récit des apparitions écrit en náhuatl, la langue parlée par les indiens de la vallée de l’Anahuac (Mexico) écrit vers 1545-1548 par Antonio Valeriano (en). Élève brillant du Collège de Santa Cruz de Tlatelolco, où il apprit l’espagnol et le latin, il fut nommé professeur à 21 ans, puis vice-recteur du collège et informateur de l’historien Fray Bernardino de Sahagún. Son texte fut publié pour la première fois en 1649.

Une des copies originales de l’époque de ce très précieux document se trouve à la Bibliothèque Publique de New York, et a fait l’objet d’une multitude d’études par un grand nombre d’historiens. Ce sont aussi les témoignages recueillis lors des informations juridiques de 1666 (en).Le livre-dossier (El encuentro de la Virgen de Guadalupe y Juan Diego) dont les auteurs, Fidel González Fernández, Eduardo Chávez Sánchez et José Luis Guerrero Rosado, postulateurs pour la cause de Juan Diego, nous présentent les événements vécus par le Mexique au XVI e siècle, est le fruit des années de longues recherches dans le but de démontrer historiquement la vérité sur la vie de Juan Diego,.

Le Pape Jean-Paul II déclare Juan Diego bienheureux le 9 avril 1990 et le canonise le 31 juillet 2002 à l’occasion de son voyage au Mexique, malgré la réticence d’une partie du clergé mexicain (notamment de l’évêque Guillermo Schulenburg (en) de la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe de Mexico) qui considère que l’existence historique du nouveau saint est infondée. Le secrétaire de la conférence des évêques mexicains déclara même alors : « Juan Diego Cuauhtlatoatzin a-t-il existé ou pas? A-t-il fait des miracles? L’important, c’est que notre peuple mexicain croit en la vierge de Guadalupe. C’est peut-être cela le plus grand des miracles ! »

Juan Diego devient ainsi le premier saint amérindien de l’Église catholique, fêté le 12 décembre, et cette canonisation augmente la popularité de la Vierge de Guadalupe dont l’image est omniprésente dans les foyers, les taxis, commerces et lieux publics du Mexique. Le maire de la municipalité indienne de Tatahuicapan, peu favorable à la démarche religieuse, a senti le besoin de préciser : « la canonisation de JDC n’a rien à voir avec la reconnaissance de nos droits et de notre culture. Pour le gouvernement, ce n’est que de la publicité. »

Eléments de controverse

L’historicité de Juan Diego soulève un débat historiographique car aucune mention historique concernant ce personnage ne remonte avant 1648 (date à laquelle le prêtre Miguel Sánchez écrit dans son ouvrage théologique « Imagen de la Virgen María » quelques phrases sur la vie de Juan Diego dans un ermitage, depuis ses apparitions jusqu’à sa mort et les documents sont le plus souvent de seconde main. De nombreux historiens restent sceptiques quant à l’existence de Juan Diego. 

Le sanctuaire 

Chaque année, une foule, estimée à dix millions de personnes, la visite faisant de l’église de la Cité de Mexico, le sanctuaire catholique le plus populaire dans le monde après le Vatican. Sa Sainteté le Pape Jean Paul II visita par deux fois le sanctuaire, se prosterna devant l’image, implora son assistance maternelle et l’invoqua comme la Mère des Amériques. Tout récit sur les apparitions de Notre Dame de Guadalupe est inspiré du Nican Mopohua, ou Huei Tlamahuitzoltica, écrit en Hahuatl, la langue Aztèque, par l’écrivain Indien Antonio Valeriano autour de la moitié du XVIe siècle.  Une église (Notre-Dame de Guadalupe) est édifiée, et cette vision mystique de Juan Diego favorise le mouvement de conversions religieuses au catholicisme, encouragé par les missionnaires espagnols.

Nouvelle cathédrale Notre Dame de Guadalupe à Mexico
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CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=97761

La basilique Notre-Dame-de-Guadalupe est une basilique catholique consacrée à la Vierge de Guadalupe, située sur la colline de Tepeyac, dans la delegación Gustavo A. Madero de Mexico.15 à 20 millions de pèlerins se rendent tous les ans à la Basilique Notre-Dame de Guadalupe de Mexico (dont près de la moitié les jours précédant le 12 décembre, fête de la Vierge de Guadalupe), ce qui en fait le monument catholique le plus visité avec la cathédrale Notre-Dame de Paris et après la cité du Vatican. Elle expose la tunique de Juan Diego Cuauhtlatoatzin où s’est imprimée l’image de la Vierge Marie, à la suite de son apparition à ce berger.

L’intérieur de la basilique Notre dame de Guadalupe
Par Joaquín Martínez Rosado — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6941622